Identification

Articles taggés avec: Ayres Didier

Une poésie exprimant la mort - à propos du Jouet triste de Ishikawa Takuboku

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 28 Octobre 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Jouet triste de Ishikawa Takuboku, éd. Arfuyen, octobre 2016, trad. Jérôme Barbosa, Alain Gouvret, 104 pages, 14 €

 

Que reste-t-il aux poètes devant la mort ? Rien, sinon l’expression de la mort elle-même, et Le Jouet triste, recueil posthume de Ishikawa Takuboku, le prouve et l’illustre avec éloquence et un raffinement extrême. Oui, une poésie adossée à la mort, aux heures de quelques ultimes instants, les dernières saisons vécues par l’artiste, hantées par la description de son calvaire physique, son témoignage de tuberculeux au temps où la maladie était sans remède. Bien sûr, il est facile a posteriori de dire que la mort était le centre de cette poésie, de dire que la mort était présente à l’esprit du poète avec clarté, mais il y a trop de lucidité du poète tuberculeux pour sa propre maladie, trop de souffrance qui transparaît, pour affirmer que cette action triste était inconsciente. Oui, sans doute Ishikawa Takuboku savait sa fin proche et écrire ces derniers poèmes était sans doute encore un dernier cri.

Mère (7), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 27 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

63 ? N’est-ce pas ?

Oui, en octobre.

Il paraît que les grands peintres sont tous nés entre le quinze et le trente et un.

Tu es encore là ?

Oui.

Cette angoisse.

Ce que l’on ressent quand on quitte l’objet de son obsession, et que l’on retrouve soudain l’impression de liquidité des sentiments, la fluidité des émotions. C’est très fort.

Mère (6), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 21 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Moi, je ne voyage plus, et c’est la dernière fois que je viens ici. J’en ai assez.

Une identité à part entière.

Une transformation progressive des caractères naturels pour aller du côté de la mère, de la mère et ses crises d’hypocondrie. Ses plaintes.

Mon frère et ma sœur.

Enchantée.

Elle s’est prise dans des histoires de karma hindou inextricables. Et c’est à cette époque qu’elle a fréquenté assidûment les diseurs de bonne aventure, à tirer le Yi-King sans aucune cohérence. Ma mère ne voyait rien et préférait jouer au Triomino des heures entières dans la cuisine et se fermer doucement à toute idée de guérison. Elle est morte, voilà tout.

Mère (5), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 14 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Elle aimait son cousin.

Cette affection à la mère, à tout ce qui touche de près ou de loin la famille, ça le rend à moitié fou.

Mais, notre mère ? Qu’aurait-elle dit ? Elle aurait aimé ce fauteuil vert ?

Cette argenterie, par exemple.

C’est l’opus 28, car c’est avec lui que j’ai passé mes deux ans à la Villa Médicis comme correspondant. Un mode de vie. L’opus 28 !

Le cinéma des années 60. Toute cette période qui jouxtait la Guerre d’Algérie.

Et elle ?

Une addiction médicamenteuse. C’est pour ça, le suicide.

63 ?

Oui, octobre 63.

Mère (4), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 05 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Moi, j’aime les parfums. C’est une indication pour moi. C’est un signe, si tu préfères. Je reconnais que je suis ému par une odeur, la fragrance d’une tubéreuse par exemple. Et puis, les odeurs âcres qui dénotent du mauvais sort de l’horoscope du jour. C’est juste un peu mystique, si tu préfères.

Il faut tourner son doigt sur le planisphère, et là tu pointes un lieu : Punta Arenas. C’est la fin du monde !

Elle a pris un vol Bruxelles/Limoges avec 40 euros de bagages et un recueil des poèmes de Maria Tsvetaïeva. Et pour signet une photographie des colosses de Memnon.

Et puis, c’est le destin.

Tu vois, je te dis cela parce que mon idéal ce n’est pas cette partie de ma vie que je ne peux pas refaire, et qui est passée, qui est une chose brûlante en un sens, et même dangereuse.

Tiens, là, une odeur de cosmétique. De crayon de bois.