Ayiti
Le ciel sans boussole, le premier roman du poète Watson Charles, né en 1980, commence comme une balade américaine, où deux amis, Jackson et Rodrigue, parient sur le hasard des chiffres qui peuvent porter chance. En votant, par exemple, le numéro de loterie 66, un avatar du nombre 666 qui, dans l’Apocalypse, est le « Nombre de la Bête ». Ces deux compagnons de route, originaires d’Ayiti (Haïti), organisent des paris de dés clandestins, au milieu de processions religieuses et de fêtes. Entre les ventes d’« objets religieux », des plats locaux préparés à base de « haricots rouges », de « cabri », de « pain patate », un étrange personnage s’immisce dans la foule. L’ambiance ressemble à celle de la cour des Miracles, du parvis de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, où « bondées, les allées sont peuplées de gueux et de truands ». Sauf que cela se passe à « Belle Fontaine » et que ce n’est pas Esmeralda qui retient l’attention, mais un « ancien (…) croque-mort ».