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L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, Vladimir Vertlib

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Langue allemande, Roman, Métailié

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, février 2016, trad. allemand (Autriche) Carole Fily, 420 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vladimir Vertlib Edition: Métailié

 

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur est le quatrième ouvrage publié par l’Autrichien d’adoption Vladimir Vertlib (1966). Malgré le succès rencontré Outre-Rhin, il aura fallu attendre quinze ans pour qu’il soit traduit en français – c’est d’ailleurs le premier ouvrage de Vertlib à connaître ce sort. Etant donné l’accueil plus que favorable réservé à L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, récompensé par le prix Adalbert-von-Chamisso (un prix décerné à un ouvrage de langue allemande écrit par un auteur dont ce n’est pas la langue maternelle) et le prix Anton-Wildgans (un prix destiné à encourager de jeunes écrivains autrichiens prometteurs), nul doute que d’autres traductions suivront.

Ce roman débute quasi comme un gag, une farce flaubertienne : dans une petite ville fictionnelle allemande du nom de Gigricht, en vue du nouveau millénaire et en célébration de son (supposé – Vertlib s’en amuse avec délectation vers la fin du roman (se) jouant de la notion de document historique fiable… ou non, ce qui remet en perspective un certain point des faits narrés par Rosa Masur) sept cent cinquantième anniversaire, la municipalité décide de publier un ouvrage, avec l’aide d’un institut d’histoire, un livre destiné à favoriser et montrer l’intégration des étrangers, qui « s’intitulerait Etrange patrie. Une patrie à l’étranger […].

Par bonheur le lait, Neil Gaiman

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 09 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Iles britanniques, Jeunesse, Roman, Au Diable Vauvert

Par bonheur le lait, novembre 2015, trad. anglais Patrick Marcel, illust. de Boulet, 112 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Neil Gaiman Edition: Au Diable Vauvert

 

Neil Gaiman (1960) fait partie des plus grands conteurs contemporains, et compte parmi ses admirateurs pas moins que Stephen King. On peut rappeler qu’il collabora le temps d’un roman avec un autre gigantesque conteur anglais, feu Terry Pratchett : c’était De Bons Présages (1990) et tant nos zygomatiques que notre capacité à l’émerveillement ne s’en sont pas encore remis. Dans l’œuvre de Gaiman, on trouve de la fantasy, du fantastique, de l’héritage gothique, de sublimes nouvelles, des romans graphiques – de tout, tant que ça transporte ailleurs, que ça fait fonctionner les neurones « imaginant » à plein rendement. Et ceci à tout âge, puisque Gaiman écrit aussi pour la jeunesse, même si de façon parfois quelque peu dévoyée : Coraline, sublime de noirceur, ou encore L’Etrange vie de Nobody Owens, un roman d’apprentissage littéralement fantomatique.

Avec Par bonheur le lait illustré en français par Boulet (mais par Skottie Young dans la version originale), Neil Gaiman revient à la littérature de jeunesse, voire quasi à destination des enfants. Disons, de grands enfants, à l’image de ceux de ce bref roman : huit, dix ans maximum, une fille et un garçon. Leur maman étant « partie à une conférence », ils sont seuls avec leur papa, à qui a été laissée une longue liste de consignes qu’il est capable de réciter par cœur, de ne pas oublier « de conduire les enfants à la répétition de l’orchester, samedi » à donner « à manger aux poissons rouges ».

Nouvelles Animalières, Guy de Maupassant

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 02 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Nouvelles

Nouvelles Animalières, janvier 2016, textes choisis et dossier par François Kerlouégan, 192 pages, 4,80 € . Ecrivain(s): Guy de Maupassant Edition: Folio (Gallimard)

 

Guy de Maupassant (1850-1893), le scandaleux, l’homme du canotage et de La Feuille de Rose, aurait probablement bien ri si on lui avait dit que son œuvre, en particulier ses nouvelles, deviendrait une manne inépuisable pour l’institution scolaire, en particulier les éditeurs en mal d’idées pour suggérer des leçons aux professeurs et donc vendre leurs livres. Va donc pour ces Nouvelles Animalières, choisies par François Kerlouégan, qui a aussi réalisé le dossier les accompagnant.

Les nouvelles sont choisies parmi le corpus classique de Maupassant, chacune bénéficiant, c’est parfois précieux, des précisions temporelles sur sa publication originale, tant dans la presse qu’en volume. Selon que l’on a plus ou moins fréquenté l’œuvre de Maupassant, ces onze Nouvelles animalières seront des découvertes ou des redécouvertes – quoi qu’il en soit, un véritable plaisir de lecture, où se retrouve la perfection stylistique d’un auteur à la fois « élève » de Flaubert et habitué à faire rentrer une histoire dans un carcan précis, celui de la place laissée à la littérature dans la presse de l’époque (1880-1890), qui ne laissait plus aux nouvellistes la place autrefois octroyée aux feuilletonistes. Ce sont donc onze fulgurances narratives qui sont ici réunies, avec pour thématique commune la présence d’un animal.

Martin Amis : Deux romans

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 25 Mars 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

D’Autres Gens, Martin Amis, Le Livre de Poche, trad. de l’anglais par Géraldine Koff-D’Amico, août 2015, 312 pages, 6,90 €

Money, Money, Martin Amis, Le Livre de Poche, trad. de l’anglais par Simone Hilling, août 2015, 624 pages, 8,10 €

 

Quand un auteur fait l’actualité littéraire, comme c’est le cas pour Martin Amis (1949) avec La Zone d’Intérêt, son dernier roman en date, il serait regrettable pour l’éditeur possédant les droits de son back catalogue de ne pas le faire fructifier. Dont acte pour Le Livre de Poche, qui se fend d’une mini-rafale avec D’Autres Gens (1981) et Money, Money (1984), deux romans emblématiques de l’œuvre de Martin Amis, précédemment publiés chez 10/18 et plus disponibles depuis quelque temps. L’occasion est donc belle de replonger dans ces deux romans, juste histoire de voir s’ils tiennent toujours la route.

Une Histoire du Monde en 10 Chapitres ½, Julian Barnes

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 19 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Iles britanniques, Roman

Une Histoire du Monde en 10 Chapitres ½, trad. anglais Michel Courtois-Fourcy, 528 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Julian Barnes Edition: Folio (Gallimard)

 

Pendant quelques années, Une Histoire du Monde en 10 chapitres et ½ (1989), le cinquième roman de l’auteur anglais Julian Barnes (1946) n’a plus été disponible en français ; pour qui en avait fait un livre culte, chaque exemplaire trouvé en bouquinerie était à acheter et offrir, tant il paraissait injuste que tout le monde ne puisse pas profiter de ce festival narratif. Puis un beau jour, on s’aperçoit que les éditions Gallimard l’ont réédité dans leur collection Folio, et on s’en réjouit jusqu’à mettre la main sur un exemplaire : outre que la couverture n’a plus aucun rapport au roman, contrairement à celle de chez Stock et, ensuite, au Livre de Poche, qui s’ornait d’une reproduction du Radeau de la Méduse, ce même tableau n’est plus reproduit en couleurs sur papier glacé encarté, mais bien en noir et blanc, aux pages 210 et 211 du livre. Ce n’est qu’un détail au regard du texte, mais on y perd quand même en élégance éditoriale. Celle-ci perd d’ailleurs encore des plumes lorsqu’on commence à trouver des coquilles liées à une mauvaise relecture (« ondes » à la place de « oncles », « dub » à la place de « club »…). On pinaille, on pinaille, mais bon, tant qu’à faire rendre disponible un texte, autant le faire avec classe.