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Biographie

L’espérance d’un baiser, Témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz, Raphael Esrail

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 22 Décembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Histoire

L’espérance d’un baiser, Témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz, septembre 2017, 284 pages, 19 € . Ecrivain(s): Raphael Esrail Edition: Robert Laffont

 

« En situation de survie, l’homme est vrai ».

Raphaël Esrail, ancien déporté, ancien résistant, et Président de l’Union des déportés d’Auschwitz, a passé une partie notable de sa vie à « dire Auschwitz » – sa mission – aux autres, ceux qui n’avaient pas cette expérience unique, qui ne savaient pas, ou mal. Aux jeunes, en particulier, pour apporter cet outil d’un genre à part, sans quoi aucune vie d’honnête homme ne saurait ici, en Occident, prendre forme…

Et la voix, douce et ferme, et la pédagogie, et – oui, parfois – comme un zeste d’humour en guise de distance, ont fait merveille partout où on l’écoutait dire « ce que des hommes avaient fait à d’autres hommes », dans un  silence étrange, que j’ai encore en mémoire, moi qui ai connu Raphaël lors d’un voyage pour les professeurs dans les grands camps de la mort de Pologne.

Goscinny, Marie-Ange Guillaume, José-Louis Bocquet

Ecrit par Jean Durry , le Vendredi, 15 Décembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Goscinny, Marie-Ange Guillaume, octobre 2017, 364 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): José-Louis Bocquet Edition: Actes Sud

 

 

Le quarantième anniversaire de la disparition de René Goscinny – né le 14 août 1926, au 42 rue du Fer-à-Moulin, 5ème arrondissement de Paris, décédé brutalement le 5 novembre 1977 au cours d’un test à l’effort mené au-delà du raisonnable par un « spécialiste » incompétent – est l’occasion de multiples hommages, numéros spéciaux « hors série », publications, expositions. S’imposait donc tout naturellement la reprise, vingt ans après sa parution, de cette très complète et très sincère « biographie », qui lorsqu’elle parut initialement développait elle-même un premier « petit livre » de Marie-Ange Guillaume. Cette fois, cette dernière s’était partagé la tâche avec José-Louis Bocquet, « inquisiteur hypersensible » et pertinent, tandis qu’elle-même qui fut secrétaire de rédaction à Pilote de 1972 à 1976 « se chargeait de l’écriture ».

Bon vivant !, Abbott Joseph Liebling

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 14 Décembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, La Table Ronde

Bon vivant !, octobre 2017, trad. anglais (USA) Jean-Christophe Napias, 248 pages, 17,40 € . Ecrivain(s): Abbott Joseph Liebling Edition: La Table Ronde

 

Les photographies d’Abbott Joseph Liebling disponibles sur le réseau Internet montrent un homme à la silhouette agréablement sphérique, obtenue, travaillée – on le devine – à grands coups de fourchette (car une silhouette de gourmand se travaille, comme une silhouette de culturiste, seul le résultat est différent). Ce journaliste du New Yorker, mort en 1963 (à l’âge de cinquante-neuf ans) est inconnu en France, pays qu’il aimait d’un amour quasi-religieux, comme l’aiment en général les Américains gourmands et cultivés (pas les idiots qui en période de froid diplomatique versent à l’égout le vin français qu’ils ont au préalable acheté). Liebling y séjourna souvent, entre les années 20 et le début de la décennie 1960, désireux – on le comprend assez bien – d’échapper à tout ce que son grand pays possédait d’horripilant. En 1926-1927, il avait obtenu de son père les subsides nécessaires pour une année d’études à la Sorbonne. Liebling ne se distingua point par sa fréquentation assidue de l’alma mater et passa beaucoup de temps dans les restaurants (savait-il seulement faire la cuisine ?).

Carson McCullers, Un cœur de jeune fille, Josyane Savigneau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 29 Novembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Livre de Poche

Carson McCullers, Un cœur de jeune fille, 500 p. 8,10 € . Ecrivain(s): Josyane Savigneau Edition: Le Livre de Poche

 

Carson McCullers fait assurément partie des écrivains dont on ne peut parler sans passion. Cette grande gigue sudiste, aux allures de garçon, aux romans abyssaux, aux personnages improbables, ne peut pas laisser indifférents les heureux lecteurs de son œuvre. La passion est la première qualité qui anime Josyane Savigneau dans cette biographie. Passion pour une grande auteure mais – et c’est indissociable chez Carson – pour une femme peu commune.

Le portrait qui se dessine au long de cette biographie est celui d’une écrivaine qui marqua son temps, à la fois par son œuvre audacieuse et transgressive et par le personnage – non moins audacieux et transgressif – qu’elle imposa dans les cercles littéraires américains, dans sa famille, dans sa vie. Dès 23 ans, la jeune sudiste entame tambour battant une carrière littéraire reconnue par tous dès le début. Le Cœur est un Chasseur solitaire (The Heart is a Lonely Hunter. 1940), roman choral aux personnages improbables, paumés de la vie, connaît un succès immédiat. Et, malgré quelques hauts et bas, ce succès ne se démentira jamais vraiment, ni auprès du public, ni auprès de ses confrères et consœurs en littérature.

Je, Gauguin, Jean-Marie Dallet

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 13 Novembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Je, Gauguin, octobre 2017, 238 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Dallet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Le genre de l’autobiographie imaginaire est malaisé à maîtriser. Jean-Marie Dallet, auteur de Je, Gauguin, dément quelque peu ce présupposé. Dans ce récit, il est le « Je » de Gauguin, son intimité, ses secrets, ses tourments récurrents, ses obsessions. Ce qui accroche dès l’entame de l’ouvrage, c’est l’explicitation des choix de ce peintre ; il avoue ainsi, au retour de son voyage en Amérique Latine où il a passé soit dit en passant une partie de son enfance, sa dépendance vis-à vis du désir d’évasion, de fuite d’un ailleurs forcément attractif :

« En fait dès qu’il s’agira de fuir, de chercher ailleurs plus loin, toujours plus loin, une existence différente, je serai toujours partant, n’admettant jamais que de lever l’ancre, même pour le bout du monde, ne sert à rien, que l’on n’échappe jamais à l’enfer intime qui vous colle au cœur, au Sud comme au Nord ».