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Les Livres

L’affaire Cherkassky, Aurélie Ramadier (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Juin 2023. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

L’affaire Cherkassky, Aurélie Ramadier, Editions Balland, décembre 2022, 452 pages, 25 €

 

Roman policier, roman d’espionnage, roman initiatique, il y a de tout cela dans cet ouvrage volumineux.

La narratrice, Camille, jeune étudiante plus ou moins intermittente en lettres classiques, qui, détail essentiel pour l’intrigue, a passé une partie de son enfance à Moscou où résidaient ses parents pour des raisons professionnelles, a décidé, sans attendre la fin de son cursus universitaire, sans passer par une des écoles dédiées à cet effet, de devenir journaliste en brûlant toutes les étapes de la formation. Présentée, par l’entremise d’un ami de ses parents, au directeur d’un grand organe de presse préparant un numéro spécial sur la Russie, elle décide de consacrer un dossier rétrospectif à l’affaire Farewell (qui a défrayé la chronique dans les années 80) et à son protagoniste principal, Vladimir Vetrov.

Mais, très vite, ses recherches documentaires rencontrent le nom et croisent l’itinéraire d’un mystérieux Nicolas Cherkassky, dont elle apprend qu’il s’agit d’un Français de parents russes qui, communiste ayant rejoint l’URSS en 1945 y aurait été retenu de force, décrété apatride par le régime soviétique, avec quelques séjours dans les goulags les plus éprouvants, pendant 37 ans avant de réussir à s’évader vers l’occident natal.

Conversations avec les choses muettes, Jean Galard (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 22 Juin 2023. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Conversations avec les choses muettes, Jean Galard, L’Atelier contemporain, Coll. Essais sur l’art, février 2023, 192 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Jean Galard, ancien directeur des services culturels du Musée du Louvre, met sa très grande érudition au service d’une question épineuse : dans quelle mesure le savoir sur l’art éclaire-t-il la contemplation des œuvres ? Et il s’agit bien de mesure, dans cet essai limpide. On y sent l’ironie de Jean Galard face aux contempteurs des cartels, de qui l’œil éduqué, affiné par la fréquentation des œuvres et des livres, n’a besoin en effet d’aucun accompagnement pour goûter le plaisir esthétique. Mais Jean Galard ne propose pas non plus un plaidoyer pour l’histoire de l’art. De court chapitre en court chapitre, à partir d’œuvres d’art variées dont on a en général la reproduction sous les yeux, il interroge la nécessité de connaître l’artiste, sa vie, le titre de l’œuvre, l’identité des personnages représentés, sans asséner de vérités générales qui vaudraient pour n’importe quelle œuvre, n’importe quelle information, exprimée de n’importe quelle manière.

A propos de Wilderness, Lance Weller (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 22 Juin 2023. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, USA, Roman, Gallmeister

Wilderness, Lance Weller, éd. Gallmeister, 2017, trad. américain François Happe, 346 pages, 10 €

 

De l’endroit où l’auteur écrit. Ou depuis lequel lire un livre. Sans doute cela modifie-t-il la lecture. L’impression. Créer une expérience de lecture. J’ai souhaité lire Wilderness sur l’île d’Hawaï, qu’ici, aux États-Unis, nous appelons Big Island. Big Island, tout simplement parce que c’est la plus grande de l’archipel. Parce que dans les îles dites Américaines, l’histoire n’est pas seulement écrite dans les livres, elle se vit quotidiennement. Elle suinte, elle déborde, elle est un marqueur. Émotionnel. Et dans la langue américaine, les mots sont pragmatiques. La pensée, factuelle. Ce sont des mots comme patrie, serment, camp, communauté, partisan. Des pensées comme autant d’images cinématographiques. Des gueules qui accrochent la cornée et leur histoire tatouée sur l’écran. Les rides, les cicatrices, les plaies comme autant de mots à traduire. Lire Wilderness, c’est assurément renouer avec ces termes-là. Leur application dans le monde dit réel.

Rimbaud et la Veuve, Edgardo Franzosini (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 21 Juin 2023. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Baconnière

Rimbaud et la Veuve, Edgardo Franzosini, éd. La Baconnière, mai 2023, trad. italien Philippe Di Meo, 120 pages, 17,50 € Edition: La Baconnière

 

Nombreux sont les essais consacrés au grand Arthur, certes pour des raisons parfois très diverses. Sa précocité littéraire, ses amours avec Paul Verlaine, son rejet de la poésie si jeune, ses voyages, ses commerces. Bref, il y a toujours matière.

Le vagabond des lettres françaises a toujours beaucoup circulé : l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, sans oublier l’Afrique bien sûr ni l’Italie puisqu’il y fit plusieurs séjours. Celui du printemps 1875, en avril-mai, attira d’emblée tous les commentateurs et Ernest Delahaye en parle dès 1891. Rimbaud, arrivé à Milan, a résidé au 39, Piazza Duomo, chez une veuve dont on ne sait rien. Sauf qu’un poème la mentionne sous l’appellation de la « brune ».

Haut-Karabakh, Le livre noir, Eric Denécé, Tigrane Yégavian (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 21 Juin 2023. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Histoire

Haut-Karabakh, Le livre noir, Eric Denécé, Tigrane Yégavian, CF2R, Centre Français de Recherche sur le Renseignement, éditions Ellipses, août 2022, 408 pages, 28 €


Une trentaine de personnalités reconnues répondent dans cet ouvrage au silence « assourdissant » de l’absence médiatique et internationale qui maintient une méconnaissance de la guerre qui a sévi au Haut-Karabakh, et du blocus actuel maintenu par l’Azerbaïdjan. Ce sont des comédiens, des essayistes, des universitaires, des religieux qui s’expriment pour s’indigner et alerter une opinion mondiale bien frileuse quant à ce désastre humanitaire, culturel… Si toutes les guerres sont « sales », certaines le sont d’autant plus qu’elles se font dans une indifférence coupable.