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Petite Histoire de la Caricature de Presse en 40 Images, Dominique Moncond’huy

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 14 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Essais

Petite Histoire de la Caricature de Presse en 40 Images, juin 2015, 192 pages, 6,40 € . Ecrivain(s): Dominique Moncond’huy Edition: Folio (Gallimard)

 

La collection FolioPlus, comme chacun le sait, est avant tout destinée à un public scolaire ; mais comme chacun le sait aussi, on peut apprendre à tout âge et nul n’a jamais perdu son temps à feuilleter voire lire un FolioPlus, d’autant que, pour celui-ci, l’actualité s’en mêle quelque peu, puisqu’il propose une Petite Histoire de la Caricature de Presse en 40 Images, conçue par Dominique Moncond’huy.

Le lien à l’actualité est évident : le 7 janvier 2015, le journal satirique Charlie Hebdo subissait un attentat, événement qui a suscité nombre de questions relatives à la liberté d’expression. Pour autant, Moncond’huy a l’intelligence de ne pas évoquer directement cet attentat, évitant ainsi à son anthologie de devenir une thèse à charge ou à décharge ; non, elle présente un phénomène éditorial, la « caricature de presse », et ne prend pas position, ainsi qu’elle l’annonce dans une brève introduction :

Six Jours, Ryan Gattis

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 12 Octobre 2015. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Fayard

Six Jours, septembre 2015, traduit de l’anglais (USA) par Nicolas Richard, 432 pages, 24 € . Ecrivain(s): Ryan Gattis Edition: Fayard

 

Avant même d’ouvrir Six Jours (All Involved : A Novel of the 1992 L.A. Riots, titre autrement plus significatif), le premier roman de Ryan Gattis traduit en français, de multiples indices mènent à l’idée qu’on va être confronté à quelque chose de costaud. Il y a le soutien d’autres écrivains, et pas des moindres : Joyce Carol Oates, David Mitchell et Dennis Lehane ; mais on sait que pareil soutien peut se monnayer, ou s’échanger… Il y a plus concret : la chaîne HBO et le producteur Alan Ball ont acheté les droits en vue d’une adaptation télévisuelle, ce qui laisserait à penser que le matériau narratif proposé par Gattis est à tout le moins solide. Et puis il y a l’argument ultime, le gage d’authenticité parfait pour tout qui s’intéresse à la culture populaire nord-américaine : sur le site de l’auteur, à la page dédiée à Six Jours, se trouve la playlist du roman, et là, on se dit que s’il y est bien question des Supremes, des Temptations, de Bill Haley, de Toots & The Maytals, de Cypress Hill et bien d’autres encore, en ce compris des bandes originales de films signées John Williams (plus particulièrement sur la « bombing mixtape » de Freer, l’une des voix du roman – on y reviendra), ce roman va parler de vrais gens, de ceux qui vivent avec de la musique en fond sonore constant, pour qui elle signifie quelque chose, et sans laquelle manquerait une part essentielle de leur personnalité.

Minus, Lapsus et Mordicus Nous parlons tous latin sans le savoir, Henriette Walter

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 09 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Points

Minus, Lapsus et Mordicus Nous parlons tous latin sans le savoir, septembre 2015, 432 pages, 8 € . Ecrivain(s): Henriette Walter Edition: Points

 

Consigne de lecture : dénombrer les mots latins, en ce inclus une recomposition tardive plaisante, que contiennent les deux paragraphes suivants :

« Au milieu du campus, près du muséum, et devant notre sponsor, j’avais soutenu mordicus qu’au dernier palmarès, notre duo avait été classé ex-aequo avec celui d’un quidam qui était au summum de sa renommée, mais qui se trouvait là incognito. Malheureusement pour nous, ce dernier, dans un rictus peu amical, nous montra illico son agenda et une série de prospectus spécifiant qu’à l’issue d’un long processus, c’était lui qui avait été déclaré in extremis l’as de la catégorie senior car son curriculum vitae était vraiment super.

Mais motus et bouche cousue ! Personne ne doit se douter que nous n’avons eu qu’un accessit ».

Kirinyaga, Mike Resnick

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 02 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Science-fiction, USA, Denoël

Kirinyaga, juin 2015, trad. de l’anglais (USA) par Olivier Deparis et Pierre-Paul Durastanti, 416 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Mike Resnick Edition: Denoël

 

Qu’ont en commun Les Seigneurs de l’Instrumentalité, L’Histoire du Futur, Chroniques Martiennes, Fondation, et Demain les Chiens ? Ce sont des romans de science-fiction dont chaque chapitre peut être lu comme une nouvelle indépendante des autres, autrement dit des fix-up, technique que ce genre semble le seul à avoir développé, technique dont s’est servi Mike Resnick (1942) pour son déjà multi-primé Kirinyaga, réédité augmenté de la longue novella Kilimandjaro.

Kirinyaga est le nom donné par les Kikuyus au mont Kenya ; c’est aussi le nom de leur « utopie », un planétoïde en orbite autour de la Terre terraformé de façon à ressembler aux savanes sèches sur lesquelles ce peuple élevait ses troupeaux et cultivait ses champs il y a de ça longtemps – puisque l’action débute, dans la nouvelle-prologue, en 2123, le jour où Koriba, futur mundumugu (un rôle à mi-chemin entre le prêtre et le sorcier) de Kirinaya, quitte un Kenya devenu à ses yeux européen pour rejoindre son peuple renouvelé.

Tuer, Richard Millet

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 21 Septembre 2015. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Récits, Léo Scheer

Tuer, septembre 2015, 120 pages, 15 € . Ecrivain(s): Richard Millet Edition: Léo Scheer

 

En 2009, Richard Millet (1953) publie La Confession négative, récit par son double fictionnel de son engagement auprès des forces chrétiennes au Liban en 1975, alors qu’il est âgé de vingt-deux ans. Il y va par principe, mais aussi pour, si on peut dire, mettre en œuvre la littérature, ainsi que le montre ce bref extrait : « Oui, la guerre seule peut donner à l’écrivain sa vérité. Sans elle, que seraient Jünger, Hemingway, Faulkner, Céline, Drieu la Rochelle, Malaparte, Soljenitsyne, Claude Simon, pour ne pas parler d’Homère ? » La guerre comme cristallisation du désir littéraire ? Il y a plus sot comme théorie…

Six ans plus tard, Millet publie un récit sobrement intitulé Tuer, récit dont l’origine est expliquée dans son premier paragraphe : « Une inconnue s’est approchée de moi, à Paris, en octobre dernier, après une rencontre au cours de laquelle je parlais de mes livres, pour me demander si j’avais tué, autrefois, au Liban ». Cette question génère une réflexion d’une centaine de pages autour de thèmes déjà croisés dans l’œuvre de Millet en général (la langue, sa force, le respect dont elle est digne) et dans La Confession Négative en particulier (le lien entre guerre et littérature, lien noué par les auteurs déjà mentionnés dans ce roman, et qui sont à nouveau à l’honneur dans le présent récit, mentionnés ou cités en épigraphes).