Des notes prises au fil du temps dans des carnets, puis relues sans hâte afin d’en retenir juste assez qui puissent donner lieu à un volume, ainsi est né Verger, etc… L’ouvrage, rehaussé de monotypes – des arbres exposés aux saisons, imaginés par Joël Leick – aurait pu aussi bien s’intituler Portrait de l’artiste en brin d’herbe. Car l’artiste en question, le romancier, le poète Pascal Commère, s’il ne hausse jamais le ton, procédant par touches nettes et légères, aime son pays, aime sa terre et sait nous en faire partager la gravité, l’équilibre et l’animation paisible.
Par ce livre lentement mûri et bien pensé, les gens de peu (qui s’inscrivent dans la mémoire dès l’enfance) s’animent et nous émeuvent. Au gré de la lecture, revit aussi, dans son intimité, celui qui sut aussitôt distinguer, à la lecture du premier recueil, Les Commis (Éditions Folle Avoine, 1982, réédition par Le Temps qu’il fait, 2007), une voix personnelle, attachée à ses racines. André Frénaud, pour ne pas le nommer – dont « l’expressionnisme lyrique » (sic) mériterait une reconnaissance plus grande –, nous est restitué ici d’un trait vigoureux : « Toute sa vivacité surgissait (…), l’accent de sa voix devenait plus roulant, retrouvant ainsi la tournure de parler de sa Saône-et-Loire ».