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Biographie

Le mystère Richelieu, Philippe Le Guillou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 01 Octobre 2021. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Histoire

Le mystère Richelieu, Philippe Le Guillou, avril 2021, 180 pages, 18 € Edition: Robert Laffont

 

« À partir d’une simple allure, d’une démarche glissante, latérale, à partir d’une barrette cardinalice – plutôt que l’imposant chapeau à houppes –, à partir d’une forme, un triangle en mouvement, le peintre janséniste, unique portraitiste du cardinal a imposé un genre, de manière définitive. Il a créé l’esthétique du portrait de pouvoir ».

Devant nous : un tableau signé Philippe de Champaigne où apparaît le cardinal de Richelieu, c’est cette apparition qui fonde Le mystère Richelieu, qui le nourrit et qui l’éclaire, comme nous éclaire Philippe Le Guillou, grand lecteur de l’épopée politique du cardinal. Arnaud Jean du Plessis de Richelieu eut un pied au XVIe siècle et son corps souffrant et glorieux se déplaça au XVIIe. C’est le siècle d’un homme qui embrassa le pouvoir, la gloire, suscita des jalousies, des ressentiments et des haines, qui brille dans ce livre. Le mystère Richelieu est le roman de ce pouvoir, le récit de cette épopée, de cet homme d’État, saisi au plus profond de son être par une « mystique de l’État », et c’est ce saisissement que décrit, que fait résonner Philippe Le Guillou, tout attentif qu’il est au parcours de ce religieux d’exception.

Rimbaud, Dernier voyage, Alain Vircondelet (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 25 Août 2021. , dans Biographie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Rimbaud, Dernier voyage, Alain Vircondelet, Editions Ecriture, avril 2021, 200 pages, 19 €

La lente agonie d’un poète ressemble à un voyage. Un voyage mêlant puissantes réminiscences, tensions familiales, espoirs fous, la souffrance abyssale d’un Albatros coupé de ses ailes. Alain Vircondelet nous raconte dans un style poétique rimbaldien la tragique amputation de notre poète maudit et prodige, cette amputation totale, et pas seulement de sa jambe. Sa mère droite et glaçante restera sa principale amputation.

Rimbaud pressent à Aden que les chiens jaunes flairent sa mort prochaine. Couché sur le pont du Bateau qui le reconduit à Marseille, son corps est arraché par la douleur, accentuée par le silence de la mer et la « rumeur chuintante des sirènes ». Rimbaud avait voulu fuir l’Occident sédentaire, le manque de poésie des Ardennes, pour l’Orient et ses parfums d’or. Le voici contraint par son corps malade de retourner à la case départ, celle des « races sédentaires » au détriment du dérèglement des sens. Partir ne sera plus possible. « Zanzibar, le mot qui résonne sous les étoiles comme des breloques d’argent accrochées au ciel » se cogne contre la douleur de son genou. Retour aux « demeures étriquées de Charleville ». Adieu à l’alchimique et clinquant Orient.

Le Monde d’avant, Journal 1983-1988, Roland Jaccard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Juillet 2021. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Serge Safran éditeur

Le Monde d’avant, Journal 1983-1988, avril 2021, 846 pages, 27,90 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Serge Safran éditeur

 

« Ce matin, le ciel est à nouveau couvert. L., installée dans mon lit, dévore Les Mots. Période calme, très amoureuse, nous n’avons aucun projet précis. Nous flottons au fil du temps » (25 juin 1983).

« Comme une gymnastique matinale, ce journal sert à me “chauffer”, à me mettre en forme. À me souvenir aussi. Et, parfois, à me fustiger. Misère et ridicule ; ridicule et misère : on en revient toujours là. Ou, autre question rituelle : comment devenir un champion du néant ? » (5.2.1984).

Tenir son Journal est un art littéraire bien singulier et qui ne doit pas s’effriter avec le temps. Les journaux d’écrivains ont traversé les siècles, les guerres et les révolutions, saisissant là en quelques traits précis un paysage, une intrigue, ici une conspiration, un voyage, un état de santé, une amitié, ou encore une effervescence amoureuse, des emportements, un visage, des ruses, des complots, des remarques piquantes sur quelques connaissances, ou parfois des rêves et des souhaits.

Dante, Alessandro Barbero (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 02 Juillet 2021. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion, Italie

Dante, Alessandro Barbero, février 2021, trad. italien, Sophie Royère, 480 pages, 28 € Edition: Flammarion

 

L’année 2021 est le 700e anniversaire de la mort de Dante, le « Poète florentin », homme d’affaires, homme de lettres, homme politique, homme passionné, qui écrivit, après Vita Nuova – roman inspiré de sa vie, qu’il rédigea entre 25 et 30 ans et dans lequel il reconstruit au printemps 1274 sa rencontre avec Béatrice, âgée de 8 ans et portant « une petite robe rouge sang » –, qui écrivit, après des traités comme le De vulgari eloquentia et Le Banquet, tous deux composés en 1304, année de la naissance de Pétrarque, et en même temps que le traité La Monarchie en 1310, l’une des œuvres patrimoniales les plus mondialement célèbres : La Comédie, plus connue sous le titre de La Divine Comédie.

Né en mai 1265, Dante (ou Durante) est issu d’une de ces riches familles d’usuriers de Florence, les Alighieri : il est Dante Alighierii, ou Dante di Alighiero degli Alighieri, l’un des Grands, des magnats, proche de la noblesse florentine. Il est le fils aîné d’un homme d’affaires décédé alors qu’il était encore un très jeune enfant. Dante et son frère Francesco sont assez riches pour vivre des rentes de leurs propriétés terriennes.

Ella Fitzgerald, Il était une voix en Amérique, Steven Jezo-Vannier (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 30 Juin 2021. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La rentrée littéraire, Le Mot et le Reste

Ella Fitzgerald, Il était une voix en Amérique, Steven Jezo-Vannier, mai 2021, 367 pages, 24 euros Edition: Le Mot et le Reste

Beaucoup a été dit et écrit sur Ella Fitzgerald. Un livre de plus pourrait-on dire, quel intérêt… Pourtant, intérêt il y a pour qui s’intéresse à la musique, aux mouvements sociaux qu’elle a traduits en créant des courants et des genres musicaux ; et pour qui s’intéresse aux musiciens, l’intérêt ici réside dans le détail d’une vie que « hasard et nécessité » ont vouée à la musique. The first lady of song avait une tessiture exceptionnelle qui lui a permis d’exercer son art dans le jazz, mais aussi le swing, le bebop, avec les plus grands musiciens (la photo de couverture de 1947 la montre en compagnie de Dizzy Gillespie et de Ray Brown), le blues, le rythm and blues et le gospel. Ella Fitzgerald ne s’est jamais laissé enfermer dans un style. Elle n’accorde pas plus d’importance aux frontières artistiques qu’elle n’admet de barrières culturelles, sociales ou raciales. Elle chante pour tout le monde, riche ou pauvre, Noir ou Blanc. A ses yeux, la musique, comme le public, ne doit souffrir d’aucune ségrégation. La musique n’a pas de couleur dira-t-elle en 1963. Des styles musicaux différents donc, qui traduisent aussi son engagement. « Ella était là bien avant le black power, les protest song et la révolution rock. Son truc à elle, c’est le soft power. Elle utilise l’essence universelle de la musique et son pouvoir fédérateur pour abattre les murs ».