Image peinte
J’ai été heureux de passer plusieurs heures en compagnie de L’Annonciation de Paris Bordone, image qui justifie le livre. Car ce livre nous ouvre autant au mystère de cette Annonciation qu’au grand mystère de la peinture, en son feuilletage conceptuel.
Cette lecture a été pour moi une errance, un vagabondage, une dérive situationniste, allant sans but, faisant des pas dans les lacs compliqués de ce que produit comme travail un tableau où j’étais là comme spectateur, sinuant et m’insinuant dans l’œuvre peinte. On y voit aussi bien une approche théologique qu’esthétique, profondeur compliquée d’un tableau qui par essence est à deux dimensions, mais dont le troisième terme est l’écriture, la pensée, sachant qu’ici le thème religieux se vectorise surtout sur les Évangiles de Matthieu et de Luc. Et la pensée devient chantante, prise librement dans la mutité consubstantielle de la peinture, en un acte muet, mais étoffé par la pensée. Oui, je ne cessais de fixer la Vierge et, côté Jardin, l’ange mystérieux, lui aussi au bord de l’aphonie.