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Essais

Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 11 Décembre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, traduit de l’italien et annoté par René de Ceccatty, janvier 2013, 187 pages, 17 € . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: Seuil

 

 

Leopoldina Pallotta della Torre est face à Duras. Elle l’écoute. Elle est là pour qu’elle lui parle. Elle est là pour que naisse La passione sospesa. « Je l’écoutais se souvenir, réfléchir, se laisser aller, abandonner peu à peu sa méfiance naturelle : égocentrique, vaniteuse, obstinée, volubile. Et tout de même capable, à certains moments, de douceurs et d’élans, de timidités, de rires retenus ou éclatants. Elle semblait soudain animée d’une curiosité irrésistible, vorace et presque enfantine ».

Ce livre d’entretiens est commodément divisé en sections, dont le titre seul dit tout : Une enfance, Les années parisiennes, Le parcours d’une écriture, Pour une analyse du texte, La littérature, La critique, Une galerie de personnages, Le cinéma, Le théâtre, La passion, Une femme, Les lieux.

Malraux & Picasso, une relation manquée, Raphaël Aubert

Ecrit par Frédéric Aribit , le Lundi, 09 Décembre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Malraux & Picasso, une relation manquée, Infolio, Collection Archigraphy Poche, 2013, 9 € . Ecrivain(s): Raphaël Aubert

 

L’histoire des arts fourmille de « relations manquées », à l’instar de celle, plus générale, de tous les hommes qui se cherchent et ne se trouvent finalement pas quand tant d’étincelles auraient pu crépiter entre eux. Et l’on se demandera encore longtemps ce que certains auraient pu se dire s’ils avaient seulement pu ou su se parler. Celle que Raphaël Aubert radiographie n’est pas, parmi de nombreuses autres au XXe siècle, la moins intéressante en termes de ratage. Car il faut attendre la mort de Picasso pour que Malraux en vienne enfin à mesurer l’ampleur d’un peintre qu’il a à peine côtoyé et longtemps ignoré. Dès l’introduction de son livre, Raphaël Aubert énonce clairement ce qui fait obstacle entre eux deux : d’une part, sur le plan esthétique, le relatif « conservatisme » de Malraux qui délaisse des pans entiers de la modernité picturale et plastique au nom du seul Georges Braque ; d’autre part, sur le plan politique, une fois l’ennemi commun du nazisme abattu, l’aveuglement communiste de Picasso, qui achoppe sur l’orientation gaullienne de Malraux, farouchement opposé à Staline.

Nowhere to run, Gerri Hirshey

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 25 Novembre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages

Nowhere to run, Etoiles de la soul music et du Rythm & Blues, trad. (USA) Nicolas Guichard septembre 2013, 478 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Gerri Hirshey Edition: Rivages

 

C’est en 1984 que Gerri Hirshey publie ce livre et c’est en 2013 que les Editions Payot Rivages proposent cette traduction de Nicolas Guichard. Comme le sous-titre l’indique, Nowhere to run est une histoire de la soul music, du rythm & blues depuis ses origines jusqu’aux constellations que cette musique a engendrées.

Le titre tout d’abord. Nowhere to run est le titre d’une chanson que Martha Reeves interprétait en 1965 avec les Vandellas, chanson dans laquelle elle disait  l’emprise de cette musique « dont on ne peut plus se passer, on est tombé amoureux de cette musique, on ne peut la soumettre, mais on ne peut l’abandonner. » Ceci est vrai des musiciens les plus connus comme de ceux qui ont eu une carrière plus modeste.

Comment expliquer une telle emprise ? Deux réponses sont données par l’auteur ; les origines, les racines de cette musique et pour les musiciens le sentiment d’imprimer (de graver) une phase importante voire essentielle de la musique nord américaine et mondiale.

Les Essais, Michel de Montaigne en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 19 Novembre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Les Essais (édition de 1595), textes établis par Jean Balsamo, Michel Magnien et Catherine Magnien-Simonin, édition des Notes de lecture et des Sentences peintes, établie par Alain Legros, XCIX-1975 pages, 79 € . Ecrivain(s): Michel de Montaigne Edition: La Pléiade Gallimard

 

Il s’agit, de par son appareil critique, extrêmement riche, de par les notes de bas de page qui font se lever le soleil de l’intelligibilité sur les points du texte que le passage du temps a recouverts d’ombre, et, subsidiairement, de par la reproduction des sentences peintes et autres inscriptions de la bibliothèque de Montaigne, de la meilleure édition des Essais.

Montaigne, ce classique ?

Que nenni. Montaigne est notre contemporain capital.

Il s’épelle. C’est-à-dire qu’il épelle « ce grand corps, que nous appelons le monde », avec son cœur, sa pensée, ses forces mais aussi ses faiblesses, son assurance et son doute.

Et nous renvoie à notre corps. À notre présent du corps.

Nous incitant à le forger – ce présent.

Le charme des penseurs tristes, Frédéric Schiffter

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 15 Novembre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

Le charme des penseurs tristes, août 2013, 165 pages, 17 € . Ecrivain(s): Frédéric Schiffter Edition: Flammarion

 

Triste drille

Le bonheur, nous disent les philosophes antiques, est le souverain bien, le but ultime de nos actions. La joie, selon les uns, en est un degré inférieur ou, selon les autres, constitue une forme d’existence supérieure au bonheur. En conséquence de quoi, la mélancolie, qui s’y oppose, s’en trouve généralement dépréciée. Cependant, la mélancolie mène à l’art, elle est considérée pour beaucoup – pensons à Proust – comme « la mère des muses » et le mélancolique, qui se caractérise par « un ralentissement de son être », a le pouvoir de mettre la réalité à distance, ce que ne peut le joyeux « dont la conscience s’oublie dans le présent ». Si les livres des penseurs tristes n’offrent « aucune consolation ou espérance », exercent-ils tout au moins un pouvoir de séduction, un véritable charme capable d’aérer notre esprit « en en chassant le Sérieux ». Car contrairement à ce que nous fait croire la doxa, « les penseurs tristes […] ne sont pas pour autant des penseurs de la tristesse [et] nous rendent le sourire ». Et c’est sur dix d’entre eux que Frédéric Schiffter se penche dans le présent essai, de Socrate à Roland Jaccard, figures qui « forment une aristocratie transhistorique de l’ennui – montrant par là l’éternité de la maladie du temps ».