Alors les grandes paroles vinrent ; le grand message fut envoyé d’un continent à l’autre par-dessus l’océan.
La grande nouvelle chemina toute cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et des réponses.
Pourtant, rien ne fut entendu.
Qu’attendre après cet incipit ? La prière du monde, et elle vient. La sublimation de la langue, et elle vient. La présence de Ramuz à son œuvre, et elle vient. L’immense beauté de la littérature, et elle vient.
La peur est un thème récurrent chez Ramuz. Elle n’a pas toujours un objet défini mais elle est ontologique, rivée aux hommes comme leur ombre même. Quelques années après ce roman, Ramuz écrira La Grande Peur dans la montagne, ouvrage qui concentrera l’essence de la peur ramuzienne : elle est diffuse, générale, elle touche à l’universel, elle est d’autant plus effrayante que nul ne peut rien contre sa cause car on ne la connaît pas.