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Les Livres

Pleine terre, Corinne Royer (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 09 Septembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Pleine terre, Corinne Royer, Actes-Sud, août 2021, 336 pages, 21 €

 

Comment un écrivain confirmé comme Corinne Royer va s’attacher à transformer un fait divers inspiré d’une réalité, qui s’est déroulé entre 2015 et 2017 en Saône et Loire, dans un pays essentiellement agricole, en une fiction ? En toute conscience et en toute liberté, elle choisit de prendre en charge et de porter avec brio le récit d’un paysan, Jérôme Laronze, éleveur obstinément attaché à sa ferme que sa famille possédait depuis plusieurs générations. Il portait un véritable amour à ses vaches. Il demandait juste de vivre dignement du travail de cette exploitation agricole et refusait de se plier à l’arbitraire. Dans ce nouvel ouvrage, Pleine terre, paru cet été aux éditions Actes Sud, Corinne Royer, par la magie, le sortilège et l’éclat de son écriture, va transformer les faits bruts en une épopée qui transforme chaque lecteur en témoin de ce récit qui se déroule sur deux ans. Cette fresque qui se termine en tragédie absurde, au fil des pages, l’auteure va la déployer en retraçant chacune des étapes de la vie de celui qui va, malgré lui, devenir un héros.

Amour profane, amour sacré, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Gallimard

Amour profane, amour sacré, Iris Murdoch, L’imaginaire Gallimard, 1978 (réédition janvier 2015), trad. anglais, Yvonne Davet, 450 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Iris Murdoch Edition: Gallimard

« La vie est absurde et en grande partie comique.

Là où la comédie fait défaut,

ce que nous avons,

c’est le chagrin, pas la tragédie ».

 

Tandis que dans sa villa de Locketts, Monty Small, riche et célèbre romancier, est absorbé par la souffrance du deuil de son épouse Sophie, tout semble tranquille chez ses voisins, les occupants de Hood House.

Là, David traverse les affres de l’adolescence, sa mère Harriet comble son besoin de câlins qu’elle n’ose plus lui prodiguer en adoptant régulièrement un chien abandonné, son père Blaise y exerce le jour la psychologie et se détend le soir par une lecture familiale rituelle et la réparation de menus objets.

Des milliers de lunes, Sebastian Barry (par Marie Duclos)

, le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Des milliers de lunes, août 2021, trad. irlandais, Laetitia Devaux, 240 pages, 21 € . Ecrivain(s): Sebastian Barry Edition: Joelle Losfeld

 

Lorsque l’on referme ce livre, on s’attend à tourner la tête et croiser le regard curieux et mélancolique de Winona Cole, orpheline indienne lakota, sur son mulet à la lisière d’une forêt. Son personnage est riche de ses origines mélangées à sa drôle d’éducation par deux hommes qui après avoir été soldats travaillent dans une ferme qui ne leur appartient pas. Nous sommes dans le Tennessee au cours des années qui suivent la guerre de sécession.

Très vite le lecteur vit les relations de ces personnes pauvres qui font au mieux pour élever Winona en compagnie de Lige, le propriétaire de la ferme, et Rosalee, ancienne esclave, et son fils, et qui travaillent dur. Les sentiments et émotions de chacun sont analysés avec le regard à la fois acéré́ et tendre de la jeune indienne. Le texte allie ainsi légèreté́, profondeur et poésie. La société́ américaine après la guerre est nourrie de violence à l’égard des indiens et des anciens esclaves. Les réflexes identitaires sont très présents.

Devant toi le jour, Ana Brnardić (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Devant toi le jour, Ana Brnardić, L’Ollave, juillet 2021, trad. croate, Vanda Mikšić, Brankica Radić, 63 pages, 13 €

« Du sol poussent de grandes oreilles qui nous servent

à communiquer. Nous ne comprenons pas un mot,

mais nous suivons le tâtonnement des langues » (p.14)

 

L’inspiration poétique, c’est comme une vie propre de la langue venant envahir la pensée. Et quand la langue (croate ici) est inconnue, il reste une vie tout court qui submerge la pensée. Cette vie se tient (on devine, grâce aux deux traductrices, sa cohérence, sa précision, sa fluidité ; on l’assimile même en voyant et entendant, aux Voix Vives de Sète, ce 24 juillet 2021, Ana Brnardić, 41 ans, lire parfaitement des textes à nous inintelligibles, mais qui sont manifestement à eux-mêmes l’unique arbitre de leurs harmonies physiologiques, de leurs affinités sonores, des nuances s’entre-visitant). La poète est là, calme, belle et juste, mais la vie des mots dépasse tout ce qu’elle peut en attendre et fixer : pas d’autre clairière dans leur « forêt vierge » que l’autorégulation d’un immense et inépuisable débit de sens. Comme dit le premier texte du recueil :

Encres lacérées, Muriel Augry (poèmes), Philippe Bouret (encres) (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Encres lacérées, Muriel Augry (poèmes), Philippe Bouret (encres), éditions CronEdit, 2020, trad. roumain, Valeriu Stancu, préface Emmanuel Pierrat, 62 pages, 12 €


La démarche diffère de celle poursuivie dans la plupart des créations littéraires du psychanalyste-auteur Philippe Bouret, à savoir qu’il s’agit avec Encres lacérées d’un accompagnement graphique de textes écrits postérieurement.

Muriel Augry – poétesse, essayiste et nouvelliste, distinguée en 1990 pour son essai Le cosmopolitisme dans les textes courts de Stendhal et Mérimée (éd. Slatkine) par le Prix Roland de Jouvenel de l’Académie française – a en effet, ici, écrit des poèmes à partir des Encres de Ph. Bouret.

La particularité de ce recueil consiste également dans une présentation bilingue des textes (français-roumain) – opus par ailleurs publié par des éditions sises à Iaşi en Roumanie où Muriel Augry dirige depuis 2019 l’Institut français de Roumanie.