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Essais

Cinq femmes chinoises, Chantal Pelletier

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 16 Mars 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Joelle Losfeld

Cinq femmes chinoises, janvier 2013, 130 p. 14,90 € . Ecrivain(s): Chantal Pelletier Edition: Joelle Losfeld

 

 

Projet du plus grand intérêt : écrire sur la Chine actuelle, ce géant en devenir, ce dragon flamboyant, qu'on regarde tous. Le faire, par la face - moitié du ciel ; les femmes, sur plusieurs générations.  Entrer dans cet univers, non de l'intérieur de l'empire du milieu, mais, d'ici – regard occidental,  qui décline, mine de rien, une connaissance intime de cette planète étrange, interdite, encore...

La Chine et ses femmes habitent des rayons entiers de littérature occidentale. On a tous été nourris des superbes personnages de Pearl Buck, bien sûr ! D'Han Suyin, et, de la magnifique petite tailleuse échappant, par Balzac, à la Révolution Culturelle, via l'écriture serrée  de Dai Sijie, auteur franco chinois.

On était loin, dans l'ancienne Chine, loin, encore, au temps de Mao.

Memento du franc-maçon, Guy Chassagnard

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 05 Mars 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pascal Galodé éditeurs

Memento du Franc-Maçon, 2012, 590 p. 25 € . Ecrivain(s): Guy Chassagnard Edition: Pascal Galodé éditeurs

 

Le titre de cet imposant ouvrage de 590 pages pourrait donner à penser qu’il s’agit d’un livre destiné aux seuls initiés, d’une sorte de catéchisme maçonnique qui ne serait pour les profanes qu’un texte occulte de plus sur les prétendus « mystères » de la franc-maçonnerie.

Il n’en est rien.

Le tour de force de Guy Chassagnard est d’avoir élaboré un document « tout public » sans tomber dans la vulgarisation sensationnelle de textes d’auteurs se vantant d’informer le lecteur, qu’ils présupposent naïf, sur la franc-maçonnerie tout en feignant d’en savoir beaucoup plus que ce qu’ils veulent ou peuvent en dire, et s’acharnant à envelopper d’une atmosphère d’occultisme des éléments qui ne sont secrets que de polichinelle.

La lecture de ce mémento sera sans aucun doute utile aux profanes qui ont la saine curiosité de s’informer sur les objectifs de la franc-maçonnerie, qui ont l’envie sans a priori de mieux connaître cette association d’hommes de bonnes mœurs, et qui souhaitent se défaire des préjugés, des clichés, de l’image volontairement fausse qu’en donnent régulièrement les médias.

Ce que je crois, Jacqueline de Romilly

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 01 Mars 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions de Fallois

Ce que je crois, 160 pages, 16 € . Ecrivain(s): Jacqueline de Romilly Edition: Editions de Fallois

 

Certains livres sautent aux yeux dès les premières lignes. Tout se condense dans les premiers mots et tout reste à dire en raison même de ces  mots. Jacqueline de Romilly dans Ce que je crois, publié quelque quatre décennies après son écriture, donne au lecteur du 21ème siècle des sujets de réflexion que le temps n’a pas rendus désuets. Ce sont en effet les événements de mai 68 qui ont déclenché chez l’helléniste ce besoin de dire ce que son « amitié vieille de plusieurs décennies avec la Grèce Antique » a suscité comme questions à l’actualité d’alors, en 1974. Et les éditions de Fallois publient ce texte en 2012.

Des convictions d’abord, comme une antienne : « Je crois d’abord que la vie est belle et mérite d’être aimée. Cela ne veut pas dire que tout y soit rose. Mais ce qui me choque est que l’on n’en poursuive pas les beautés, obstinément ». Jacqueline de Romilly commence sa réflexion par ces belles phrases, en ajoutant qu’elle n’est pas de ces naïfs qui s’obstinent à ignorer la réalité. Elle a eu son lot de difficultés, et c’est précisément ce qui l’a conduite à éprouver autant de joie à vivre.

Précis de recomposition, Anne Teyssiéras

Ecrit par Grégoire Meschia , le Jeudi, 28 Février 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Précis de recomposition, Editions de Corlevour, 2013, 96 pages, 18 € . Ecrivain(s): Anne Teyssiéras

 

Ça commence par la fin du monde et la découverte d’un Nouveau Monde, celui d’Anne Teyssiéras. Nouveau car éternellement renouvelé. Mais son univers, ses lecteurs le connaissent. Se consacrant à l’écriture dès 1958, elle a publié de nombreux recueils de proses poétiques dans un style particulier qu’on lui reconnaît. Comme point de repère pour ne pas se perdre dans son œuvre abondante, remarquons Golem, qui en 2000 a été considéré comme la synthèse et le faîte de ses créations poétiques. Elle continue d’écrire. Ecrire pour ne pas oublier, pour ne pas être oubliée. Ecrire pour vivre, pour montrer qu’elle est vivante. Ecrire pour créer mais aussi pour recréer.

Dans son Précis de recomposition, publié aux éditions Corlevour, elle recompose encore une fois son passé, le passé de tous par les mots : elle navigue entre ses expériences personnelles et de grands événements planétaires, comme el Descubrimiento par exemple. En réponse au Précis de décomposition de Cioran (mais aussi en relisant d’autres auteurs auxquels elle fait référence en notes), elle redonne vie à un territoire laissé en friche par le philosophe. Le présent chez elle est nécessairement lié à la mémoire et se constitue toujours par rapport à un passé qui n’est jamais très loin. Sa prose si poétique n’en est pas moins philosophique et difficile à décoder.

Encore et jamais, variations, Camille Laurens

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 25 Février 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Gallimard

Encore et jamais, variations, 2013, 192 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Camille Laurens Edition: Gallimard

 

C’est fini ? Recommence alors…

Il pourrait y avoir comme un paradoxe à écrire des « variations » sur la répétition. La variation, c’est le changement, la diversité, l’écart. On lui attribue des vertus : le changement est bénéfique, dit-on. La répétition, elle, est monotone, on l’associe à l’ennui. Or, dans Encore et jamais, Camille Laurens nous explique que la répétition se décline, elle est plurielle, toujours la même mais jamais identique. Encore, donc, mais jamais, aussi. Un recommencement renouvelé à chacun de ses débuts. Chaque répétition, quoi qu’on en dise, reste unique… Le paradoxe n’est alors qu’apparent.

38 variations se « proposent d’explorer les pouvoirs de la répétition dans nos vies ». « Répétons-nous pour notre malheur ou notre plaisir ? Répéter est-ce vivre à grandes guides ou bien mourir à petit feu ? » nous demande Camille Laurens, dans son « avant-dire ». Pour y répondre, elle chemine. Nous emporte d’abord à travers un souvenir, peut-être le premier lié à la répétition, où s’origine ce livre. C’est celui de sa grand-mère refaisant chaque jour les gestes immuables du ménage qui amène l’auteur, encore enfant, à s’interroger :