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Les Livres

Le réveil de la bête, Jacques Moulins (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 02 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Gallimard

Le réveil de la bête, Jacques Moulins, Gallimard, Coll. Série Noire, septembre 2020, 375 pages, 18 €

 

Apparemment Maryam Binebine est une jeune femme comme une autre. Après une semaine de travail passée derrière son ordinateur, elle ne dédaigne pas de s’encanailler un peu. D’ailleurs pourquoi aurait-elle pris ses distances avec sa famille d’origine marocaine et se serait-elle affranchie de la présence de son tuteur de frère si ça n’était pour profiter un peu de sa liberté ? Ce samedi, il est à peine vingt heures qu’elle danse à Belleville chez Pepe. Elle s’amuse, se détend. Et puis le lendemain, son amie Salima Duval la découvre étendue, nue sur son lit, égorgée. Aussitôt, elle appelle la police et la commissaire Annick Lebèque de la police parisienne qui ne peut que constater le décès.

Trois jours plus tard le commandant Deniz Salvere d’Europol et sa collègue Elsa Minetti, prévenus par la presse, sont là à « titre officieux ». Ils s’enquièrent auprès de leur collègue parisienne des circonstances du décès la jeune femme de trente-quatre ans. Il s’avère que Maryam était une « indic » de Salvere et que là où ce dernier voit un décès dû à des activités terroristes, son collègue d’Europol, Brenner, pense à un crime dû à la cybercriminalité islamiste.

Adeno Nuitome, Lola Molina (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 02 Juin 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Théâtre

Adeno Nuitome, Lola Molina, éditions Théâtrales, mars 2021, 60 pages, 10 €

 

La scène, la vie

Aborder un texte théâtral par la lecture est une entreprise ambiguë. Car cette lecture dans un fauteuil présente différemment cette expérience de la scène, de celle du théâtre au sens strict. Avec ce texte de Lola Molina, on reste bel et bien dans le spectacle de la vie, existence physique qui se dessine sous nos yeux. La seule nuance dans cette perception, c’est que l’on déduit de manière diffuse la biographie de l’auteure et la pure fiction ; là tout l’intérêt que j’ai porté comme liseur à cette pièce. En effet, cette impression qui se déduit de la biographie, porte à circonscrire la part vivante de cette espèce de prière d’insérer, c’est-à-dire une citation autobiographique qui flotte au sein du texte, un peu au hasard mais qui, ce faisant, saisit la sève des éléments d’une espèce de confession. Mais ici, pas de recherche de clés, ni de voyeurisme.

De plus, cette pièce tend vers le récit, le micro-récit, sorte de nouvelles denses et fragmentaires. Je crois que l’on est plus proche des pièces en un acte de Tchekhov que des dramaticules de Beckett.

La Trilogie de la Poussière, Livre 1, La Belle Sauvage & Livre 2, La Communauté des esprits, Philip Pullman (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Edition: Gallimard Jeunesse

 

La Trilogie de la Poussière, Livre 1, La Belle Sauvage (Folio, avril 2021, 544 pages, 9,30 €), & Livre 2, La Communauté des esprits (Gallimard, septembre 2020, 656 pages, 22 €), Philip Pullman, trad. anglais, Jean Esch

Philip Pullman (1946), avec la trilogie À la Croisée des mondes, a créé non seulement un phénomène éditorial à succès désormais transformé en série télévisée (après l’adaptation cinématographique du premier tome, sous le titre de La Boussole d’or, qui fut boudée par le public) et en bande dessinée, mais surtout un univers narratif à la fois complexe et cohérent, ce qui lui donne une paradoxale évidence. Pour faire simple, disons que Pullman, dont les romans ont été publiés en français par Gallimard tant sous l’étiquette « SF » que « Folio Junior » ou tout simplement « Folio », a brouillé les pistes avec intelligence : les romans de l’univers dans lequel Lyra Parle-d’Or évolue relèvent-ils de la science-fiction, de la fantasy, de la littérature à destination de la jeunesse, du roman d’aventure ou de la méditation sur l’existence d’univers parallèles avec un détour par un rien de physique quantique, et une magnifique tendance à dire des choses essentielles et puissantes sur la vie, en nous et autour de nous ? Bien malin qui pourrait répondre de façon absolue – mais bien moins malin qui omettrait l’essentiel :

De l’Écriture politique comme un art, George Orwell (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 01 Juin 2021. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Iles britanniques, Editions Louise Bottu

De l’Écriture politique comme un art, février 2021, trad. anglais, Pierre Grimaud, Polina Martinez-Naumenko, Frédéric Schiffter, 134 pages, 13 € . Ecrivain(s): George Orwell Edition: Editions Louise Bottu

 

Si célèbre soit-il, George Orwell est paradoxalement un écrivain méconnu. L’édition massive de ses œuvres complètes, que Peter Davison et ses collaborateurs publièrent en vingt volumes (auxquels ils ajoutèrent en 2006 un supplément, The Lost Orwell) et qui compte neuf mille pages, est presque entièrement dissimulée derrière un livre, un seul. Disons-le sans méchanceté : il faut parfois beaucoup d’indulgence pour trouver de l’intérêt à certaines de ses autres productions, lesquelles n’eussent probablement jamais été rééditées si elles n’avaient eu le même auteur que 1984. On ajoutera que, même si le titre d’une œuvre ne fait pas tout, Orwell se montra peu inspiré dans ce domaine. Qui acquerrait de son plein gré et sans être mu par une curiosité malsaine un volume intitulé Keep the Aspidistra Flying (la traduction française est encore plus repoussante, qui propose Et vive l’aspidistra !) ? Le recours à l’anthologie paraît donc une solution de bon sens et celle-ci est de grande qualité.

Le rapport sexuel n’existe plus, Philippe de Jonckheere (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 31 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Inculte

Le rapport sexuel n’existe plus, Philippe de Jonckheere, février 2021, 300 pages, 18,90 € Edition: Inculte

Qu’un homme puisse éjaculer à la vue d’une pantoufle ne nous surprend pas, ni non plus qu’il s’en serve pour ramener le conjoint à de meilleurs sentiments, mais personne assurément ne peut songer qu’une pantoufle puisse servir à apaiser la fringale, même extrême, d’un individu.

Jacques Lacan (1901-1981, psychanalyste français)

Entre autofiction et séance de psychanalyse étalée sur près de 300 pages, dans Le rapport sexuel n’existe plus, l’auteur est son propre personnage, endossant son propre nom et une partie en tout cas de sa vraie vie. Le fait que le récit prenne place en 2022 et s’achève en 2024 invente une distance temporelle avec ce qui semble pourtant être un véritable journal intime. Récit à visée thérapeutique pour guérir la douleur d’une déception amoureuse, dont l’auteur – cinquantenaire, se décrivant lui-même comme obèse et obsédé par l’arrivée de l’andropause qui vient alourdir le bilan d’une vie sexuelle de plus en plus fantasmatique – n’arrive pas à se défaire. Autoflagellation, autodérision, décorticage hyperlucide de son manque de lucidité, c’est grâce à son grand humour que l’auteur/personnage se rattrape toujours et parfois in extremis avant la chute dans le pathétique.