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Roman

Volontaires pour l’échafaud, Vincent Savarius (Bela Szasz) (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 12 Janvier 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Julliard

Volontaires pour l’échafaud, Vincent Savarius (Bela Szasz) Traduit du hongrois par Jérôme Hardoin, Julliard (Les Lettres Nouvelles), 317 pages Edition: Julliard

 

Dans le tome 3 de Soixante ans de journalisme littéraire, somme publiée en novembre 2022 par les Editions Maurice Nadeau, portant sur Les années “Quinzaine littéraire” (1966-2013), Maurice Nadeau évoque et commente l’ouvrage de Bela Sàndor Szasz, alias Vincent Savarius, intitulé dans sa traduction française "Volontaires pour l'échafaud ».

Voici un extrait de ce qu’en dit le célèbre critique :

« S’il planait encore un mystère sur les Procès de Moscou, on savait déjà par l’admirable livre de Savarius sur l’Affaire Rajk que tout le système reposait sur un truc, une astuce enfantine :  amener l’accusé à collaborer avec son juge instructeur, de façon qu’ils fabriquent tous deux ensemble un produit qui s’appelle l’aveu. Savarius avait refusé de jouer le jeu et, finalement, s’en était miraculeusement tiré. »

Les Boîtes aux lettres, Gilles Baum (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 11 Janvier 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Gilles Baum, Les Boîtes aux lettres, Amaterra, coll. « Argile+ », décembre 2022, 220 p., 13,90 euros.

 

Gilles Baum, déjà l’auteur de plusieurs albums illustrés, avait publié en 2019 chez l’éditeur lyonnais Amaterra un premier roman, La Nuit des géographes. Trois enfants, passionnés de géographie, y partaient à la découverte d’un pays inconnu : la nuit. Déjà, ce récit bref confrontait ses jeunes héros à la solitude et à l’absence du père qui sont au cœur du nouveau roman poétique et grave de Gilles Baum : Les Boîtes aux lettres.

Le texte, plus long, est plus ambitieux par son sujet comme par le traitement de celui-ci. Alors que l’absence du père du narrateur était effleurée dans La Nuit des géographes, elle est au centre des Boîtes aux lettres. Le héros, Émile, attend des nouvelles de son père qui a quitté la maison à la suite d’une dispute avec sa compagne, dont on comprend peu à peu les causes et le caractère violent. Émile, confiant dans la promesse faite par son père de revenir, pose des boîtes aux lettres dans des endroits incongrus, où il espère que son père pourra lui écrire – puisque sa mère, Maria, a rayé son nom de la boîte aux lettres familiale et ne veut plus entendre parler de lui.

C’est ainsi que cela s’est passé, Natalia Ginzburg (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 10 Janvier 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Denoël, Italie

C’est ainsi que cela s’est passé (È stato cosi, 1945), Natalia Ginzburg, Denoël, 2017, trad. italien, Georges Piroué, 127 pages, 14 € Edition: Denoël

 

 

Qui parle ? Qui est la narratrice de ce roman ? Par profession, il semble que ce soit une femme cultivée et intelligente. Elle est professeur et étudie avec ses élèves les classiques de l’Antiquité, Ovide, Sophocle, Sénèque par exemple. Et pourtant, à suivre son flux de conscience sur ces quelque cent pages, dans la traversée de son histoire dramatique d’amour, on a clairement affaire à une femme simple – entendre simplette. Sa réflexion sur elle-même et les sentiments qui l’animent, sa vision du monde qui l’entoure, la misère morale qui sourd de son propos, tout indique un esprit faible, naïf, soumis, déficient. Le ton même de sa narration, le style du roman, empruntent un vocabulaire élémentaire dans une organisation syntaxique élémentaire. Parfois – rarement – un éclair semble rappeler que nous n’avons pas là une idiote. Et pourtant.

Le Livre de Hirsh. Roman israélien, Tzvi Fishman (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Janvier 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA

Tzvi Fishman, Le Livre de Hirsh. Roman israélien, traduit de l’américain par Ghislain Chaufour Saint-Victor-de-Morestel, Les Provinciales, 2022, 282 pages, 24 €.

 

Steven Hirsh est un personnage représentatif, pour le meilleur comme pour le pire, d’un certain judaïsme américain. Avocat new-yorkais spécialisé dans la défense des célébrités, entre autres lors de leurs coûteuses procédures de divorce ou quand elles commettent des infractions variées, il se considère comme raisonnablement juif, mais prend de très nombreuses libertés avec les 613 mitsvot (commandements) de sa foi ancestrale. À vrai dire, il n’en respecte à peu près aucun et vient de divorcer de sa troisième épouse. Précisément, au moment où commence le roman, l’ex-troisième Madame Hirsh, ancienne championne de tennis, vient de trépasser de singulière façon : elle jouait au golf lorsqu’un éclair a frappé les clubs métalliques qu’elle portrait à l’épaule, lui offrant l’occasion de vérifier très brièvement la validité des observations de Benjamin Franklin. Un esprit même médiocrement religieux aurait été interloqué par cette façon de mourir. Pas Hirsh qui, en homme pratique, s’occupa des formalités diverses, parmi lesquelles répondre aux questions des journalistes.

L’Évidence du vrai, Viviane Cerf (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Janvier 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

L’Évidence du vrai, Viviane Cerf, éditions des femmes-Antoinette Fouque, septembre 2022, 400 pages, 25 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Anticipation

Canicule permanente, cadavres jonchant le sol, surpopulation, voici le décor d’épouvante de ce roman. Le continent fantastique est un genre littéraire à part entière, qui a été principalement occupé par des auteurs masculins. Or, depuis la libération féministe, des autrices en revendiquent l’héritage et renouvellent le genre. Des françaises s’emparent de cette expression, à savoir, pour la plus ancienne : Renée Marie Gouraud d’Ablancourt (1853-1941) ; Nathalie Henneberg (1910-1977) dont le chef-d’œuvre est La Plaie, paru en 1964 ; Christine Renard (1929-1979) ; Françoise d’Eaubonne (1920-2005), et pour ce qui nous concerne, Viviane Cerf (née en 1992, à Oyonnax, partie à Paris, où elle suit une classe préparatoire au Lycée Henri IV et obtient l’agrégation de philosophie).