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Critiques

Sèves et chants d’herbes, Delphine Roux (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Sèves et chants d’herbes, Delphine Roux, éd. La Chouette Imprévue, 2019, Ill. couverture, Hélène Héniquez, 68 pages, 14 €

Un bel objet déjà en soi que ce livre qui contient des poèmes de Delphine Roux, poète résidant dans les Hauts-de-France dont elle s’est imprégné des paysages naturels et fait des herbiers des chants entendus dans les prairies, dans les pommiers :

À la cime des syllabes

Tu chantes le vivant

Gazouillis gravité

Bel objet littéraire, écrin de poèmes bucoliques, fabriqué avec le matériau naturel qui lui sied, stylé grâce à une infographie en harmonie avec la sève des chants d’herbes de Delphine Roux qui circulent dans cet arbre poétique augmenté de ses couleurs vert tendre, verts saisonniers, rouge fleur sanguine, pastels des champs céréaliers et des ciels remarquables de Picardie.

La Maison hantée, Shirley Jackson (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mercredi, 23 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Fantastique, Rivages/noir

La Maison hantée, Shirley Jackson, trad. anglais (USA) Dominique Mols, Fabienne Duvigneau, 270 pages, 8,20 € Edition: Rivages/noir

 

La Maison hantée (1959) de Shirley Jackson, tout comme sa plus célèbre nouvelle, La Loterie, est fait pour vous maintenir sur la corde raide du début jusqu’au-delà de la fin, parce que Jackson ne cherche pas à résoudre une énigme ou dénouer une situation, mais à révéler, à travers l’horreur ordinaire, de sombres vérités humaines. Les humains en question avaient d’ailleurs réagi violemment à la parution de La Loterie dans le New Yorker en 1948 : déluge de plaintes à la revue, désabonnements massifs, on lui demanda de s’excuser d’avoir écrit une telle histoire, et les gens du village de la côte Est où elle vivait, même le facteur, cessèrent de lui adresser la parole. Des crédules voulaient savoir où pouvait bien se dérouler ce genre de tombola aux États-Unis. Jackson a bravement ignoré toutes les demandes, n’a jamais accepté d’expliquer cette histoire à glacer le sang. Si une barbarie sauvage pouvait faire irruption dans de tranquilles villages une fois l’an par fidélité à une ancienne coutume, c’est qu’elle était incrustée à l’intérieur des familles, entre les parents, les enfants, les voisins, les amis.

Tangor, Tristan Félix (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 23 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres

Tangor, PhB Editions, 2020, 76 pages, 10 € . Ecrivain(s): Tristan Felix

 

Le tango argent teint

Tristan Felix tranche les mots mais jamais pour les mettre kaput. C’est un accouchement par le siège du maure tant la langue ose s’étranger dans des filatures de roues-baies là où les égocentriques reçoivent une volée de bois vert par celle qui le hante.

Tristan Félix est en effet fée de ramures dont on fait les balais de sorcières. Elle nous frappe dans ces traces et de ses farces à mots découverts. Bref on fesse-toi dans ce Tangor, sorte de pense pas bête où l’auteur par vaux et montagnes devient maîtresse femme de la Milonga.

Peu de boules à facettes cependant là où s’ébrouent – parfois en couples – bien des boulets qu’on nomme hommes ou ce qui en tient lieu et qui ne valent pas toujours mieux qu’une bête. Leur basculement est des plus provisoires et, pris dans la danse, leur cul semble parfois sans tronc.

Les Bonnes Gens, Laird Hunt (Par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Babel (Actes Sud)

Les Bonnes Gens (Kind One), Laird Hunt, trad. américain, Anne-Laure Tissut, 241 pages, 7,80 € . Ecrivain(s): Laird Hunt Edition: Babel (Actes Sud)

Ginny est partie de la maison de ses parents pour rejoindre le Paradis. Avec l’homme qui est venu pour l’épouser, Linus Lancaster. Et sa vie sera la connaissance, longue et terrible, de l’Enfer. Lentement, comme dans une descente progressive au fond d’un gouffre, Laird Hunt nous plonge dans une histoire de peine, de douleur et de mort. C’est par la mort d’une petite fille que commence le roman. Et c’est par la mort d’une vieille dame que s’achève le roman. Il n’y a pas de place pour la lumière, pour l’espoir. Le malheur semble tellement être un destin, que les gens le vivent comme inévitable. La mort d’un bébé est ordinaire et les parents semblent la recevoir comme une fatalité. Hunt ne laisse paraître aucune émotion lors de l’accident fatal. A peine dite, la blessure est plus acérée, plus profonde.

« Le bébé s’était fait mal en tombant et quand je la sortis du puits elle était morte. Je la donnai à ma femme puis allai m’appuyer contre le flanc de la maison. Le bois était tout chaud du soleil de l’après-midi. Au-dessous du niveau de mon torse, tout était dégoulinant. Je savais que notre fille dégoulinait aussi. Elle s’était cogné la tête en tombant et avait une marque en forme de croissant au-dessus du sourcil. En me retournant, je vis que ma femme n’avait pas bougé. J’apercevais la jambe de ma fille, la peau toute tendre au-dessus de la petite bottine mouillée. Nous l’enterrâmes à côté du ruisseau ».

Janvier noir, Alan Parks / L’Enfant de février, Alan Parks (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 22 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Rivages/noir

Edition: Rivages/noir

 

Janvier noir, Alan Parks, Rivages Noir, février 2020, trad. Olivier Deparis, 523 pages, 10 €

L’Enfant de février, Alan Parks, Rivages Noir, février 2020, trad. Olivier Deparis, 416 pages, 23 €

 

Alan Parks qui publie ici son premier roman policier vient rejoindre ses brillants camarades que sont William McIlvanney, Ian Rankin, Peter May, Gordon Ferris, pour n’en citer que quelques-uns. Est-ce l’urbanisme écossais, les paysages, la pluie ou le whisky qui donne cette saveur si particulière au tartan noir ? Pour notre nouveau venu, après l’avoir lu, on peut penser qu’en plus du reste, une canette d’Irn Bru lui donne son goût incomparable. L’Irn Bru appelé jadis Iron brew est l’autre boisson nationale d’Écosse après le whisky. Cette petite bouteille de breuvage orange s’exporte partout dans le monde excepté dans le complexe de golf de Turnberry, propriété de Donald Trump où ce dernier l’a fait interdire. Revenons à nos moutons.