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Les Livres

Ce qui n’existe plus, Krishna Monteiro (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 04 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Langue portugaise, Nouvelles

Ce qui n’existe plus, Krishna Monteiro, Le Lampadaire, février 2020, trad. portugais (Brésil) Stéphane Chao, 100 pages, 10 €

 

Un recueil de sept nouvelles de longueur inégale, le titre de la première étant éponyme de celui du livre.

 

Ce qui n’existe plus

La première fois que je t’ai vu après ta mort, tu te tenais debout dans le salon.

Cet incipit annonce, en accord avec le titre, ce qui sera le fil infra-textuel de l’ensemble des sept nouvelles. Le narrateur personnage de ce premier texte, à partir de cette vision initiale, remonte, en un erratique et onirique voyage dans le temps, les années jusqu’à son enfance et sa relation bibliophile avec un père lettré dans la bibliothèque de la grande et labyrinthique maison familiale de style colonial de la rue Varzea, dont les décors apparaîtront plus ou moins furtivement dans d’autres nouvelles.

Les Animaux dénaturés, Vercors (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 03 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

Les Animaux dénaturés, Vercors, 222 pages, 4,50 € Edition: Le Livre de Poche

 

Le roman s’ouvre sur un infanticide immédiatement revendiqué par Douglas Templemore. Comment ce journaliste de trente-cinq ans, passionné de littérature et jeune époux très amoureux de Frances, est-il devenu assassin ? Tout commença, lors d’une expédition qu’il accompagnait en Nouvelle-Guinée, par la découverte des Tropis. Mais ces êtres sont-ils des hommes ou des animaux ? Les passions vont se déchaîner autour de la question.

 

« Si la cour voulait simplement nous rappeler… la… quoi, la définition de l’homme, la définition ordinaire, enfin celle dont on se sert en général, quoi, la définition légale, juridique… est-ce que… quand même, cela ne déborderait pas les attributions de la cour ?

– Non, dit le juge en souriant ; toutefois, cette définition légale, il faudrait d’abord qu’elle existe. La chose est étrange peut-être, mais le fait est qu’elle n’existe pas » (Chapitre XIV)

La femme est une sorcière comme les autres (deuxième partie) (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 03 Mars 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Terry Pratchett, éditions Pocket (trad. anglais, Patrick Couton) :

Les Ch’tits hommes libres, novembre 2011, 320 pages, 7,60 €

Un chapeau de ciel, novembre 2012, 352 pages, 7,95 €

L’Hiverrier, février 2015, 416 pages, 7,95 €

Je m’habillerai de nuit, juillet 2020, 456 pages, 8,40 €

La Couronne du berger, février 2021, 368 pages, 7,95 €

 

(Après avoir évoqué un très bel ouvrage de Paré et un classique absolu de Michelet, le chroniqueur continue l’aveu de son ensorcellement absolu… Il rebondit sur la figure de la sorcière évoquée par Michelet, bondissant d’un coup de balai de l’historien à l’auteur de fantasy…)

Le Jour des corneilles, Jean-François Beauchemin (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 02 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Québec, Libretto

Le Jour des corneilles, Jean-François Beauchemin, 147 pages, 8,10 € Edition: Libretto

 

Il est fréquent de lire, sous la plume de critiques standardisés, « on ne sort pas de ce roman indemne ». Eh bien, pour une fois, nous allons le dire. Ce livre atteint auditivement, linguistiquement, lexicalement ! Et sa musique stupéfiante reste dans vos yeux et dans vos oreilles pour très longtemps. Plutôt que de vous expliquer pourquoi, voici comment Jean-François Beauchemin nous accueille dans son roman :

« Père avait formé de ses mains cette résidence rustique et tous ses accompagnements. Rien n’y manquait : depuis l’eau de pluie amassée dans la barrique pour nos bouillades et mes plongements, jusqu’à l’âtre pour la rissole du cuissot et l’échauffage de nos membres aux rudes temps des frimasseries. Il y avait aussi nos paillasses, la table, une paire de taboureaux, et puis l’alambic de l’officine, où père s’affairait à extraire, des branchottes et fruits du genièvre avoisinant, une eau-de-vie costaude et grandement combustible » (NDR : Le correcteur du traitement de texte utilisé pour rédiger cet article a souligné 7 mots dans la citation qui précède. Il aurait pu faire mieux !).

La vie joue avec moi, David Grossman (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 02 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil, Israël

La vie joue avec moi, octobre 2020, trad. hébreu, Jean-Luc Allouche, 329 pages, 22 € . Ecrivain(s): David Grossman Edition: Seuil

 

Trois voix de femme(s) qui viennent se briser et se relancer autour d’un homme-rocher débonnaire, Raphaël (« Dieu guérit »), beau-fils, époux et père. Ce n’est pas à lui qu’elles se content, mais il est là pour filmer, l’accessoiriste, mais aussi en grande partie le révélateur, le signifiant. A-t-on le choix ? A-t-on le droit de choisir ? En a-t-on la réelle possibilité ?

Véra, qui revient en compagnie de sa fille, Nina, de sa petite-fille, Guili, et de son beau-fils, Raphaël, sur l’île pénitentiaire où elle a été captive pendant deux ans et demi, n’a aucun doute à ce sujet : il n’y a pas de place, pas la moindre, pour le regret, pas de place pour un soupçon de doute : il n’y avait rien d’autre à faire, à dire. Elle n’a pas le plus petit regret, d’ailleurs sait-elle ce que c’est ? de n’avoir pas tenté, essayé… de permettre à sa fille, alors âgée de six ans, de vivre avec elle, ailleurs. Il n’est pas impossible de faire le choix – ou de croire qu’on l’a – de trahir son mari mort ou sa fille vivante, ce choix n’est pas nié, tout simplement pour Véra, il n’existe pas, il n’est pas.