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Les Livres

Vous allez en voir de toutes les couleurs ! Deuxième partie : selon l’histoire (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 16 Mars 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Bleu, Histoire d’une couleur (240 pages) ; Noir, Histoire d’une couleur (288 pages) ; Rouge, Histoire d’une couleur (256 pages) ; Vert, Histoire d’une couleur (288 pages), Michel Pastoureau, Seuil/Points, novembre 2020, chaque volume 9,90 €

 

Dans la première partie de cette chronique, le point de vue philosophique sur la perception des couleurs a été évoqué au travers d’un essai signé Claude Romano, De la couleur. Romano débute cet essai par un aperçu aussi complet qu’idéalement succinct des théories relatives à cette perception. Mais il existe une autre histoire, au moins aussi passionnante, qui n’est pas celle de la perception des couleurs, mais bien celle de leur place évolutive dans notre société, du rapport symbolique en particulier que nous entretenons aux couleurs, aussi bien documentée que très éloignée de toute considération pseudo-ésotérique mêlée à un rien de numérologie.

Élise ou l’abri de lettres, Isabelle Pouchin (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 15 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Élise ou l’abri de lettres, Isabelle Pouchin, Gaspard Nocturne, 2017, 180 pages, 19 €

 

Le titre de ce livre nous met sur la voie de la musicalité : comment ne pas penser à la Lettre à Élise devant cet abri qui nous est proposé ?

C’est d’abord dans sa forme que ce texte s’affirme : il suffit de feuilleter quelques pages pour découvrir qu’il s’articule autour des lettres de l’alphabet, ce qui donne à penser qu’on cherche là à retrouver le sens ou l’essence de certains mots, voire à leur donner un nouveau sens. Et pourquoi une telle intention ? Par-delà cette forme qu’on pourrait apparenter à un dictionnaire intime, nous sommes bel et bien confrontés à la situation d’un roman : depuis cinq ans, plusieurs hommes et femmes survivent tant bien que mal dans un endroit des Cévennes, après une Catastrophe (systématiquement écrite avec une majuscule) qui a décimé un grand nombre de leurs congénères. Ils sont passés par des étapes de cruauté qui les ont subjugués eux-mêmes. Revenus à un âge de pierre qu’ils assument comme ils peuvent, ils n’en ont pas moins le souvenir de la civilisation passée : c’est parce qu’elle a retrouvé un dictionnaire qu’Élise se met à écrire un journal à partir des mots qu’elle croise.

Les Infiltrés, L’histoire des amants qui défièrent Hitler, Norman Ohler (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 15 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, Payot

Les Infiltrés, L’histoire des amants qui défièrent Hitler, Norman Ohler, mai 2020, trad. allemand, Olivier Mannoni, 424 pages, 22 € Edition: Payot

 

Les sociologues ont montré depuis longtemps que le prénom constitue un marqueur social (en y réfléchissant un peu, cette « découverte » ressemble, comme souvent en sociologie, à un enfoncement de portes ouvertes). Se peut-il qu’un prénom soit également une figure du destin ? Femme libre dans tous les sens du mot, elle portait le prénom rare et peut-être unique de Libertas. Son mari, Harro Schulze-Boysen, incarnait à lui seul une page de l’histoire allemande : on trouvait dans son arbre généalogique l’amiral Alfred von Tirpitz (le plus grand navire de la marine de guerre allemande porta son nom) et Ferdinand Tönnies, un des fondateurs de la sociologie. Le grand-père de Libertas, le prince Philipp zu Eulenburg, fut l’ami intime du Kaiser Guillaume II et même davantage, faisant partie du cercle masculin qui se réunissait autour de l’Empereur manchot pour des séances de spiritisme et des parties fines.

Des âmes vagabondes, Anthologie de poètes symbolistes bulgares, Collectif/Kavaldjiev (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Mars 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Pays de l'Est, Poésie

Des âmes vagabondes, Anthologie de poètes symbolistes bulgares, Collectif/Kavaldjiev, éditions Le Soupirail, octobre 2020, trad. bulgare, Krassimir Kavaldjiev, 226 pages, 25 €

 

Qui écrit ?

Il m’est difficile de prendre mon stylographe pour évoquer ce livre très intéressant consacré à une anthologie de poètes symbolistes bulgares. Tout d’abord parce que l’angle du symbolisme est aigu au regard de ce je connais – ou ne connais pas – de la poésie bulgare. Ensuite, d’autres connaissances de la littérature bulgare en général m’auraient été utiles pour distinguer mieux les points éminents et ceux qui le sont moins – à l’exception ici des deux poétesses dans le corpus des quatorze poètes recensés, qui m’ont paru plus remarquables. Cette indistinction relative tient aussi à ce que je cherchais en lisant. J’essayais de trouver un angle, pour décider qui écrivait, qui chantait, qui disait. Et donc à travers ces présentations de poètes et poétesses, assez renseignées biographiquement, et également par un volume important de poésies pour chacun des auteurs, je pensais trouver une ligne commune dans ce que j’appellerais ici la « bulgaricité ».

Douze palais de mémoire, Anna Moï (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 12 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Douze palais de mémoire, février 2021, 204 pages, 19 € . Ecrivain(s): Anna Moï Edition: Gallimard

 

La mémoire, nous dit-on fréquemment, est essentielle pour la transmission, la cohésion d’une communauté, le maintien de valeurs morales indispensables au bon fonctionnement d’une société équilibrée. Dans les pays de tradition bouddhiste, où le culte des ancêtres joue un rôle dans la mémoire de chacun, les mécanismes de la mémoire peuvent faire appel à d’étranges associations.

Anna Moï a beaucoup traité dans ses précédents romans le thème de l’exil des Vietnamiens, comme par exemple Nostalgie de la rizière. Dans Douze palais de mémoire, Anna Moï décrit la fuite, à bord d’une embarcation de fortune, d’un groupe de Boat People, ces réfugiés qui ont décidé de quitter le Vietnam après la victoire des communistes et la chute de Saïgon en avril 1975. L’auteure s’attache plus particulièrement à Khanh, et à sa fille Tiên, âgée de six ans. Khanh, dont le père a exercé les talents d’astrologue, a reçu de ce dernier les grandes lignes directrices de son thème astral : la configuration de ses douze palais, le palais désignant un domaine précis, « Finances, Immobilier, Carrière, Amis, Parents, Voyages, Destinée, Santé, Fratrie, Mariage, Enfants, Mathématiques ».