A la mémoire de Conrad Detrez et David Wojnarowicz
A quoi reconnaît-on un auteur important ? A la place qu’il occupe en son siècle, moins comme témoin que comme voix, petite musique, grincement, conscience malheureuse parfois ? A son monde, que l’on identifie en quelques lignes ? A sa langue et à son influence ? Aux pages insignifiantes qu’il s’est gardé de publier ? Hervé Guibert, mort du SIDA le 27 décembre 1991 à trente-six ans, fut un auteur important. Quiconque a eu vingt ans vers 1985, ayant ou non partagé ses préférences sensuelles, ayant été touché ou non, de près ou de loin, par la pandémie, ne peut être resté indifférent à ses livres et à sa trajectoire, exemplairement lumineuse et douloureuse.
A quoi reconnaît-on un livre important sur un auteur important ? A la manière dont il vous happe ; aux perspectives qu’il découvre. L’essai biographique de Maxime Dalle, Dans les braises d’Hervé Guibert, est un livre important.