Les Essais, Michel de Montaigne en la Pléiade
Les Essais (édition de 1595), textes établis par Jean Balsamo, Michel Magnien et Catherine Magnien-Simonin, édition des Notes de lecture et des Sentences peintes, établie par Alain Legros, XCIX-1975 pages, 79 €
Ecrivain(s): Michel de Montaigne Edition: La Pléiade Gallimard
Il s’agit, de par son appareil critique, extrêmement riche, de par les notes de bas de page qui font se lever le soleil de l’intelligibilité sur les points du texte que le passage du temps a recouverts d’ombre, et, subsidiairement, de par la reproduction des sentences peintes et autres inscriptions de la bibliothèque de Montaigne, de la meilleure édition des Essais.
Montaigne, ce classique ?
Que nenni. Montaigne est notre contemporain capital.
Il s’épelle. C’est-à-dire qu’il épelle « ce grand corps, que nous appelons le monde », avec son cœur, sa pensée, ses forces mais aussi ses faiblesses, son assurance et son doute.
Et nous renvoie à notre corps. À notre présent du corps.
Nous incitant à le forger – ce présent.
Pour respirer et penser et pleurer et ne rien faire et rire et être surpris et se laisser aller au sommeil et danser en accord avec la merveille merveilleuse qu’est vivre.
Pour épeler, il faut que la voix… sorte.
Et c’est précisément ainsi que se sont « écrits » les trois livres des Essais : « Chez moy, je me destourne un peu plus souvent à ma librairie, d’où, tout d’une main, je commande mon mesnage : Je suis sur l’entrée, et vois soubs moy, mon jardin, ma basse cour, ma cour, et dans la plus part des membres de ma maison. Là je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pieces descousues : Tantost je resve, tantost j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voicy. Elle est au troisiesme estage d’une tour. Le premier, c’est ma chapelle, le second une chambre et sa suitte, où je me couche souvent, pour estre seul ».
« Tantost je resve, tantost j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voicy » : Montaigne se promène. Et comme l’avance Christine Montalbetti dans un roman récent, « [i]l y a dans la promenade je ne sais quel mouvement de ressaisie de soi, qui ne tient pas seulement au fait qu’on peut y songer à sa vie, que cela, plus ou moins, s’y réordonne, mais comme si quelque chose s’y retrouvait d’un noyau qui nous constitue, sans qu’on puisse dire au juste de quoi il est fait – et que chaque promenade, inexplicablement, nous rend ».
Si la promenade qui donne corps aux pensées, qui fait les phrases dans la main du valet prenant scrupuleusement en note ce que lui dicte son maître, est celle, toute walserienne, de la marche, Montaigne fait du cheval son transport électif : « à cheval, où sont mes plus larges entretiens ». Et pourquoi donc ? Parce qu’être « à cheval », c’est être « en vol », comme le chuchote Régine Foloppe dans Famines, et parce que « les chevaux ont en eux le “quitter ici, aller là”, parce qu’ils ont un pied dans chaque instant », comme l’affirme Merleau-Ponty dans L’Œil et l’Esprit.
Avoir un pied dans chaque instant, c’est là toute l’ambition – à jamais recommencée – de Montaigne. Et s’il s’agit pour lui d’écrire en faisant s’entremêler ses phrases et celles d’illustres prédécesseurs, pêchées, saumons frétillants, dans des livres aimés (« Là je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pieces descousues »), ce n’est nullement pour se plonger dans le passé, mais pour être propulsé, encore plus fermement, dans le présent : « Les livres m’ont servi non tant d’instruction que d’exercitation ».
Montaigne considère chaque auteur élu – auquel il empreinte une partie (infime) du souffle qui l’a constitué en tant qu’auteur – comme un contemporain. Dictant à son valet les bouts de ses essais, c’est à ces auteurs morts qu’il parle. Ou plus exactement c’est avec ces auteurs morts qu’il parle. Et parler* – Montaigne nous l’apprend à chaque instant – est participer à un universel concret (Hegel), non proférer des idées pures dans le vide, comme des symboles mathématiques ou logiques. Parler engage des voix et des corps…
Mais qu’en est-il des corps disparus des auteurs convoqués dans la sphère – volontairement informelle, car elle doit épouser et les cahots de la vie et ses dimensions – du livre ? Eh bien, Montaigne fait en sorte, par sa seule volonté, qu’ils soient présents. Il leur répond. Et eux lui répondent à leur tour, par sa voix. Il communique avec eux (et Montaigne présente « la communication d’autruy » comme « une des plus belles escholes qui puisse estre »), – et communiquer, c’est revenir de loin, c’est surmonter Babel, briser les clôtures du moi et des identités stériles, c’est rendre plus sensée la vie. Montaigne est « en conference » avec tous ces auteurs qu’il invite (dont il sollicite la participation – active), et « [l]’estude des livres, c’est un mouvement languissant et foible qui n’eschauffe point : là où la conference, apprend et exerce en un coup ». Il dialogue avec chacun d’eux. Et le dialogue est, comme l’avance Jacques dans un article paru dans les Archives de philosophie du droit, « la forme discursive dont chaque énoncé est déterminé tant pour sa structure sémantique que pour sa syntaxe, par une mise en communauté du sens et de la référence, dont l’enchaînement entre les énonciateurs est régi par des règles pragmatiques qui assurent une propriété de convergence ».
Et en dialoguant avec ces auteurs disparus rendus à leur souffle premier, à leur terre natale, c’est avec nous que dialogue Montaigne. C’est avec nous, à nous qu’il parle.
C’est de notre vie dont il est question. À chaque page question.
Il apporte des réponses non dogmatiques à tout ce qui nous taraude et fait de notre chair une chair vivante, aimante, embrassant le monde et la vie de toutes parts, par la pensée, et le rêve et les actes. Afin de prendre la mesure de cela, nous proposons un « montage » de citations extraites des trois livres, s’articulant autour de quelques-unes de ces questions précises qui exaltent ou appauvrissent notre souffle, jour après jour et nuit après nuit.
Être amoureux, qu’est-ce à dire ?
C’est la passion qui commande lors, c’est la passion qui parle, ce n’est pas nous. […] Les amoureux se courroussent, se reconcilient, se prient, se remercient, s’assignent, et disent en fin toutes choses des yeux. […] [C]ette glace qui les saisit par la force d’une ardeur extreme, au giron mesme de la jouissance […] Nostre extreme volupté a quelque air de gemissement, et de plainte. […] La jouyssance, et la possession, appartiennent principalement à l’imagination. Elle embrasse plus chaudement et plus continuellement ce qu’elle va querir, que ce que nous touchons.
Qu’en est-il, maintenant, de l’amitié ?
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiez, ce ne sont qu’accoinctances et familiaritez nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos ames s’entretiennent. En l’amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l’une en l’autre, d’un meslange si universel, qu’elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a joinctes. Si on me presse de dire pourquoy je l’aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en respondant : Par ce que c’estoit luy, par ce que c’estoit moy. Il y a au delà de tout mon discours, et de ce que j’en puis dire particulierement, je ne sçay quelle force inexplicable et fatale, mediatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous estre veus, et par des rapports que nous oyions l’un de l’autre : qui faisoient en nostre affection plus d’effort, que ne porte la raison des rapports : je croy par quelque ordonnance du ciel. Nous nous embrassions par noz noms. Et à nostre premiere rencontre, qui fut par hazard en une grande feste et compagnie de ville, nous nous trouvasmes si prins, si cognus, si obligez entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche, que l’un à l’autre. […] Nos ames ont charié si uniment ensemble : elles se sont considerées d’une si ardante affection, et de pareille affection descouvertes jusques au fin fond des entrailles l’une à l’autre : que non seulement je cognoissoy la sienne comme la mienne, mais je me fusse certainement plus volontiers fié à luy de moy, qu’à moy.
Quel crédit faut-il accorder à la mort ?
Le premier jour de vostre naissance vous achemine à mourir comme à vivre. […] Tout ce que vous vivés, vous le desrobés à la vie : c’est à ses despens. Le continuel ouvrage de vostre vie, c’est bastir la mort. Vous estes en la mort, pendant que vous estes en vie : car vous estes après la mort, quand vous n’estes plus en vie. […] Où que vostre vie finisse, elle y est toute. L’utilité du vivre n’est pas en l’espace : elle est en l’usage. Tel a vescu longtemps, qui a peu vescu. […] Toute mort doit estre de mesmes sa vie. Nous ne devenons pas autres pour mourir. J’interprete tousjours la mort par la vie.
En quoi la peur est-elle dommageable ?
De vray, j’ay veu beaucoup de gens devenus insensez de peur : et au plus rassis il est certain pendant que son accès dure, qu’elle engendre de terribles esblouissemens. […] Et tant de gens, qui de l’impatience des pointures de la peur, se sont pendus, noyez, et precipitez, nous ont bien apprins qu’elle est encores plus importune et plus insupportable que la mort.
Qu’en est-il des difficultés de la vie ?
Les choses ne sont pas si douloureuses, ny difficiles d’elles mesmes : mais nostre foiblesse et lascheté les fait telles.
Désirer, est-ce invariablement désirer ce que l’on ne possède pas ?
Quoy que ce soit qui tombe en nostre connoissance et jouissance, nous sentons qu’il ne nous satisfait pas, et allons beant après les choses advenir et inconnues, d’autant que les presentes ne nous soulent point. […] Nostre appetit est irresolu et incertain : il ne sçait rien tenir, ny rien jouyr de bonne façon. […] Nous flottons entre divers advis : nous ne voulons rien librement, rien absoluement, rien constamment.
Quels sont les dangers de l’imagination ?
Je suis de ceux qui sentent très-grand effort de l’imagination. Chacun en est heurté, mais aucuns en sont renversez. Son impression me perce ; et mon art est de luy eschapper, par faute de force à luy resister. Je vivroye de la seule assistance de personnes saines et gaies. […] Pour me distraire d’une imagination importune, il n’est que de recourir aux livres, ils me destournent facilement à eux, et me la desrobent […].
Comment parvenir à vivre au présent ?
Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes tousjours au delà. La crainte, le desir, l’esperance, nous eslancent vers l’advenir : et nous desrobent le sentiment et la consideration de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus. […] [L]a mesure en la jouissance, depend du plus ou moins d’application, que nous y prestons. […] Me trouvé-je en quelque assiette tranquille, y a il quelque volupté qui me chatouille, je ne la laisse pas friponner aux sens ; j’y associe mon ame. […] C’est une absolue perfection, et comme divine, de sçavoir jouyr loyallement de son estre […] Je veux qu’on agisse, et qu’on allonge les offices de la vie, tant qu’on peut : et que la mort me treuve plantant mes choux ; mais nonchallant d’elle, et encore plus de mon jardin imparfait. […] Mon mestier et mon art, c’est vivre. […] Mes estudes, à m’apprendre à faire, non pas à escrire. J’ay mis tous mes efforts à former ma vie. […] Si j’avois à revivre, je revivrois comme j’ay vescu. Ny je ne pleins le passé, ny je ne crains l’advenir : et si je ne me deçoy, il est allé du dedans environ comme du dehors.
En quoi les lois de la coutume nous gouvernent-elles ?
[L]’usage nous desrobbe le vray visage des choses […] Les loix de la conscience, que nous disons naistre de nature, naissent de la coustume : chacun ayant en veneration interne les opinions et mœurs approuvées et receues autour de luy, ne s’en peut desprendre sans remors, ny s’y appliquer sans applaudissement. […] Par où il advient, que ce qui est hors les gonds de la coustume, on le croid hors les gonds de la raison […] Nous appellons contre nature, ce qui advient contre la coustume. Rien n’est que selon elle, quel qu’il soit. Que cette raison universelle et naturelle, chasse de nous l’erreur et l’estonnement que la nouvelleté nous apporte.
Peut-on faire confiance à son jugement ?
[C]’est un subject merveilleusement vain, divers, et ondoyant, que l’homme : il est malaisé d’y fonder jugement constant et uniforme. […] L’homme en tout et par tout, n’est que rappiessement et bigarrure. […] Toutes choses produites par nostre propre discours et suffisance, autant vrayes que fauces, sont subjectes à incertitude et debat. […] Je prise peu mes opinions : mais je prise aussi peu celles des autres, fortune me paye dignement. […] Noz sens sont non seulement alterez, mais souvent hebetez du tout, par les passions de l’ame. […] Quant aux facultez naturelles qui sont en moy, dequoy c’est icy l’essay, je les sens flechir sous la charge : mes conceptions et mon jugement ne marche qu’à tastons, chancelant, bronchant et chopant : et quand je suis allé le plus avant que je puis, si ne me suis-je aucunement satisfaict. Je voy encore du païs au-delà : mais d’une veue trouble, et en nuage, que je ne puis demesler […] Je donne à mon ame tantost un visage, tantost un autre, selon le costé où je la couche. Si je parle diversement de moy, c’est que je me regarde diversement. […] quiconque s’estudie bien attentivement, trouve en soy, voire et en son jugement mesme, ceste volubilité et discordance. […] C’est par l’entremise de nostre ignorance, plus que de nostre science, que nous sommes sçavans de divin sçavoir.
Le langage nous permet-il de faire corps avec le réel ou nous en détache-t-il inéluctablement ?
Il y a le nom et la chose : le nom, c’est une voix qui remerque et signifie la chose : le nom, ce n’est pas une partie de la chose, ny de la substance : c’est une piece estrangere joincte à la chose, et hors d’elle. […] Mais à parler en bon escient, est-ce pas un miserable animal que l’homme ? À peine est-il en son pouvoir par sa condition naturelle, de gouster un seul plaisir entier et pur, encore se met-il en peine de le retrancher par discours […] L’eloquence faict injure aux choses, qui nous destourne à soy.
Quels sont les pouvoirs de la poésie ?
Dès ma premiere enfance, la poësie a eu cela, de me transpercer et transporter.
Faut-il nourrir son âme ?
Nous sommes tous creux et vuides : ce n’est pas de vent et de voix que nous avons à nous remplir : il nous faut de la substance plus solide à nous reparer […] nostre ame s’eslargit d’autant plus qu’elle se remplit […]. Mais plus tard Montaigne corrigera : J’ayme mieux forger mon ame, que la meubler. Il n’est point d’occupation ny plus foible, ny plus forte, que celle d’entretenir ses pensées, selon l’ame que c’est.
Doit-on lire des livres… compliqués ?
Je n’ayme pour moy, que des livres ou plaisans et faciles ; qui me chatouillent ; ou ceux qui me consolent, et conseillent à regler ma vie et ma mort […] Je ne cherche aux livres qu’à m’y donner du plaisir par un honneste amusement : ou si j’estudie, je n’y cherche que la science, qui traicte de la connoissance de moy-mesmes, et qui m’instruise à bien mourir et à bien vivre. […] Si ce livre me fasche, j’en prens un autre, et ne m’y addonne qu’aux heures, où l’ennuy de rien faire commence à me saisir.
Faut-il accorder quelque prix à la solitude ?
Il faut avoir femmes, enfans, biens, et sur tout de la santé, qui peut, mais non pas s’y attacher en maniere que nostre heur en despende. Il se faut reserver une arriereboutique, toute nostre, toute franche, en laquelle nous establissions nostre vraye liberté et principale retraicte et solitude. En cette-cy faut-il prendre nostre ordinaire entretien, de nous à nous mesmes, et si privé, que nulle accointance ou communication de chose estrangere y trouve place : Discourir et y rire, comme sans femme, sans enfans, et sans biens, sans train, et sans valetz : afin que quand l’occasion adviendra de leur perte, il ne nous soit pas nouveau de nous en passer. Nous avons une ame contournable en soy mesme ; elle se peut faire compagnie, elle a dequoy assaillir et dequoy deffendre, dequoy recevoir, et dequoy donner : ne craignons pas en cette solitude, nous croupir d’oisiveté ennuyeuse. […] Et qui peut embraser son ame de l’ardeur de cette vive foy et esperance, reellement et constamment, il se bastit en sa solitude, une vie voluptueuse et delicieuse, au delà de toute autre sorte de vie. […] Le monde regarde tousjours vis-à-vis : moy, je replie ma veue au dedans, je la plante, je l’amuse là. Chacun regarde devant soy, moy je regarde dedans moy : Je n’ay affaire qu’à moy, je me considère sans cesse, je me contrerolle, je me gouste. Les autres vont tousjours ailleurs, s’ils y pensent bien : ils vont tousjours avant, nemo in sese tentat descendere : moy, je me roulle en moy-mesme. […] Retirez vous en vous, mais preparez vous premierement de vous y recevoir : ce seroit folie de vous fier à vous mesmes, si vous ne vous sçavez gouverner. […] Le pire estat de l’homme, c’est où il pert la connoissance et gouvernement de soy.
Sous quelle forme écrire pour ne pas être mû par une dynamique mensongère ?
Je parle au papier, comme je parle au premier que je rencontre […] Je peins principalement mes cogitations, subject informe, qui ne peut tomber en production ouvragere. […] Il faut que j’aille de la plume comme des pieds. […] Je n’ay point d’autre sergent de bande, à renger mes pieces, que la fortune. À mesme que mes resveries se presentent, je les entasse : tantost elles se pressent en foule, tantost elles se trainent à la file. Je veux qu’on voye mon pas naturel et ordinaire ainsi detraqué qu’il est. Je me laisse aller comme je me trouve. […] En fin, toute ceste fricassée que je barbouille ici, n’est qu’un registre des essais de ma vie […] Ce fagotage de tant de diverses pieces, se faict en ceste condition, que je n’y mets la main, que lors qu’une trop lasche oysiveté me presse, et non ailleurs que chez moy. Ainsin il s’est basty à diverses poses et intervalles, comme les occasions me detiennent ailleurs par fois plusieurs moys. Au demeurant, je ne corrige point mes premieres imaginations par les secondes, ouy à l’aventure quelque mot : mais pour diversifier, non pour oster. Je veux representer le progrez de mes humeurs, et qu’on voye chasque piece en sa naissance. […] Je ne peinds pas l’estre, je peinds le passage : non un passage d’aage en autre, ou comme dict le peuple, de sept en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute. Il faut accommoder mon histoire à l’heure. […] Me peignant pour autruy, je me suis peint en moy, de couleurs plus nettes, que n’estoyent les miennes premieres. Je n’ay pas plus faict mon livre, que mon livre m’a faict. Livre consubstantiel à son autheur : D’une occupation propre : Membre de ma vie : Non d’une occupation et fin, tierce et estrangere, comme tous autres livres.
Matthieu Gosztola
* Voir Johane Patenaude, Le dialogue comme compétence éthique, thèse présentée à la faculté des études supérieures de l’Université Laval pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor, Faculté de philosophie, Université Laval, Québec, juin 1996.
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