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Essais

La lutte pour la reconnaissance, Axel Honneth

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Folio (Gallimard)

La lutte pour la reconnaissance, traduit de l’Allemand par Pierre Rusch, Folio, Essai n°576, février 2013, 352 pages, 9,10 € . Ecrivain(s): Axel Honneth Edition: Folio (Gallimard)

 

 

Redécouvrir Hegel

 

Il est indéniable que La lutte pour la reconnaissance est un ouvrage majeur pour qui désire renouer avec les cours de philosophie politique. En effet, il s’agit ici du résultat d’une thèse d’habilitation pour une chaire universitaire de philosophie. Axel Honneth se rattache à l’école de pensée qu’on appelle l’école de Francfort. Il suit une lignée directe qui remonte à Hegel, l’un de ses membres les plus prolifiques et les plus prestigieux en terme de production et de réactualisation d’un mode de pensée philosophique hérité des maîtres antiques et de la Renaissance.

Le jaune et le noir, Tidiane N'Diaye

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 06 Juin 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Afrique, Gallimard, Histoire

Le jaune et le noir, Gallimard Continents noirs avril 2013, 153 p. 18,50 € . Ecrivain(s): Tidiane N'Diaye Edition: Gallimard

 

 

Quand, il y a peu, depuis la longue pinasse remontant le Niger, les guides maliens apercevaient sur la berge, une bicyclette «  à moteur », pétaradant comme nos antiques  Solex, leurs  rires n'en finissaient pas : «  une chinoise ! Dès qu'elle sera en panne, elle ne sera pas réparable ! Pas chère, mais pas solide ! »... Là - bas, aussi, la Chine était partout ; objets, , marques et réclames... et, déjà pas mal d' hommes.

Après la France Afrique, la Chine Afrique ? Ce qu'on entend par là, vaut pour les deux concepts : prendre, et encore se resservir, sous couvert de protections et de liens « amicaux », si ce n'est « familiaux, sauce maffieuse ». Tractation évidemment, hautement inégalitaire. Voilà l'unique sujet autopsié par le livre de «  Continents noirs » ; comment le jaune mange et mangera le noir, et jamais l'inverse.

L'infini et nous, Margherita Hack

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 31 Mai 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Robert Laffont

L’infini et nous, Dieu, la vie et l’Univers vus par une scientifique athée, mars 2013, 220 pages, 20 € . Ecrivain(s): Margherita Hack Edition: Robert Laffont

 

 

Margherita Hack est astrophysicienne, une scientifique qui signe là un bel ouvrage de vulgarisation. D’aucuns diront qu’il s’agit encore d’une énième histoire de l’univers, qui voudrait se présenter comme divulguant des connaissances jusque-là inconnues du grand public, révélant au vulgum pecus des paramètres susceptibles de provoquer un électrochoc de nos consciences. Il n’en est rien, Margherita Hack veut « seulement » nous raconter la façon dont l’homme a accumulé du savoir en satisfaisant son insatiable curiosité. Parce que l’homme est ce drôle d’animal qui n’a de cesse depuis toujours de vouloir comprendre et maîtriser le milieu dans lequel il évolue, le ciel lui a posé question et ses observations cumulées ont constitué des éléments de réponse.

Le dossier secret de l'affaire Dreyfus, Pierre Gervais, Pauline Peretz, Pierre Stutin

Ecrit par Vincent Robin , le Jeudi, 16 Mai 2013. , dans Essais, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Alma Editeur

Le dossier secret de l’affaire Dreyfus, 2012, 348 pages, 22 € . Ecrivain(s): Pierre Gervais, Pauline Peretz, Pierre Stutin Edition: Alma Editeur

 

Au travers des sorties de livres d’enquêtes historiques surgissent souvent des œuvres plutôt discrètes, qui méritent cependant de se voir élogieusement saluées. Une belle association d’auteurs, celle de Pierre Gervais, Pauline Peretz et Pierre Stutin fournira ici l’occasion d’un assez exemplaire cas d’espèce. Vif, précis, efficace et pertinent, leur commun Dossier secret de l’Affaire Dreyfus inspirera sans guère de doute au lecteur un rapide et passionnant intérêt. Peu dire serait alors que, sous ce titre, leur travail embrassât l’un des plus délicats sujets. S’immiscer à nouveau dans un épisode historique expurgé de ses zones d’ombres majeures (comme on aurait pu le croire) aurait en effet exigé de quiconque un apport suffisamment novateur.

Après les travaux monumentaux dédiés au « cas Dreyfus » par Marcel Thomas en 1961, Jean-Denis Bredin en 1981 ou encore Vincent Duclert en 2006 (ne parlons pas de Reinach pour 1901), fallait-il de la sorte aux co-auteurs de cette entreprise ne point se risquer aux faux-pas de la redite ou même du plagiat. Que restait-il alors à dire sur cette chronique militaro-judiciaire, ayant autrefois déchaîné la passion politico-médiatique, qui ne fût déjà précisé par une séculaire et exhaustive collecte d’informations ?

Au-dessus de la mêlée, Romain Rolland

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 11 Mai 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Petite bibliothèque Payot

Au-dessus de la mêlée, 215 pages, 8,15 € . Ecrivain(s): Romain Rolland Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Qui est Romain Rolland ? Un écrivain du début de ce vingtième siècle, auteur de nombreuses biographies, ami de Charles Péguy et de Stefan Zweig. Il était aussi, pour notre plus grand bonheur, un pacifiste acharné, et un amoureux de la civilisation. Dans cet ouvrage intitulé Au-dessus de la mêlée, titre de l’un des articles et manifestes parus durant les années 1914 et 1915 dans la presse suisse, Romain Rolland nous invite à accomplir des démarches périlleuses, à emprunter des voies difficiles et étroites. Que nous dit ce polémiste, au bon sens du terme ? Qu’une guerre, loin d’être la résurrection appelée de leurs vœux par tous les bellicistes, est un désastre pour tous les belligérants : Romain Rolland se fait l’écho de la prise de position de Stefan Zweig : « Le désastre de la France serait aussi un désastre pour les penseurs libres d’Allemagne ».

Cette volonté de se situer, dès les débuts de la Grande Guerre, au-dessus de la mêlée, incite Romain Rolland à la formulation de diagnostics précurseurs à plus d’un titre : ainsi, le nationalisme exacerbé est-il stigmatisé quelle que soit son origine, sa justification ultime : « Chaque peuple a, plus ou moins son impérialisme (…) Il est la pieuvre qui suce le meilleur sang de l’Europe. Contre lui, reprenons, hommes libres de tous les pays, dès que la guerre sera finie, la devise de Voltaire : Ecrasons l’infâme ! »