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Roman

Le Garçon perdu, Thomas Wolfe (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 10 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Editions du chemin de fer

Le Garçon perdu (The Lost Boy), novembre 2017, trad. américain Etienne Dobenesque, 103 pages, 15 € . Ecrivain(s): Thomas Wolfe Edition: Editions du chemin de fer

Préambule : Mais que diable viennent faire ces dessins d’enfant qui gênent la lecture et ne signifient rien ? Quelle idée a donc surgi dans la tête des éditeurs ? Lecteurs, ne vous laissez pas distraire de ce bijou par ces sottises !


Petit livre miraculeux, qui prolonge avec délice la lecture du grand « Look Homeward, Angel », Le Garçon perdu est un objet littéraire peu commun.

Il est probablement possible de lire ce livre sans avoir lu Look Homeward, Angel. L’art de l’histoire courte, chez Wolfe, est d’une telle plénitude, d’une telle virtuosité que ces quelques cent pages suffisent à faire émerger brillamment des personnages magnifiques, un propos saisissant, en bref, un vrai roman. Néanmoins, pour ceux et celles qui ont gravi la « montagne » littéraire que constitue Look Homeward, le bonheur est total. C’est comme si, de manière très inattendue, on leur offrait un excipit de cent pages, un retour sur les lieux, avec les personnages auxquels on s’est tant attaché.

Les larmes de Vesta, Michel Joiret (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 10 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les larmes de Vesta, Michel Joiret, MEO éditions, septembre 2019, 152 pages, 15 €

 

En vingt-trois chapitres brefs, le romancier, épris d’histoire, nous conte deux destins, intimement liés à l’histoire de Rome.

Ce qu’il arrive à Lucius, d’une bonne famille romaine, installé à Pompéi, relève d’un attachement à des lieux et à des personnes. Sa mère, Luna, son oncle Flavius, l’ami, Pline le Jeune, sont autant de figures qui le révèlent à lui-même, et partant, au lecteur. Voilà un Romain qui ne se contente pas de vivre à la manière patricienne, qui ne se contente pas de céder aux charmes d’une vie publique et privée aisée, facile. Les événements – l’enfouissement de l’oncle à cause de l’éruption, la mort de sa mère – font tout un travail de deuil et de vie, pour mieux saisir le monde tout autour.

Parallèlement à ce parcours, ce que vit Luc, professeur de latin dans un athénée bruxellois, semble un appel à l’histoire, cette Rome dont il assiège les petites cervelles de ses étudiants par autant de rappels et d’anecdotes. Mais Luc va mal, il le sent, tout lui échappe et même le recours à l’histoire lui semble un leurre. Même sa quête du passé, au travers de carnets qu’il dépouille, lui paraît insaisissable, fuyante.

Kintu, Jennifer Nansubuga Makumbi (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 10 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Métailié

Kintu, Jennifer Nansubuga Makumbi, août 2019, trad. anglais (Ouganda) Céline Schwaller, 480 pages, 22 € Edition: Métailié

 

Ce roman est une fresque étourdissante d’une densité telle qu’il est impossible de le résumer, et d’ailleurs tel n’est pas le but de cette note, mais il faut tout de même pouvoir donner quelques pistes au lecteur. De quoi s’agit-il ? D’une histoire de famille sur plusieurs générations, trois siècles, en Ouganda, donc bien avant que ce pays ne soit arbitrairement nommé ainsi par le colon britannique, en référence à l’ethnie Ganda, occultant ainsi toutes les autres qui peuplaient cette terre.

Kintu est donc une histoire de famille, mais à vrai dire, c’est avant tout l’histoire d’un geste malheureux et de ses conséquences : la répétition transgénérationnelle d’une malédiction. La gifle d’un père, Kintu, à son fil adoptif, Kalema, lors d’une déjà difficile traversée de désert, ayant entraîné accidentellement la mort de ce dernier, qui de plus fut vite et mal enterré par mégarde à côté d’un arbuste épineux auprès duquel on enterre habituellement les chiens.

Les dieux cachés, Olivier Maillart (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 04 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions du Rocher

Les dieux cachés, janvier 2019, 159 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Olivier Maillart Edition: Les éditions du Rocher

 

Une écriture finement enjouée, deux occurrences de Tintin, la présence de deux chiens dont le narrateur rapporte les « pensées » et les « dialogues », quelques autres personnages tout à fait excentriques dans leur apparence, des lettres anonymes, de petites annonces sibyllines dans le journal local, des rituels très secrets et bien d’autres « ingrédients » qui nous rappellent nos lectures de l’adolescence font penser à un pastiche des romans et albums pour la jeunesse. Erreur. Ou plutôt, si, il y a comme un exercice de cette sorte qui transcende le genre. Et le plaisir de la lecture est précisément dans ce dépassement raffiné qui plonge le lecteur dans quelque chose de familier, d’ingénu presque mais qui est en même temps autre, une simplicité apparente du récit que parsèment pourtant de petits cailloux d’indice d’un second propos discrètement érudit. Les dieux et les sectes qui les honorent sont cachés, et le récit qui énonce tout cela n’est pas complètement à ciel ouvert.

Voyage à Ravicka, Renée Gladman (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Vendredi, 04 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Cambourakis

Voyage à Ravicka (Event factory), août 2019, trad. anglais (USA) Céline Leroy, 112 pages, 16 € . Ecrivain(s): Renée Gladman Edition: Cambourakis

 

Voyage à Ravicka est un très court « roman » de Renée Gladman, les quatre-vingts premières pages d’une tétralogie annoncée par l’éditeur Cambourakis. L’austérité, les émois, les peines que suppose le travail d’écriture, mènent parfois à produire une sorte d’énigme. Voyage à Ravicka en est une. Totale et insondable.

Des premiers mots : Depuis les airs il n’y avait aucun signe de Ravicka, jusqu’aux derniers : je réussis à gagner l’avion, tout ce qui fait qu’une fiction est avant tout une histoire : narration, personnages, lieux, ressorts dramatiques, valeurs induites ou proposées, en somme ce qui nous porte à lire pour comprendre ou rêver le monde est proposé à la déstructuration par Renée Gladman qui se mue là en extra-terrestre de la narration. Même Boris Vian avec L’Écume des jours n’est pas allé aussi loin dans la démarche surréaliste. Estimant sans doute qu’à trop briser les codes, il courrait le risque d’une anarchie, dont le lecteur, même féru de nouvelles dimensions créatives, aurait peiné à se remettre. Le temps lui a donné raison.