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Poèmes à la musique - À propos de La troisième main, de Michèle Finck

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 25 Février 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

À propos de La troisième main, de Michèle Finck, éd. Arfuyen, 2015, 13€

La relation de la poésie avec les autres arts, est une affaire vive et forte. Et c'est bien là l'effet, vif et fort, de ce livre de Michèle Finck, que je voudrais souligner. Car à partir de ces textes, on est plongé dans la profonde essence de la musique, c'est-à-dire, l'agrandissement, ou plus précisément la dilatation du temps. Et la poésie est assez vaste pour accueillir ce monde augmenté.

 

Dans ses mains le violoniste porte le monde

Passé et présent. Mais d'où venue la troisième main,

L'invisible, main de la grâce, qui se pose sur les fronts ?

Elle porte l'espoir d'une arche future de lumière. Bach

A écrit pour cette troisième main. Menuhin le sait.

Introduire un peu d’art dans nos sentiments, Jean-Paul Michel

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 12 Février 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Côté Arts

 

« Le prix qu’il faut payer pour la réalité »

Je me retrouve rarement devant un livre sans un sentiment particulier pour l’auteur, car j’aime voir l’homme formulé derrière le livre. Ici, encore, avec ce livre de Jean-Paul Michel, qui investit le discours en philosophe et en poète, je ressens une personne investie par Hegel et Marx, jusqu’en ces temps d’aujourd’hui.

Enfants intrépides des Lumières, Hegel, Marx, Comte avaient nourri des optimismes conquérants. Les procès de Moscou d’un côté, Auschwitz d’un autre, Hiroshima enfin opposèrent une dure contrepartie à ces rêveries.

C’est là le cœur du livre. Et quelle mesure violente pour un poète que d’avoir sa pensée payée au tribut politique du siècle finissant, avec son euphorie dialectique et ses cauchemars guerriers. Mais rien de manichéen dans la conception de ce vêtement de discours. Plutôt des nuances, des oppositions de bloc et de détails, avec cette impression de la chimère du Baudelaire des Petits poèmes en prose, et des lumières contrastées sur les oppositions dialectiques de la pensée.

Photos-impressions, Daniel Grojnowski, éd. Obsidiane

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Janvier 2015. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

Photos-impressions, Daniel Grojnowski, éd. Obsidiane, col. Le legs prosodique, novembre 2014, 694 pages, 14 €

 

La réalité, le rêve, le poème

Puis-je donner sincèrement mon sentiment de hantise du livre de Daniel Grojnowski, sentiment que j’associe à la description de 102 rêves à quoi se livre le poète dans ce livre – description faite sous forme de dizains en vers libres et sans ponctuation, pour mieux rendre le caractère fluide des rêves en question – sincèrement donc, car c’est une impression personnelle et un peu intime. Je dis hantise car avec la lecture de cet ouvrage, j’ai repassé les images et certaines situations qui ont hanté mon travail d’analyse, il y a vingt ans. J’ai repris là mes rêves, mes labyrinthes, mes voitures et mes objets égarés, mes diplômes qu’il fallait repasser, des visions. Et si le projet du livre tenait simplement à cet effet, il serait déjà réussi.

La Donation du monde, Christian Doumet

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 20 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

La Donation du monde, Christian Doumet, éd. Obsidiane, mai 2014, 64 pages, 14 €

 

Le récit d’un fruit à graines

Déjà, avec le premier « tiens » du livre, on se sent convié, concerné et pris, pris pratiquement dans une espèce d’ontologie de la grenade, le fruit à graines, en une sorte de voyage, de récit narcissique et personnel. Ce qui veut tout de suite dire que l’on suit le destin de la grenade depuis son rouge naturel vers le noir, qualité propre à ce fruit, qui conserve bien armée une quantité de petits grains, à la fois solide et en contact avec l’amertume de la peau – qu’elle soit rouge ou noire. Ce qui veut dire encore une fois que le lecteur que je fus se faisait le témoin d’une aventure de langage, parcours presque charnel que m’a fait fréquenter le poème. Lors si Bei – personnage principal – est pour cela présente derrière la grenade en question, si Bei donc se déplace, elle fait glisser à elle Shanghai jusqu’en la rue Mouffetard. Bei incarne désormais une sorte de route vers un principe poétique.

Composer de la musique aujourd’hui, Michèle Reverdy

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 05 Décembre 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Côté Musique(s)

 

Composer de la musique aujourd’hui, Michèle Reverdy, éd. Klincksieck, coll. 50 questions, 2007, 216 pages, 15 €

 

Michèle Reverdy, une personne vivante

Je voudrais écrire quelques mots sur une personne et un livre à la coupure de différents faisceaux d’intérêts qui sont miens, amicaux et intellectuels. Amitié et reconnaissance de Michèle Reverdy, la compositrice de Médée – commande de l’Opéra de Lyon – qui m’a confié les deux dernières pages manuscrites de la partition dudit opéra (1). J’ai donc un point de vue à la fois très argumenté et personnel de la production de la compositrice, qui nous livre dans son ouvrage chez Klincksieck une vraie parole d’artiste. Et pour mieux dire, je crois utile de préciser que cet autographe me hante un peu, à la manière d’un vin dont les notes pourraient être des grappes, dont les clusters pourraient devenir une musique dionysiaque et vibrante, et constituer une œuvre vivante d’aujourd’hui.