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Biographie

L’amour égorgé, Patrice Trigano (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 21 Septembre 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

L’amour égorgé, septembre 2020, 236 pages, 18 € . Ecrivain(s): Patrice Trigano Edition: Editions Maurice Nadeau

Certaines vies sont des romans qu’aucun écrivain n’aurait pu inventer, ou n’aurait osé mettre en œuvre. Patrice Trigano s’est intéressé à celle, passionnante, passionnée, sombre en de multiples parts, lumineuses par nombre d’autres, de René Crevel.

Qu’on ne sache rien de René Crevel, qu’on n’ait jamais rien lu de lui n’est pas rédhibitoire : on se le campera en ce récit tel un personnage romanesque attachant au destin singulier.

Qu’on connaisse un tant soit peu le mouvement dada, le surréalisme, et les principaux protagonistes de cette période extraordinairement turbulente de créativité littéraire sera néanmoins un plus. Il est toujours fascinant de voir s’animer et évoluer dans une atmosphère de fiction des célébrités telles que Breton, Aragon, Eluard, Gala, Dali, Cocteau, Gide, Nancy Cunard, Tzara, Giacometti, Eugene McCown, Duchamp, Jouhandeau, Man Ray, Zweig et tant d’autres.

Cicéron, Stefan Zweig (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 10 Septembre 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages poche

Cicéron, juin 2020, trad. allemand Michel Magniez 96 pages, 7 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Rivages poche

Pour avoir commenté, ici même, Le Bouquiniste Mendel, et découvert Paul Verlaine, Hommes et destins, Légende d’une vie, Le Voyage dans le passé, Lettre d’une inconnue, je ne suis pas surpris du travail biographique entrepris par l’écrivain autrichien pour proposer sa défense et illustration de Cicéron. On lit cette nouvelle historique sans en lâcher une page tant la vivacité de la plume de l’auteur et les remous nombreux d’une vie attisent notre lecture.

Nous voilà plongés dans l’univers infernal des compétitions romaines entre chefs imbus de leurs droits et puissance, intérêts partisans et volonté, dans le chef d’un être complexe comme Cicéron, de laisser à la république ses valeurs et d’éviter le pire.

L’histoire nous a appris comment César, Auguste, Marc Antoine ont pu se hisser aux premières places et laisser dans l’ombre sans doute les meilleurs, Cicéron en est. Bourré de talents divers, orateur insigne, homme politique engagé, Marcus Tullius Cicéron sera souvent la victime toute désignée des changements de la politique romaine : plusieurs fois exilé, il consacre alors le meilleur de son temps aux livres, à l’écriture. Quitter Rome, la bruyante, pour un havre (Tusculum en Latium) où un esclave est toujours près de prendre sous la dictée le fruit de ses réflexions philosophiques, politiques, morales.

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata, juillet 2020, 164 pages, 7,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Vénus Khoury-Ghata nous livre dans cet ouvrage consacré à la poétesse Marina Tsvétaïéva non pas une biographie classique, dont les éléments principaux sont consignés en fin de volume pour mieux repérer le lecteur pas forcément familier des détails de la vie mouvementée de cette femme de lettres russe, qui a affronté maintes épreuves. Vénus Khoury-Ghata choisit dans le récit de s’adresser à Marina à la deuxième personne, accentuant ainsi la gravité dans le ton du texte et y introduisant une solennité permanente. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le côté marginal, dérangeant, maudit qui va caractériser la vie entière de cette femme. Elle se perçoit comme telle dès les premières années de son parcours littéraire, amoureux, et social : « Tu imposais ta volonté, imposais une écriture qui n’avait aucun lien avec celle des poètes qui t’ont précédée. Tu fascinais, dérangeais. Tu faisais peur ».

Darrigade, Christian Laborde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions du Rocher

Darrigade, août 2020, 288 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

« Je suis de l’Adour, de Narrosse, de Dax, des chemins bordés de haies, des clairières et des bosquets, du soleil généreux, de la pluie, des bêtes paisibles, et d’une métairie. Et je voulais aider mes parents qui travaillaient la terre d’un autre. Comment les aider : en étant à mon tour métayer ? Non. Il me fallait partir et réussir. Comment réussit-on, quand on est Landais et fils de métayer ? On devient torero ou champion cycliste.

Je m’appelle André Darrigade et j’ai pris le vélo par les cornes ».

Christian Laborde écrit Darrigade, et l’on entend le roman du vélo, l’éloge des Landes et du gascon, l’épopée du Tour de France. Darrigade est une ode à des instants précieux, à des hommes de qualité qui sprintent vers la gloire, à cette langue qui s’envole sur les routes de Chalosse, et dans les cols Pyrénéens. Christian Laborde écrit Darrigade, comme l’immense poète gascon Bernard Manciet écrivit Per el Yiyo (1), un hommage vivant et vibrant à un rouleur, un sprinteur, un coureur au swing unique, exceptionnel, comme celui chanté par un chœur antique, au torero El Yiyo, né à Bordeaux et tué par le taureau Burlero, dans les arènes de Colmenar Viejo en Espagne. Dédé-de-Dax roule, il roule comme l’orchestre de Duke Ellington, sérieux et fou à la fois, ses envolées sur les circuits et les routes du Tour sonnent comme les solos de Paul Gonsalves.

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions du Rocher

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin, 227 pages, 8,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Les personnages emblématiques de La Belle Époque sont souvent reliés au monde du spectacle, des arts, de la danse. Ainsi en va-t-il de La Goulue, cette danseuse célèbre de Montmartre, qui a animé les soirées des cabarets et salles de music-hall.

Maryline Martin, dans la biographie qu’elle consacre à ce personnage haut en couleur, s’attache aux étapes de son parcours, à ses rencontres, à sa personnalité aux multiples aspects. Louise Weber, son état-civil véritable, est une petite fille curieuse dès le plus jeune âge : blanchisseuse à seize ans, elle n’a de cesse que de s’échapper du cercle familial pour aller s’initier à la danse. Les premières étapes de cette plongée dans cet univers, c’est son père Dagobert qui les organise : elle apprend le chahut, ancêtre du cancan, l’art de lever la jupe. Elle veut faire mieux que Marguerite Bade dite Rigolboche, qui est capable de retrousser ses jupons jusqu’à la taille pour dégager sa jupe. Plus tard, en 1882, elle pousse la porte du Bal Debray, un établissement où elle va rencontrer un certain Valentin. Elle sera son partenaire de danse pendant neuf années…