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Les Livres

Nevermore, Cécile Wajsbrot (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Nevermore, Cécile Wajsbrot, éditions Le Bruit du temps, février 2021, 260 pages, 19 €

 

Force et gravité sont les maîtres-mots pour qui découvre l’univers de Cécile Wajsbrot. La littérature est à ses yeux une manière unique d’appréhender la vie, de l’accepter dans toutes ses dimensions, d’en évoquer les douleurs, les vides, d’en pointer les non-dits, d’explorer aussi bien l’intime que l’Histoire, au moyen d’une écriture riche en sonorités, aux amples digressions, au rythme lancinant.

Aucune page de ses romans, de ses récits, de ses nouvelles, qui ne reflète la cohérence de cet univers, qui ne soit également le lieu où se nouent et se dénouent inlassablement, au gré de la mémoire, les liens qui font sens, ôtant cette part de non-sens qui loge en chacun de nous et à travers le monde.

Nevermore, son plus récent roman, marque une étape importante de cette quête indispensable. Rarement l’auteur de Mémorial, du Tour du lac et de Beaune-la-Rolande se sera-t-elle à ce point exposée pour exprimer au plus juste ce qui justifie, à la faveur de chacun de ses livres, les hésitations, le doute et l’approfondissement.

Le Peintre et le Gouverneur, Jean-François Laguionie (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Le Peintre et le Gouverneur, Jean-François Laguionie, mars 2021, 118 pages, 17 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

C’est un roman tout en couleurs.

Dans une région sans nom soumise à un régime totalitaire, Zoltan, un jeune peintre, est chassé de l’Académie des Beaux-Arts au motif que sa peinture est soudain considérée comme dangereusement subversive : elle ne correspond pas aux règles de l’art fixées par les idéologues au pouvoir, elle est vivante, elle tend à exprimer la réalité, la vraie réalité, celle que voient ses yeux, ce qui est intolérable dans un état où la seule réalité qui vaille, qui puisse être visible, vue et reproduite, est celle, artificielle, normée, dont la perception est imposée par les autorités.

Ce que vous faites n’est pas acceptable… Et représente même… comment dirais-je ?… un danger ! – Un danger ?… – Entre nous, mon ami… que désirez-vous montrer en peignant cette toile ?… On dirait que vous voulez peindre la vie !… Je ne comprenais pas. Je ne voulais rien montrer du tout. Bien sûr que la peinture doit peindre la vie. Que peut-elle peindre d’autre ?

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee, Éditions Saint-Simon, octobre 2020, 377 pages, 22 €

Enfant, Martin, entouré de sa grand-mère Sarah et de sa mère Lidia, habite un petit village dans la région du Chaco paraguayen. La famille est pauvre. Malade, il sera guéri par le chaman de la tribu indigène chamacoco qui dira à son endroit : « garçon doit vivre, garçon très important ». Plus tard, il fait la connaissance d’Ogwa, un petit Indien guarani avec qui il joue. Il passe des heures insouciantes près de la rivière avec son camarade et un harpon pour pêcher le poisson. En 1947, avec sa famille, il rejoint par le bateau la ville de Notre-Dame-Sainte-Marie-d’Asunción, pour s’installer à San Lorenzo. Comme ils sont pauvres, Martin après avoir bu une guampa (récipient) de maté tôt le matin va vendre des empanadas de mandioca (sorte de beignet salé) avant de rejoindre l’école España où il fait l’apprentissage de l’espagnol, le castellano. C’est un bon élève. Diplômé d’agronomie, il fait la rencontre en 1954 de sa future femme, Celestina. En 1963, ils décident avec son épouse de créer une école qu’ils baptiseront Juan Bautista Alberdi en souvenir d’un éducateur argentin, et utilisent une méthode pédagogique inspirée du Brésilien Paulo Freire s’adressant aux plus défavorisés. Martin s’engage dans le syndicalisme. Parallèlement, il poursuit ses études de droit et devient avocat en 1968.

Le Cycle d’Oz, Lyman Frank Baum (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 10 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Le Cycle d’Oz, Lyman Frank Baum, Le Cherche-Midi, 2013/2015, trad. Blandine Longre, Anne-Sylvie Homassel, 1340 pages (3 volumes), 58 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Entre 2013 et 2015, Le Cherche-Midi a pris l’initiative de publier les œuvres de L. Frank Baum autour du pays d’Oz, classiques éminents aux Etats-Unis : on retrouve ainsi dans ce Cycle les six premiers romans de la série. Jusqu’en 2013, seules les trois premières œuvres avaient fait l’objet de traductions intégrales en français, celles-ci étant parues chez Flammarion (Bibliothèque du Chat Perché) entre 1979 et 1982 – ce qui, soulignons-le, se révèle extraordinairement tardif quand on sait que Le Magicien d’Oz, premier roman de la série, fut publié pour la première fois en 1900 avec un grand succès. Soit dit en passant, tout le monde connaît l’histoire de ce roman, l’œuvre originale étant souvent éclipsée par l’adaptation cinématographique qu’en fit Victor Fleming en 1939.

Ce Cycle d’Oz, outre l’imparable classique cité plus haut, réunit Le Merveilleux Pays d’Oz (1904), Ozma du pays d’Oz (1907), Dorothy et le Magicien au pays d’Oz (1908), La Route d’Oz (1909), et La Cité d’Emeraude (1910) : grâce aux traductions de Blandine Longre et d’Anne-Sylvie Homassel, il nous est donné accès à l’incroyable richesse imaginative de L. Frank Baum.

Fracture du souffle, François Mary (par André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Mercredi, 10 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Fracture du souffle, François Mary, ErosOnyx éditions, Coll. Eoliens, janvier 2021, 74 pages, 13,50 €

 

La poésie ne peut être un exercice de style ou un pur jeu de langage. Elle est bien plus que cela. Elle est mise à nu, exposition d’une vie au tranchant des mots. Epreuve de vérité pour le poète par ce qu’elle dévoile et qu’il lui faut affronter. Il n’y a pas d’échappatoire.

François Mary, qui nous a déjà donné un très beau texte sur son père (« Père », dont on a rendu compte ici), nous livre aujourd’hui un nouveau recueil de poèmes, un ensemble très cohérent, fort, sans concession, aux images souvent crues, dans la réalité de sa vie d’homme. Une vie traversée, bouleversée, piétinée même par la rencontre qu’il fait de « garçons farouches, anges de chair » à la beauté sauvage, puissante, terrible, qui croisent sa route et dont le recueil tout entier, dédié notamment à l’un d’eux, son compagnon d’infortune disparu à trente ans, témoigne. Ses « anges d’orage, toujours en colère » qui surgissent « dans la fracture du souffle ». Pour eux il ressent un désir âpre, violent, dont il ne cache ni le caractère trouble ni la noirceur, et qui l’emporte jusqu’aux limites de lui-même.