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La Une CED

A propos de Syrie et autres poèmes, Salim Barakat

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 04 Mai 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Syrie et autres poèmes, Salim Barakat, Actes sud Sindbad, avril 2017, 112 pages, 16 €

 

Syrie et le poème

 

Il est très pathétique d’écrire quelques lignes seulement sur le recueil Syrie de Salim Barakat, surtout au gré de la connaissance que nous avons de jour en jour de la guerre en Syrie, et des bouleversements horribles que subit ce pays. Mais il restera sans doute mieux dans la mémoire des hommes de demain la langue et le propos humaniste, la ressource poétique pour expliquer et surmonter l’horreur. Néanmoins, et même si la terreur passe, car elle finira par passer, seules resteront les blessures et les larmes, et les poèmes qui les ont accueillies, et l’histoire des hommes ne fera que se poursuivre, d’événements en événements.

16 mars 2017. Mon cher Antonin, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Jeudi, 27 Avril 2017. , dans La Une CED, Ecriture

 

je m’ouvre à Toi comme on s’adresse à Dieu : en espérant sans trop y croire. Et si jamais ces confidences te parviennent, je ne sais où, je ne sais quand, je ne sais comment, quelque nulle part aux limites égarées des limbes solitaires, probablement par hasard, sans doute les recevras-tu comme Dieu recueille les prières désespérées : en déplorant sans trop pouvoir. Chaud de bénédiction navrée. Je ne te connais que par le Verbe et l’Image, certes, mais je te tutoie. La douleur a de ces familiarités parfois brutales, souvent bienveillantes. Nous sommes quasiment cousins, toi et moi, cousins germains comme le furent tes parents, cousins fêlés d’où point l’âpre lumière du monde en bruine d’étoiles farceuses. Vois-tu, voyant trop allumeur cinglé des vents d’antan, il n’y a que toi qui puisses faire justice à mes turpitudes. Qui puisses les encaisser. Car tu as de la caisse, malgré tes cinquante unités flétries.

Mouloud Feraoun le féministe, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 26 Avril 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Il était le père. Il était l’écrivain. L’instit, il l’était. Et il fut le fou amoureux de son épouse. Un amour rural et inédit ! Il s’appelle Mouloud Feraoun. Fouroulou, si vous voulez !

Il fut le père d’Ali et de Fazia… tel père tel fils, tel père telle fille ! En 1938, Mouloud Feraoun (1913-1962) s’est marié. Sa femme, la maman d’Ali et de Fazia n’est que Lalla Dehbia, une simple jeune femme kabyle. À l’image de la majorité des Algériennes de cette époque, la jeune femme était analphabète. Elle avait à peine seize ans, le jour du mariage, à l’image des jeunes filles mariées précocement. Lui, Mouloud Feraoun, le jeune homme, était instituteur du village Tizi Hibel. Être instituteur cela signifie qu’il appartenait à la classe d’élites, au rang des savants. Instituteur : cravate, élégance, cartable, tableau noir, craie blanche et rigueur. Mais Mouloud Feraoun l’instit était aussi hanté par la littérature universelle. Habité aussi par la culture berbère, celle de ses ancêtres, celle de Si Mohand Ou Mhand et les autres. Et parce qu’il était rêveur, la tête dans la poésie et les pieds dans la boue de la société kabyle colonisée et humiliée, Mouloud Feraoun cherchait une sortie de cette misère et cette sortie ne peut être possible que par le savoir d’un côté et par la révolution des opprimés afin de décrocher leur liberté, de l’autre côté.

Le sourire de l’Ange (1), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 25 Avril 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Il est étrange de vouloir redéfinir les limites d’un connu qui se donna à nous dès l’instant où notre respiration quittait les parois du ventre intérieur pour s’ouvrir aux déchirures du monde. Pourquoi écrire sur ce que l’on ne cesse de voir dès lors que le vivant nous tient en alerte, de tous nos sens, même à contre-courant ? Pourquoi vouloir transcrire l’immédiat présent en chacune de nos expériences ? Encore plus curieux cette nécessité – vitale – de vouloir en écrire les traces, les jets de lumière, les déchirures, les transes d’un monde opaque dont seule peut-être l’immanente présence devrait nous suffire.

Nés des forceps du dedans au dehors, nous resterons vigilants pourtant, opiniâtres à assurer la vigie des mots à la hauteur des événements qui les enclenchent, les fabriquent. Sans corne d’amertume mais d’alerte, seul ensemble dans l’appel du Large vers toujours plus d’Ailleurs, escortés de paysages toujours à conquérir, étonnements nouveaux. Paysages neufs dans leur sillage ancré à une terre burinée océane, dont les strates ont pris la profondeur des rides d’une humanité en quête permanente de sa propre réalité.

Sous pieds Cythère, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Vendredi, 21 Avril 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

ouragan d’Ouranos ensemençant les ondes

sexe tranché des mains d’un Cronos à la ronde

l’écume amère et maculée s’offre à la mer

dans un glissement lent d’envolées éphémères

 

sidération des nues découvrant Cythérée

nue sur la pâle conque aux atours éthérés

souffle quelconque ouvrant la voix des plaisirs purs

depuis les bleus tréfonds griffonnés de guipures