On les appelle les romans d’entreprise, ces récits consacrés aux transformations douloureuses auxquelles sont confrontés les salariés d’entreprises délocalisées, détruites, anéanties par le cynisme d’actionnaires cupides ou par l’imprévoyance des gestionnaires. Nathalie Kuperman, dans Et pourtant nous étions des êtres vivants, a restitué la souffrance des salariés d’un laboratoire, promis à la fermeture. Dans Ils désertent de Thierry Beinstingel, c’est le management moderne qui est dénoncé, l’impératif de virer les anciens, forcément archaïques et dépassés… Isabelle Stibbe, sans être issue du milieu ouvrier, a su décrire les derniers soubresauts d’une fonderie et les espoirs des sidérurgistes de Lorraine de voir se ranimer un jour la flamme des hauts fourneaux dans son roman Les Maîtres du printemps.
Étienne Longueville, dont c’est le premier roman, s’inscrit dans cette belle série ; il décrit le sort des salariés de l’usine de Plaintel, fermée en septembre 2018. Cette usine, nous dit l’auteur dans la postface du roman, est imaginaire ; le récit s’inspirant de l’histoire de l’Usine Giffard ouverte à Plaintel en 1974.