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Roman

La Sorcière, Camilla Läckberg (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 19 Août 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Actes Noirs (Actes Sud)

La Sorcière, mai 2019, trad. suédois Rémi Cassaigne, 783 pages, 10 € Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Une petite fille de quatre ans, Nea, a disparu dans la région de Fjällbacka. Le commissariat de Tanumshede dans son intégralité est sur le pied de guerre. Par un mystérieux hasard, on retrouve l’enfant, assassinée exactement là, sous le même arbre, où gisait trente ans plus tôt, en 1985, le corps sans vie de Stella, une autre fillette qui habitait la même ferme. À l’époque, deux adolescentes, Marie et Helen, avaient avoué avoir commis le crime. Aujourd’hui, Helen habite toujours Fjällbacka, elle est mariée à un militaire au caractère peu amène et collectionneur d’armes. Quant à Marie, mère d’un enfant, elle est devenue vedette de cinéma et se trouve, pure coïncidence, dans la région pour tourner un film sur Ingrid Bergman qui, soit dit en passant, venait souvent se reposer à Fjällbacka. Pour continuer à planter le décor, il faut ajouter un camp de réfugiés syriens qui tente de s’intégrer à la population locale et ne recule devant aucun effort pour cela, jusqu’à s’entraîner à tirer des bouts pour pouvoir participer à une petite régate locale.

L’Algérois, Éliane Serdan (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Vendredi, 12 Juillet 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Serge Safran éditeur

L’Algérois, mai 2019, 148 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Eliane Serdan Edition: Serge Safran éditeur

Il y a quelque chose de proustien dans la tonalité de ce roman : même si la phrase est courte, elle reste à fleur de peau.

Quelque chose aussi de Giono par le cadre : celui d’une Provence, aride et mythique.

Mais, bizarrement, c’est au prologue de l’Antigone d’Anouilh que j’ai très vite pensé, tant la logique de ce livre est celle d’une tragédie antique :

Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire de l’Algérois.

Marie Guérin, c’est la petite maigre, « les yeux tournés vers cet ailleurs de la mémoire » qui ressurgit bien malgré nous. Elle pense qu’elle va mourir : « mes jours sont comptés ». Elle sait que « pour aimer, il faut être vivant ». Or « les fantômes ont pris la place des vivants ». Elle se dit que sa vie est sortie de son lit et coule à côté vers le « pays des morts ». Elle tient, dans sa main, une lettre qu’elle vient de trouver dans sa boîte et qu’elle hésite encore à décacheter ; elle attend la nuit pour s’y résoudre, « ouvrir une brèche » et plonger en arrière – le jour de ses dix-sept ans, en 1962.

Zabor, ou Les psaumes, Kamel Daoud (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 11 Juillet 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb, Babel (Actes Sud)

Zabor, ou Les psaumes, 330 pages, 21 € . Ecrivain(s): Kamel Daoud Edition: Babel (Actes Sud)

 

« Le vieillard était devenu une poignée de chair dans la main froissée du drap »

Zabor ou Les psaumes est d’abord un splendide livre d’images écrit dans les parages de la mort. L’histoire de Zabor, pauvre de tout sauf de ses mots, est celle d’une défaite triomphalement équivoque. Même le nom du village où Zabor vit, Aboukir, est beau de l’éclat de ses trois syllabes en branches, soleil dessiné par l’enfance dans des odeurs et des bruissements dont l’angoisse et les rêves se nourrissent.

Mais l’histoire de Zabor est aussi celle de l’émancipation par une langue que l’on décide de faire sienne. Car « Tout baiser se fait dans le silence de la langue ».

 

« L’orgasme n’est pas un complot occidental »

Un chien sur la route, Pavel Vilikovsky (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Phébus

Un chien sur la route, mars 2019, trad. slovaque Peter Brabenec, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pavel Vilikovsky Edition: Phébus

 

Remettre à l’honneur la Slovaquie, sa capitale Bratislava et sa littérature, Livre Paris l’a fait en mars 2019 avec ce roman de Pavel Vilikovsky, à la fois récit d’un exil et de la reconnaissance de son pays et de son identité de Slovaque. En voyage de promotion culturelle de la littérature slovaque après la chute des régimes communistes, dans des pays voisins comme l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, l’Allemagne, le narrateur, écrivain slovaque retraité, y cherche des points de convergence et des points de divergence d’avec son peuple. Il remarque que les Slovaques ont tendance à transgresser les règles dans leur pays, mais s’adaptent aisément à la vie en pays étranger. L’Europe demeure un espoir pour lui.

S’il y a un peu du Voyage sentimental à travers la France et l’Italie (1768), écrit et publié à la fin de la vie de l’écrivain irlandais Laurence Sterne, c’est Thomas Bernhard que Vilikovsky prend pour modèle, auteur autrichien internationalement célébré, qui dénigre son pays. Le narrateur est accompagné de Gabo et Dusan, poètes et écrivains slovaques avec lesquels il entretient des conversations littéraires et se livre joyeusement à la boisson.

Sucre noir, Miguel Bonnefoy (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages poche

Sucre noir, avril 2019, 192 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages poche

 

Mâtiné d’exotisme, d’âpreté et de plongée sociale, le roman du très jeune romancier français, aujourd’hui en résidence d’écriture à la Villa Médicis sur le Pincio romain, éblouit par son sens de la narration, son écriture très soignée et des personnages hauts en couleurs qui donnent chair à l’histoire.

En pays caribéen, la quête d’un trésor, perdu trois siècles plus tôt, celui abandonné par Henry Morgan, anime soudain la vie de Severo Bracamonte et de ses proches.

Dans un village, où étonnamment une vieille dame vient faire office chaque année en poussant une porte qu’elle ouvre et ferme seule, Severo, Serena Otero, sa femme, leur « fille » Eva Fuego fouillent les alentours pour découvrir ce « trésor » tant vanté.

La plantation des Bracamonte fournit le meilleur rhum de la région et elle s’épanouit au fil des années.