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Biographie

Jean-Claude Izzo – Les vies multiples du créateur de Fabio Montale – Jean-Marc Matalon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 28 Février 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions du Rocher

Jean-Claude Izzo – Les vies multiples du créateur de Fabio Montale – Jean-Marc Matalon – 17,90 euros – 02/01/20 Edition: Les éditions du Rocher

 

« Au lycée du Rempart, Jean-Claude s’ennuie. On lui apprend à tordre des bouts de fer alors que ce qu’il aime par-dessus tout, c’est usiner les mots, ciseler les phrases, aiguiser les idées. » Jean-Marc Matalon

« Une brume de chaleur enveloppait Marseille. Je roulais sur l’autoroute, vitres ouvertes. J’avais mis une cassette de B.B. King. Le son au maximum. Rien que la musique. Je ne voulais pas penser. Pas encore. Seulement faire le vide dans ma tête, repousser les questions qui affluaient. Je revenais d’Aix et tout ce que je craignais se confirmait. Leila avait vraiment disparu. » Total Khéops – Jean-Claude Izzo – Série Noire Gallimard – 1995

Il y a vingt ans disparaissait l’écrivain et journaliste Jean-Claude Izzo, marseillais comme l’était Jean-Patrick Manchette, deux comètes de la littérature policière, du nouveau roman noir. Jean-Marc Matalon qui s’est déjà glissé dans la peau romanesque de l’auteur de Chourmo (1), lors d’une talentueuse effraction littéraire, nous offre une biographie fidèle, précise et brillante de l’écrivain, une immersion dans son histoire, ses filiations, ses amours et ses amitiés.

Brigitte Fontaine, Benoît Mouchart (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Castor Astral

« Brigitte Fontaine », Benoît Mouchart, 372 pages, 18 euros, janvier 2020. Edition: Le Castor Astral

 

Elle est une figure majeure de la scène underground française, une météore qui depuis un demi siècle fait des apparitions remarquées dans la medias chez lesquels elle a une difficile réputation en raison de ses propos  jugés provocateurs, parfois scabreux, énigmatiques ou agressifs ; elle reste cependant largement méconnue du grand public mais aussi méconnue pour la large palette de ses talents qui s’expriment certes dans la musique, mais aussi en poésie, en littérature, au théâtre…

Brigitte Fontaine est cette artiste protéiforme à laquelle Benoît Mouchart consacre ce livre. Dès les premières pages, l’auteur la compare à une pythie, qui délivre ses oracles à qui veut bien l’entendre, sans pitié, pour dénoncer, rugir, éructer ou adopter un ton plus voluptueux pour déclamer les hontes d’un monde auquel elle peut aussi trouver des charmes évidents. Brigitte Fontaine sait, ajoute-il, adopter un ton espiègle et enjôleur, pour ne pas mâcher ses mots, quitte à mettre son interlocuteur dans l’embarras, voire provoquer un malaise, et ainsi essaime-t-elle « de violents signaux d’alarme contre l’anormalité de la normalité ».

Puisque voici l’aurore, Annie Cohen (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 30 Janvier 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Puisque voici l’aurore, Annie Cohen, janvier 2020, 160 pages, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

La mort de la maladie

Dans le dernier livre d’Annie Cohen, Puisque voici l’aurore – dont elle illustre la couverture, où l’on voit l’orée d’un bois la nuit, ou, vu en plongée, un paysage arboré où d’étranges figurines se tapissent –, l’auteure compare l’écriture à « un crash sur la feuille du carnet noir » – peut-être l’évocation du choc d’un avion qui s’écrase dans le désert de l’Algérie en guerre ? Annie Cohen transpose des fragments de présent, ajournés, dans la réduplication de l’acte d’écrire, son activité principale, qui la relie à son passé, au Mexique, aux Caraïbes, à l’Algérie. La narratrice porte des « bracelets en argent », le signe d’appartenance des Kabyles et des nomades, ainsi qu’une « chaîne en or », celui des Algérois citadins. Les mots sont sous escorte, depuis « la morsure aigüe, vivace » du scorpion, la morphine pour en diminuer la douleur, les antidépresseurs pour réguler les humeurs, des « effluves de cannabis » pour apaiser les traumatismes, « une canne », « un infirmier » pour se diriger après « les suites de l’AVC ». A. Cohen dit « je » pour « toute une vie d’écriture marquée de dépression et de réappropriation ». Et elle l’affirme « du haut de la judéité, comme un fondement ».

Strange vagabond, who knows not what to seek, Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, John Bradburne (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 13 Janvier 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Strange vagabond, who knows not what to seek, Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, John Bradburne, éditions Paradigme, 2016, bilingue, préface Yves Avril, David Crystal, trad. Didier Rance, 96 pages, 9,80 €

 

Un vagabond céleste

Yves Avril et David Crystal, dans leur préface, évoquent la vie et l’œuvre de John Bradburne, né dans le Cumberland en 1921, dont l’existence est à la fois emplie de fracas, de travaux rudes et disqualifiés, de lumière et de talent – « administrateur, infirmier, conseiller, animateur spirituel, chef de chorale, croque-mort » et d’écriture de « plus de 4000 poèmes (…) plusieurs d’entre eux (…) longs de plusieurs milliers de vers ». L’on apprend qu’à la manière d’un apôtre, John Bradburne se dévoue à assister les lépreux en Rhodésie, jusqu’à son assassinat en 1979. La traduction est assurée par David Rance qui intitule ce corpus de poèmes Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, titre qui n’est pas sans rappeler Kerouac (1922-1969) et sa quête spirituelle de « clochard céleste ».

Bleuets, Maggie Nelson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Vendredi, 10 Janvier 2020. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Editions du Sous-Sol

Bleuets, Maggie Nelson, Editions du Sous-sol, août 2019, trad. anglais (USA) Céline Leroy, 112 pages, 14,50 € Edition: Editions du Sous-Sol

 

Du bleu au cœur

Etes-vous déjà tombé amoureux d’une couleur ? Maggie Nelson, oui, et c’est le sujet de Bleuets, bref et dense ouvrage traduit et publié par les Editions du sous-sol, dix ans après sa parution aux Etats-Unis, en 2009. Mêlant essai et autobiographie, il raconte l’histoire d’une passion, d’une fascination, d’un envoûtement même, qui a suscité l’« illusion choisie » que chaque objet bleu serait un « buisson ardent » ou un « code secret » à décrypter. L’auteure, après avoir mené tous azimuts une quête des bleus, se propose d’expliquer ce que cette couleur signifie et représente pour elle, à côté de ses significations et connotations admises. Son livre prend la forme de 240 fragments, de longueur irrégulière, au contenu hétéroclite mais reliés par un fil céruléen parfois ténu, parfois lâche, mais jamais coupé. Les épisodes autobiographiques, qu’ils concernent ou non la déliquescence d’un amour qui, pour être né avec la cueillette de bleuets, n’a rien d’un conte bleu, nous ont semblé d’un intérêt inégal – peut-être parce que, ne connaissant pas Maggie Nelson, nous n’entretenons pas – ou pas encore – avec elle cette intime et ancienne familiarité qui nous lie aux écrivains aimés, et qui rend curieux de leur vie aussi bien que de leur personne.