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Les Livres

Murcie, sur les pas d’Ibn Arabi, Fawaz Hussain (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 25 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Murcie, sur les pas d’Ibn Arabi, Editions du Jasmin, septembre 2020, 138 pages, 18 € . Ecrivain(s): Fawaz Hussain

 

Les déclinaisons d’un voyage

En ouvrant le livre de Fawaz Hussain et en parcourant les premières pages, le lecteur est amené immanquablement à s’interroger sur la nature de ce récit. A se référer au titre « Murcie, sur les pas d’Ibn Arabi » on se dit que ce pourrait être un simple récit de voyage vers le sud de l’Espagne, tant on parcourt Murcie, sa vieille ville et ses environs, avec l’auteur comme accompagnateur. Mais c’est bien plus que cela. Il nous est proposé ici un voyage multiple, décliné sous de nombreuses formes, un véritable kaléidoscope où il est question d’histoire collective et personnelle, d’imaginaire et encore de spiritualité.

Tout commence d’abord par un coup de fil reçu par le personnage principal, Faramarz Hajari, un romancier kurde qui vit depuis de nombreuses années à Paris. Indubitablement, le double littéraire de l’auteur. On lui propose de participer à un colloque sur l’exil, à Murcie, la ville d’Ibn Arabi, ce grand métaphysicien et poète mystique de langue arabe du XIIème/XIIIème siècle.

Dis-moi quelque chose, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 25 Mai 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Arfuyen

Dis-moi quelque chose, Yves Namur, Arfuyen, mars 2021, 156 pages, 14 €

 

Il s’agit aujourd’hui moins d’accroître nos connaissances

que de nous dépouiller, afin de retrouver

ce que devraient garder toute leur vie les hommes :

une fraîcheur de vision pareille à celle des enfants.

Michel Leiris

Ostinato

J’ai hésité à commencer une recension du recueil de Yves Namur, que publient les éditions Arfuyen, par crainte de compromettre l’intégrité de ce livre. Cette première hésitation se justifie en partie par la variété des points de vue que j’ai portés sur cette lecture. Ainsi, cette phrase répétée qui revient dans les 115 poèmes du volume, ne limite pas le champ de l’explication ni celui de la sensation. J’ai pris cette anaphore comme un rythme musical, un ostinato comme on en rencontre dans le Boléro.

Comme si de rien n’était, Alina Nelega (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 21 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Comme si de rien n’était, Alina Nelega, avril 2021, trad. roumain, Florica Courriol, 304 pages, 22 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Transylvanie, entre gel et dégel

La narration du roman d’Alina Nelega, Comme si de rien n’était, suit la chronicité de l’existence de Cristina et de son amie Nana, scolarisées dans un lycée réservé aux enfants de l’élite roumaine, de 1979 à 1989. L’intrigue se déroule principalement en Transylvanie, dans la Roumanie des dix dernières années du régime des époux Ceausescu, couple autour duquel est déployé le culte de la personnalité, décliné à travers les médias et la culture. Des sanctions brutales sont employées contre quiconque tente de passer la frontière et de s’enfuir. La surveillance, la justification d’un quelconque acte considéré comme subversif, sont les oukases de la morale en place, suivis de mises en demeure terrorisantes. Les palpitations amoureuses naissantes entre les deux adolescentes transcendent le contexte dramatique des petites gens, que l’on laisse mourir à l’hôpital, prolétaires qui habitent des immeubles « puant la cigarette et la moisissure ».

Céleste et Marcel, un amour de Proust, Jocelyne Sauvard (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 21 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les éditions du Rocher

Céleste et Marcel, un amour de Proust, Jocelyne Sauvard, avril 2021, 336 pages, 19,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Ce trente-deuxième livre de J. Sauvard est un roman, bien sûr, mais qui se nourrit de La Recherche, des carnets de Céleste Albaret, et d’une grande connaissance des années 1918-1922, les dernières que Proust a vécues, dans les deux dernières de ses résidences : 102, boulevard Haussmann, et 44, rue Hamelin.

Céleste Albaret fut pour Proust, durant dix ans, une confidente, une gouvernante, une cuisinière, une correctrice, une amie. C’est elle, bien sûr, qui laissait entrer ou refusait toute personne désireuse de rencontrer le grand écrivain, reclus dans sa chambre d’écriture.

La romancière et essayiste Jocelyne Sauvard trame un texte romancé qui est tissé de plusieurs couches : il y a le récit des dernières années, riches en événements, en médications ; il y a les pages des carnets que Céleste tenait comme un journal, et il y a aussi, entrelardée dans le fil du texte, l’intervention d’une jeune fille amoureuse de Proust et de sa Recherche.

Seule, aux confins, Choix de poèmes, Pascale Goëta (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 21 Mai 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Seule, aux confins, Choix de poèmes, Pascale Goëta, Editions du Levant, janvier 2021, 96 pages, 16 €

 

Chanter en temps d’emmurement, est-ce bien raisonnable ?

« Si tu parles aux murs, fais attention, je te préviens fais attention. Les murs sont comme ces plantes bizarres qui semblent fermées et quiètes. Mais ce n’est pas vrai. Un moment, ou l’autre, elles s’ouvrent subrepticement – c’est toujours au contact d’une proie ingénue – et elles se referment vous ayant happé irrémédiablement, et assimilé. Et vous êtes encore là à les regarder comme si rien ne s’était passé… » (jour 50, Guy Levis Mano).

Ce « Journal de Confinement » (du 17 mars au 11 mai 2020), qui est plutôt comme le dit son sous-titre « Journal poétique en temps de confinement », a une triple originalité : d’abord son auteur (Pascale Goëta) l’a fait écrire, exclusivement, par d’autres – des poètes qu’elle connaît et qu’elle aime, dont elle choisit chaque jour quelque chose ; ensuite elle poste chaque soir sur YouTube sa lecture directe du poème ; enfin elle ajoute une image, un discret accompagnement musical, et ne montre d’elle que sa voix.