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Les Chroniques

Le théâtre est dans le pré (2) (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 08 Septembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED, Théâtre


Le Collectif artistique Le Lieu-Dit, après Puissance de la Douceur, spectacle donné en ouverture du « micro-festival post confinement », a donné carte blanche à Vanessa Amaral (membre du collectif) et à Gabriela Alarcon-Fuentes, pour rêver, penser le mot sirène en amont de la représentation. Chimère maléfique ou amoureuse, ayant traversé tant d’univers imaginaires, voici la sirène. Proposition, chantier, écriture en devenir, en attendant les sirènes, se dévoile : texte lu ou dit, feuillets encore en mains comme aux répétitions.

Travail donc à deux voix, à deux corps. Tout d’abord, songe du célèbre conte cruel d’Andersen. La petite sirène, là, dans la campagne, émerge d’une mer de hautes herbes blondes que le vent par rafales agite ; elle danse dans les vagues végétales. Mais n’y-a-t-il pas dans le domaine du roi de la mer un grand jardin ?

Ces livres que nous n’arriverons jamais à lire ! (par Amin Zaoui)

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 07 Septembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Comme des vagues sauvages dans un espace domestique, les livres envahissent nos appartements. Ne laissant aucun coin indemne. De partout, ils nous encerclent ; au salon, à la cuisine, au lit, au garage, dans le couloir ! Beaucoup de nos livres ont voyagé avec nous, d’un pays à un autre, d’une ville à une autre. Ils ont voyagé comme nos enfants. D’autres livres ont vécu avec nous, en nous, notre adolescence, nos amours, durant les deux années de service militaire.

Des livres nous ont accompagnés depuis notre mariage, et ils sont toujours là. Il y a des livres plus âgés que nos enfants. Des livres qui étaient là avant nos voisins et avant la construction de ce quartier ! Des livres que nous protégeons du froid, de l’humidité et de l’oubli. Des livres autour desquels nous montons la garde afin d’éloigner les voleurs ! Ces voleurs de livres qui sont nos meilleur(e)s ami(e)s ! Nos cher(ère)s ami(e)s enlèvent nos chers livres ! De temps en temps, on se rappelle, avec chagrin, d’un livre kidnappé, comme un cher emporté par l’exil forcé. Des montagnes de livres nous entourent. Des formats différents ; les nains, les petits et les grands, à l’image de nos ami(e)s dans ce royaume des humains.

Trois cahiers avec une chanson, Jean-Charles Vegliante (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 07 Septembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Trois cahiers avec une chanson, Jean-Charles Vegliante, L’Atelier du Grand Tétras, juillet 2020, 64 pages, 12€

Poésie, question de l’ailleurs

Recevoir un nouveau livre, surtout s’il s’agit d’un recueil de poèmes, est toujours une façon pour moi d’aborder des questions essentielles. Donc, j’aime me confronter à la pâte du poème pour en circonvenir l’aventure sensible et projeter ainsi ma propre sensibilité, les questions qui me traversent sur le texte que je découvre. Je lis donc autant le livre pour lui-même, que je me lis dans le poème. Ici, non seulement le recueil s’ouvre sur deux textes qui orientent une compréhension globale de l’ouvrage, mais encore permettent de juger le poème à partir d’un autre lieu : la mort – dernier séjour où tous les séjours s’achèvent.

En restant un mystère, la mort construit une vision du monde, un endroit d’énigme, où se dirige la douleur du poète pour qui ce mystère fait poème. Pour Jean-Charles Vegliante cette sorte de liturgie est en relation avec la nature. Ou sinon une liturgie et néanmoins une tension vers la fin matérielle des choses, et surtout, l’arc-boutant d’un ailleurs. À mon sens, c’est cela la réponse à ces poèmes, la recherche d’un lieu, d’une habitation plausible, d’une arrivée en terre de beauté.

Écrits de nature, Atlantique Nord, Tome 3, Alexis Gloaguen (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 03 Septembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Écrits de nature, Atlantique Nord, Tome 3, Alexis Gloaguen, éd. Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, 19 juin 2020, Ill. Jean-Pierre Delapré, 300 pages, 25 €

Le troisième volume des Ecrits de Nature d’Alexis Gloaguen vient de reparaître, republié par les Editions Maurice Nadeau-Les Lettres Nouvelles. Nous voilà mis en présence d’une œuvre singulière, celle d’un auteur découvert et promu en son temps par Maurice Nadeau, dont le fils, Gilles, actuel directeur de cette riche maison d’édition indépendante, a entrepris fort opportunément la réédition, une œuvre qu’on pourrait qualifier, par son écriture, son genre et sa thématique, de littérairement inclassable, mais à propos de laquelle il ne serait pas totalement farfelu d’inventer le terme contraire de « polyclassable ».

Et corollairement, de son contenu, par l’intérêt qu’il doit éveiller dès les premières pages chez tout lecteur, chez toute lectrice à l’esprit normalement épris de découverte, par ce qu’il peut lui apporter d’enrichissement, on dira légitimement qu’il est polyvalent.

La Styx Croisières Cie - Juillet 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 03 Septembre 2020. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« Nos aventures passées agacent notre femme, mais la flattent. Les femmes veulent toutes être distinguées par des hommes à bonnes fortunes, c’est-à-dire par des hommes inconstants ; elles ont l’impression d’être admises à un concours ! Elles souhaitent toutes un don Juan fidèle, autant dire un ivrogne qui ne boit pas ! ».

Francis de Croisset, Nos marionnettes

Lµ-1. C’est l’été. Nous le comprenons d’abord en ce que le jardin de Bourgogne est plongé dans le silence. Nous y attendons le retour de la gent ailée et chantante. Dans cet autre fait aussi que nos radios, commerciales ou culturelle, donnent d’infinis temps de parole à des troupes de bavards qui ne savent parler que de leur soi-même auquel ils attribuent une importance fictive à la mesure de leur insignifiance réelle.