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Les Livres

Voltaire et son lecteur, Essai sur la séduction littéraire, Sylvain Menant (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 28 Septembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Voltaire et son lecteur, Essai sur la séduction littéraire, Sylvain Menant, éditions Droz (Genève), avril 2021, 268 pages, 36,90 €

Comment devient-on non seulement l’écrivain le plus célèbre de son époque, mais encore celui qui, aux yeux de la postérité, paraît le mieux l’incarner (tout le monde comprend de quoi l’on parle lorsqu’on évoque « le siècle de Voltaire ») ? François-Marie Arouet ne provenait pas d’une lignée qui, à l’instar de la famille Bach, se serait de longue date distinguée dans les arts. Il dut sa renommée certes à son talent (bien qu’il ne fût pas le seul grand écrivain de son temps), mais également à une volonté implacable et continue de se hisser à la première place, d’accéder à un magistère intellectuel, à une royauté littéraire qui sera reconnue le 30 mars 1778, deux mois exactement avant sa mort. Et cette royauté ne fut elle-même pas exempte de paradoxes : en premier lieu, comment se fait-il que cet écrivain qui, au plan politique et esthétique, fut aussi conservateur qu’on pouvait l’être, professant de surcroît des opinions peu tolérantes (aussi longtemps qu’un candidat antérieur sérieux ne se sera pas présenté, il restera celui qui aura transformé le vieil antijudaïsme chrétien en antisémitisme racial et laïc – ce qui avait déjà heurté ses contemporains), en soit venu à incarner une période qu’on imagine dominée par les idées de liberté, de tolérance et de progrès ?

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper, trad. anglais (USA), Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 688 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui a donné naissance à la littérature américaine ? Vaine question, sujet à pinaillage universitaire, si l’on attend une réponse univoque et précise ; question intéressante si l’on prend plaisir à fréquenter des auteurs défrichant des territoires vierges, sans Histoire mais avec nombre d’histoires, des auteurs s’élançant depuis les lettres européennes pour migrer par-dessus l’Océan Atlantique et leur donner une forme nouvelle – même si la question est bien plus complexe qu’il y paraît. Le plus bel exemple est celui de Washington Irving, qui confronte le gothique aux vastes espaces, qui voyage entre l’Europe et New York, écrit sur les deux continents et crée de la sorte une œuvre originale – « américaine ».

Pas moins originale est l’œuvre de James Fenimore Cooper (1789-1851), qui rencontra un beau succès dès son second roman, L’Espion (1821), et acquit une renommée internationale avec les Histoires de Bas-de-Cuir, des romans historiques confrontant les valeurs d’une Amérique occidentalisée naissante à celles de ses premiers occupants, dont Le Dernier des Mohicans (1826) ;

L’Ange déchu, Chris Brookmyre (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Métailié

L’Ange déchu, Chris Brookmyre, mars 2021, trad. anglais (Ecosse) Céline Schwaller, 375 pages, 22 € Edition: Métailié

 

Dans un lieu isolé de l’Algarve au Portugal se trouve un groupe de trois maisons semblables mais de dimensions différentes. Deux d’entre elles sont occupées en 2018 par la famille Temple venue en pèlerinage disperser les cendres de celui qui fut longtemps le patriarche de la petite communauté, Max Temple. C’était un chercheur et un professeur de psychologie britannique reconnu ; y compris dans la sphère médiatique, pour sa méthode dé-constructionniste des thèses complotistes. Bretteur redoutable, il mettait à mal derrière le petit écran, pour le plus grand plaisir des spectateurs, les partisans des idées du complot. Ses livres caracolaient en tête des meilleures ventes sur les marchés y compris étrangers. Son épouse, Celia Wilde, avait eu son heure de gloire dans un série télévisée de science-fiction où elle jouait les superwoman à demi-dénudée. Marion, Rory, et Sylvie devenue Ivy Roan à la mort de sa fille Niamh, sont leurs trois enfants. Dans « la maison d’à-côté » logent Vince, un avocat canadien, Kirsten, son épouse, Aaron et Amanda, la jeune baby-sitter chargée de s’occuper de ce dernier.

Ajours, Un rêve autobiographique, Gérard Titus-Carmel (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ajours, Un rêve autobiographique, Gérard Titus-Carmel, L’Atelier Contemporain, septembre 2021, 750 pages, 25 €

 

 

Continuité/Discontinuité

Ce n’est que vers la fin de ma lecture de cet ouvrage volumineux – puisqu’il résume les années d’enfance de Gérard Titus-Carmel, jusqu’à la rencontre avec Joan, en 1970 – que j’ai trouvé un point d’appui solide dans le cadre de ce fameux dessin dans le tapis d’Henry James, c’est-à-dire l’arrière-fond, l’essence d’un texte. De plus, j’ai partagé mon temps à lire les 750 pages de cet opus, traversant cette autobiographie où logiquement les faits s’accumulent. Et comme le dit bien le titre, ce rêve autobiographique nous conduit d’ombres en lumières, là où se jettent les étincellements de la mémoire comme dans un rêve, le rêve de l’auteur en son rêve, un mirage.

Une histoire de la naissance, René Frydman (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 24 Septembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Grasset

Une histoire de la naissance, René Frydman, Grasset, en coédition avec France Culture, juin 2021, 280 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Identifier le projet d’abord, ce que l’auteur a voulu restituer ensuite. Et se garder de mettre un je immédiat, du je, d’émettre un avis. Écrire à propos de la naissance, c’est faire naître la naissance, non point le départ mais ce qui nous est commun à tous. Ce qui nous distingue. Nos rites, nos mythes, nos superstitions, nos coutumes. Nos usages fondateurs. Notre devenir. Entrer dans le naos de l’intime. Un livre donc n’y suffira pas, aussi précis et organisé soit-il, lequel prolonge et reprend La Naissance, Histoire, cultures et pratiques d’aujourd’hui, que René Frydman a écrit avec Myriam Szejer en 2010, publié chez Albin Michel.

Il faudrait au moins un musée. Soit. Un musée de la naissance.