Les romans qui décrivent des relations familiales marquées par la violence, la terreur, la haine, sont passablement nombreux dans la littérature aussi bien classique que contemporaine. Ceux qui rappellent l’importance de l’attachement à ses racines, à sa terre sont loin d’être rares. Celui de Sarah Jollien-Fardel est à la confluence de ces deux genres. Jeanne est la narratrice, elle relate dès le départ la violence endémique de son père, un homme rustre, sans éducation, pervers et marqué par un sadisme dévastateur. Sa sœur partage avec elle ces moments fréquents de peur, d’appréhension durant lesquels elle se demande quel geste il va commettre, tellement il est imbibé par l’alcool : « Moi, je voulais entendre. Déceler un bruit qui indiquerait que cette fois, c’était plus grave. Écouter les mots, chaque mot : sale pute, traînée, je t’ai sorti de la merde, t’as vu comme t’es moche, pauvre conne, je vais te tuer. Derrière les mots, la haine, la misère, la honte ».