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Les Livres

Rien n’est perdu Tout est perdu, Philippe Leuckx (par Eric Allard)

, le Lundi, 30 Août 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Rien n’est perdu Tout est perdu, éditions Les Lieux-Dits, Coll. Cahiers du Loup bleu, juillet 2021, 36 pages, 7 € . Ecrivain(s): Philippe Leuckx

 

Ce recueil de Philippe Leuckx s’inscrit sous le signe du retour (« Chaque jour je reviens vigile / border l’enfant perdu » (…) « Neige revenue poudrer / le ciel de marbre »). « Un air de printemps » imprègne ses pages même s’il charrie de récentes et durables blessures.

En coulant les anciennes fatigues dans le renouveau printanier, sans évacuer la mélancolie qui garde trace des affects, dans cette confiance accordée à la nature et aux éléments, le poète fait le pari de la vie sans cesse recommencée.

Poésie ultrasensible que celle de Leuckx qui ne verse jamais dans l’impudeur des sentiments et des douleurs. Pas de détails expressément narratifs, d’exposition de soi sans le filtre du verbe : le poète y met les formes, il s’agit d’habiller les affects pour les déposer sur la page, dans ce souci de partage avec le lecteur qu’est pour lui l’écriture. Le domaine de l’intime est précieux, il réclame des trésors de soin.

La mélodie sans les paroles, Catherine Benhamou (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 30 Août 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La mélodie sans les paroles, Catherine Benhamou, juin 2021, 80 pages, 12 €

 

Emily Dickinson : des vérités

Cette pièce de théâtre a pour sujet la vie d’Emily Dickinson, en prenant le parti non pas d’une vérité biographique mais d’une vérité intérieure à la poétesse américaine. De fait, ce sont deux vérités qui s’affrontent : la vie de l’autrice et le féminisme de Catherine Benhamou. Ainsi le petit nombre de personnages susceptibles d’incarner un raisonnement féministe se retrouve autour de la mort du père. Et aussi dans le rapport de genre. Donc : deux explications, deux tentatives de véridicité, personnelles et interprétées. Le but visé, je crois, étant de faire de l’existence de l’autrice un exemple de défense de la condition féminine, en tout cas dans le prisme de la dramaturge.

Voyage littéraire à deux vitesses : celle de la dramaturge et celle d’Emily Dickinson, qui se rencontrent ici dans un même projet intellectuel – plus sans doute que celui de restituer la phrase de la poétesse. C’est une découpe socio-politique, l’histoire des combats des femmes à quoi nous assistons.

La langue du pic vert, Chantal Dupuy-Dunier (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La langue du pic vert, Chantal Dupuy-Dunier, éditions La Déviation, août 2021, 284 pages, 20 €

 

Le discours aux oiseaux

La langue du pic vert, le premier roman de Chantal Dupuy-Dunier, traite de la volonté d’un jeune homme d’élaborer un langage crypté et un discours aux oiseaux. Ainsi, Sylvain Breuil, le héros – « s’il vint » du « bois », – se trouve en lien avec le monde sylvestre, par hétéronomie, dans le sens où l’entend Kant, c’est-à-dire dans une dépendance à l’égard de mobiles pathologiques sensibles ou d’une loi extérieure. Ici, il est dépendant d’une passion ornithologique, qui n’était prédestinée ni par son milieu ni par ses études. Son intérêt pour l’univers des picidés prend forme durant le commencement de l’amnésie de son père. Pour Sylvain, cette préoccupation fébrile vient combler le néant de la maladie d’Alzheimer, et encore le néant et l’absence de sa mère morte en couches.

Bélibaste, Henri Gougaud (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

Bélibaste, 291 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Henri Gougaud Edition: Points

 

« Guillaume Bélibaste et tous ceux qui peuplent ce livre vécurent en ces temps de débâcle. Ils furent des gens de chair et de sens, non point comme vous et moi, car aucune vie n’est à une autre comparable, mais comme Dieu, ou le hasard, les fit ».

Nous connaissons la langue d’Henri Gougaud, la musique qui s’y loge, chaque mot dans son ton et entre, son essence. Sa partition. Chacun porte une image en mouvement et en fait son icône.

Le père. La première figure. Le quartier de pomme à la pointe du couteau. Les gueules des frères Bélibaste et le cadet, Guillaume. La maison de pierres. Les sécheresses meurtrières. XIIIe siècle, Sud-Ouest, Pays Cathare. Un meurtre.

Menacé d’être dénoncé, pour le meurtre ou la foi qu’il n’a pas, Guillaume doit fuir. De Cubières à Rabastens. Entre les gens d’armes et les gens d’église. « Misérables honneurs qui firent des docteurs du Christ des mercenaires du diable ! ».

Le Cerf-volant, Laetitia Colombani (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Le Cerf-volant, Laetitia Colombani, juin 2021, 208 pages, 18,50 € Edition: Grasset

 

L’Inde, les personnages féminins, la misère, forment le tableau sombre du nouvel opus de Laetitia Colombani, que La Tresse a largement fait connaître. On retrouve ici, dans cette histoire dramatique, les communs dénominateurs du livre La Tresse. Une Française Léna, venue en Inde, pour apurer un chagrin, tombe réellement amoureuse de ce pays d’accueil. Par un concours de circonstance, une petite fille de la sous-caste des Intouchables bouleverse sa vie. On est plongé, avec ce livre, dans l’Inde injuste des castes, dans la misère noire des exclus, des lois discriminatoires qui font que les plus pauvres n’ont guère droit à l’éducation et à la culture.

Léna, professeur autrefois en France, va tout faire pour offrir aux plus miséreux un brin d’éducation et d’apprentissage, et ce, au grand dam des parents, des autorités. La petite fille au cerf-volant, Latifa, Léna, Preeti, la cheffe d’une « Red Brigade » d’autodéfense, sont les personnages principaux de cette histoire prenante, directement axée sur la société indienne d’aujourd’hui, privilégiant les castes hautes.