Est-il possible d’écrire un roman sinon raté, du moins médiocre et parfois ennuyeux malgré sa brièveté (162 pages) sur un sujet magnifique (risqué, bien sûr, mais magnifique) ? Rémi David, né en 1984, nous en fournit la preuve avec Mourir avant que d’apparaître, publié par Gallimard en juin 2022.
Les personnages de Mourir avant que d’apparaître appartiennent à l’histoire littéraire puisque la relation tumultueuse entre Jean Genet et Abdallah Bentaga, dédicataire du Funambule (1958), constitue la trame du récit. Rémi David retrace avec clarté et précision les étapes de cette relation : la rencontre d’Abdallah, âgé de dix-huit ans, avec Genet, grâce à Monique Lange, en 1955 ; le difficile apprentissage du funambulisme ; les premiers succès et les voyages à travers l’Europe pour échapper à la police française et à un ordre de conscription pendant la guerre d’Algérie ; la deuxième chute d’Abdallah, le contraignant à renoncer à sa carrière artistique ; l’éloignement progressif de Genet après l’entrée dans sa vie de Jacky Maglia, qui supplante peu à peu l’acrobate foudroyé ; le suicide d’Abdallah enfin, en février 1964. On croise, de chapitre en chapitre, outre Monique Lange, Olivier Larronde (belle évocation), Juan Goytisolo, Cocteau, Giacometti, Sartre.