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Le tour du monde en poésie (Anthologie), Marianne et Stéphane Chomienne

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 27 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Poésie

Le tour du monde en poésie (Anthologie), Marianne et Stéphane Chomienne, novembre 2015, 192 pages, 4,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Alléché par le titre de cette petite anthologie, on l’ouvre en s’attendant à voyager à dos de vers multiformes en provenance de pays plus ou moins lointains et ainsi connaître l’ultime dépaysement littéraire. Las ! Que ce titre est trompeur : en fait de Tour du monde en poésie, on a affaire à une anthologie de poèmes francophones (la petite poignée de poèmes provenant d’Extrême-Orient ou d’ailleurs ne compte pas, ou si peu) qui évoquent le voyage ou des lieux divers, fantasmés ou non.

Du coup, on se dit que cette anthologie aurait pu aussi bien s’intituler Voyage en Poésie ou Poésie des lieux, ç’aurait été moins trompeur. Mais bon, puisqu’elle s’intitule Le tour du monde en poésie, prenons-la pour ce qu’elle est, avec son contenu. A ceci que, re-las ! le contenu est un grand fourre-tout dont aucune cohérence ne ressort. Ainsi, la première partie, intitulée Départs, s’ouvre sur L’Invitation au Voyage de Baudelaire, puis on passe à la Ballade de Claudel, puis deux haïkai, puis Les Conquérants de José Maria de Heredia, puis… La Tortue et les Deux Canards de Jean de la Fontaine ;

Epictète et Sénèque en Folio Sagesses

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 23 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Folio (Gallimard), Essais

Edition: Folio (Gallimard)

De l’Attitude à prendre envers les tyrans, et autres textes, Epictète, Folio Sagesses, texte établi et traduit du grec ancien par Joseph Souilhé avec la collaboration d’Amand Jagu, mars 2016, 144 pages, 3,50 €

De la Constance du sage, suivi de De la Tranquillité de l’âme, Sénèque, Folio Sagesses, traduit du latin par Emile Bréhier et édité sous la direction de Pierre-Maxime Schuhl, mars 2016, 128 pages, 3,50 €

 

Ce sont deux petits livres, d’un peu plus de cent pages chacun, qui ne contiennent aucun discours à la mode, écrits par des penseurs morts depuis quasi deux mille ans ; deux petits livres qui pourraient passer à la trappe, entre un achat scolaire (pas trop long à se farcir, et si le prof de philo dit qu’il faut se le taper, on se le tape après avoir jeté un œil sur Wikipédia) et un recueil de pensée orientalisante à la mode ; deux petits livres vers lesquels retourner pourtant sans cesse, crayon à la main et âme au clair. Car au fond, il est vrai qu’on ne les pas a vraiment lus, ces deux petits livres, et qu’on ne les lira jamais : on les sirote plutôt, prenant une phrase là, un paragraphe ici, puis faisant sien le propos, le laissant mûrir lentement, jusqu’à ce que la vie nous en montre toute la justesse, ou toute la nécessité, c’est parfois pareil.

La fille-flûte et autres fragments de futurs brisés, Paolo Bacigalupi

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 17 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, USA, J'ai lu (Flammarion)

La fille-flûte et autres fragments de futurs brisés, octobre 2015, traduit de l’anglais (USA) par Sara Doke et al., 412 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): Paolo Bacigalupi Edition: J'ai lu (Flammarion)

Parmi les auteurs que chérit, voire vénère l’amateur de science-fiction se dessinent deux catégories principales : les grands auteurs de science-fiction, ceux qui maîtrisent avant tout l’art des narrations à hypothèse, et les grands auteurs qui écrivent de la science-fiction, ceux qui sont des stylistes se frottant aux mêmes narrations. Sur foi des dix nouvelles rassemblées dans La fille-flûte et autres fragments de futurs brisés (publié en 2008 en anglais sous le titre Pump Six and Other Stories – juste une différence de choix pour la nouvelle donnant son titre au recueil), on élit Paolo Bacigalupi (1972) dans la seconde catégorie. Que ce recueil ait reçu le Prix Locus dans sa catégorie importe finalement peu ; il survivra dans les mémoires au-delà d’un quelconque palmarès, même si on peut féliciter les lecteurs du magazine Locus pour leur clairvoyance.

Ce qui saute aux yeux, à la lecture de neuf des dix nouvelles, c’est à quel point Bacigalupi est le digne héritier des meilleurs romanciers cyberpunk : ses nouvelles, même les plus éloignées de notre présent en apparence (La fille-flûte et Peuple de sable et de poussière, une des nouvelles les plus extraordinaires jamais lues, à titre personnel – on y reviendra), semblent avant tout des extrapolations pas même monstrueuses de ce qui nous environne, de ce qui fait notre quotidien, ses inquiétudes en tête ;

Dis que tu es des leurs, Uwem Akpan

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 13 Mai 2016. , dans La Une Livres, Afrique, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Dis que tu es des leurs, Books Editions, 2013, trad. de l’anglais par Patrick Honnoré, 382 pages, 21 € . Ecrivain(s): Uwem Akpan

Le magazine Books est bien connu des amateurs de littérature et d’articles pointus, fouillés, d’une pertinence rarement prise en faute, sur l’actualité mondiale vue au travers des livres ; il faudrait préciser, concernant la littérature, qu’il s’agit de littérature mondiale : dans les pages de Books, en effet, on peut lire des recensions de livres non encore publiés en français, dont certains ne le seront peut-être jamais – au grand désarroi de qui ne pratique pas l’allemand, l’espagnol voire le tchèque ou le japonais, à qui ces recensions ont donné envie de lire les livres en question. Il était donc naturel que Books se lance dans l’aventure éditoriale, en proposant au public francophone quelques-uns des livres allophones recensés dans ses pages. Dont acte avec Dis que tu es des leurs, recueil de nouvelles du Nigérian Uwem Akpan (1971), prêtre de son état. Ce recueil a rencontré un beau succès critique, en Amérique du Nord en tout cas, en témoignent les extraits des recensions du New York Times (Un premier recueil éblouissant) et du Washington Post (Son empathie et son génie littéraire m’ont transformée) reproduits en quatrième de couverture, et en témoigne aussi son palmarès : le Prix des Commonwealth Writers, celui du PEN Open Book et une sélection dans le Oprah Winfrey Book Club, cette dernière étant garante d’un beau succès de librairie en sus.

On ne Badine pas avec l’Amour, Alfred de Musset

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 10 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Théâtre

On ne Badine pas avec l’Amour, novembre 2015, dossier par Alain Guyot, 208 pages, 3,50 € . Ecrivain(s): Alfred de Musset Edition: Folio (Gallimard)

L’avantage de l’édition à objectif scolaire, c’est qu’elle ramène dans les rayons avec une belle régularité des œuvres parfois quasi disparues ou disponibles dans des volumes façon Pléiade, et le chaland, le commun des lecteurs à petite bourse ou habitudes de lectures voyageuses (bus, tram, train) peut se frotter à nouveau à ces œuvres. Va donc pour une réédition en FolioPlus de la pièce On ne Badine pas avec l’Amour (1834), d’Alfred de Musset (1810-1857), et une (re)découverte en règle – car chez FolioPlus, il y a le texte de l’œuvre à proprement parler et une documentation critique aussi bien pesée (point trop n’en faut) qu’exacte dans ses informations (après tout, le public visé est avant tout scolaire, il s’agit de ne pas raconter des bêtises).

D’abord, il y a la pièce, inchangée et toujours aussi percutante, dont l’histoire est digne de Molière multiplié par Marivaux : un Baron attend son fils, Perdican, et sa nièce, Camille, l’un diplômé de l’Université, l’autre sortant du couvent, les deux destinés par leur père et oncle à être mariés ensemble. Entre confusions, prises de position quasi hargneuses, quiproquos et autres considérations sur l’amour, cette brève pièce reste un festival de bons mots, hardiment lancés façon lances dans le cœur plutôt que flèches, certains d’une vigueur toujours étourdissante aujourd’hui, à l’exemple de cette mini-tirade de Perdican, qu’on ne peut que citer intégralement tant elle touche au sublime et refuse avec front de vieillir, de prendre la moindre ride :