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Roman

Big Brother, Lionel Shriver

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 25 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond, La rentrée littéraire

Big Brother, août 2014, traduit de l’américain par Laurence Richard, 434 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Lionel Shriver Edition: Belfond

 

Ce livre ouvre l’appétit comme son volume et l’énorme silhouette de son Big Brother qui nous fait face comme une ombre chinoise sur toile de fond jaune de son graphisme en première de couverture.

Ce livre ouvre l’appétit dès les premières phrases servies sur la table des premières pages & nous le ravit – notre appétit.

Nous ravit l’appétit grâce à la tension qui nous place, lecteurs, sur la ligne fébrile entre compassion & répulsion dans le processus d’identification, puisque les personnages ont cette trempe des caractères forts qui s’entrechoquent

et se renvoient la balle dans des rapports de force qui nous rendent arbitres de leurs états hauts en couleur.

Nous met en force d’appétit grâce au suspens qui maintient en haleine la force tranquille des pages nous menant, entre les lignes, vers un dénouement sans cesse reconduit et prêt à tout moment d’éclater.

La cavalcade africaine, Mandy Retzlaff

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Jean-Claude Lattès

La cavalcade africaine, traduit de l’anglais par Perrine Chambon, septembre 2014, 280 pages, 22,00 € . Ecrivain(s): Mandy Retzlaff Edition: Jean-Claude Lattès

 

Patrick Retzlaff, arrière-petit-fils du baron Moritz Hermann von Münchausen propriétaire d’une remarquable écurie, est installé depuis 1965 en Rhodésie, un pays qu’il aime à la folie et où, comme son propre père avant lui, son objectif est d’exploiter une grande ferme dans ce que l’on a surnommé « le grenier à blé de l’Afrique ». Mais sa véritable passion, comme un fil tendu entre les générations, est l’élevage et le dressage de chevaux. Sa future femme ne pourra être qu’une personne partageant ses goûts et c’est naturellement que quelques années plus tard, lui, Mandy son épouse, ainsi que leurs trois enfants, emménageront en 1992 à Crofton, dans la ferme de River Ranch avec leurs quatre chevaux, le tout au milieu du bush d’un pays rebaptisé le Zimbabwe. Un domaine paradisiaque (le terme revient souvent sous la plume de Mandy Retzlaff) qu’ils souhaitent un jour transmettre à leurs enfants.

« Défricher le bush pour y bâtir une ferme, c’est un peu comme monter un cheval : vous ne pouvez pas le forcer à vous obéir, vous ne pouvez que lui demander. Comme le cheval, la terre a son caractère bien à elle. Elle peut être obstinée. Elle peut être rebelle. Mais elle peut également vous apporter de grandes joies et vous dévoiler ses secrets si vous apprenez à collaborer avec elle » (p.41).

Le passager d’Istanbul, Joseph Kanon

, le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, USA, Seuil

Le passager d’Istanbul, septembre 2014, traduction (USA) de Lazare Bitoun, 484 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Joseph Kanon Edition: Seuil

 

Voici un polar bien atypique. Si d’habitude, nous suivons dans ce genre littéraire la quête d’un meurtrier, dans ce roman, c’est avant tout à la conservation d’un assassin que nous veillons. D’autre part, s’agissant de l’enquête du meurtre perpétré ab-initio, il s’avère que c’est au meurtrier lui-même que l’on donne cette tâche.

Joseph Kanon situe son action en Turquie juste après le Seconde Guerre Mondiale. Ce pays neutre avait dû faire face à la préservation d’un équilibre précaire entre les alliés occidentaux et la Russie communiste. Bien que la guerre soit terminée, Istanbul et Ankara se trouvent néanmoins toujours dans cette situation inconfortable de balancier.

Ainsi, quand les Forces Secrètes Américaines font venir à Istanbul un ancien nazi roumain à des fins d’obtention d’informations secrètes russes, et que le responsable de l’opération est tué, le « coursier » en charge du transfert se retrouve bien en peine. Il doit en effet trouver une solution pour évacuer ce monstre recherché par les russes et haï par tellement de gens qu’il risque la mort à chaque instant.

Moisson, Jim Crace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, La rentrée littéraire, Rivages

Moisson (Harvest) Traduction de l’anglais Laetitia Devaux Août 2014. 266 p. 20 € . Ecrivain(s): Jim Crace Edition: Rivages

 

La lecture de Moisson est une expérience littéraire qui se fait rare : lire un roman du début du XIXème siècle américain écrit en 2014, vous l’avouerez, ce n’est pas commun. Et lire un chef-d’œuvre du XIXème siècle écrit aujourd’hui est encore plus stupéfiant. Bien au contraire. Cette lecture est un bonheur de chaque instant, une sorte de voyage – dans l’espace certes puisque nous sommes en … - mais surtout dans le temps. Parce que l’histoire se situe en … mais aussi parce que Jim Crace écrit comme le faisait un Washington Irving ou les sœurs Brontë, dans une langue classique et dans un élan propre au romantisme littéraire.

Les points de suspension qui précèdent ne sont pas un oubli ou une erreur. On ne sait réellement pas où se situe l’action, ni quand. Jim Crace s’inscrit délibérément dans une sorte de nulle part hors temps qui accentue encore le sentiment d’universalité et d’éternité que sécrète ce roman. A la manière vraiment des contes anciens « il était une fois, dans un pays imaginaire … ». Pays – village - coupé du monde. Le narrateur est un « immigré » mais il a fini par s’intégrer totalement à ce monde isolé, consanguin, ce « royaume de parentèle »

En Face, Pierre Demarty

, le Mercredi, 22 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion, La rentrée littéraire

En Face, août 2014, 192 pages 17 € . Ecrivain(s): Pierre Demarty Edition: Flammarion

 

Prenez la vie en pleine face !

Et si vous décidiez de mener votre vie autrement ? Prenez le cas Jean Nochez. Marié deux enfants, il décide un jour, sans raison apparente, de tout plaquer pour aller vivre… en face de chez lui. Pas besoin de gagner au loto ou d’une crise de la quarantaine, lisez En face, le premier roman très remarqué de Pierre Demarty.

Prénom : Ferdinand. Profession : pilier de bar aux Indéciles heureux, bistrot de quartier à la « faïence orangée, à l’éclairage à la minuterie ». Hobby : narrateur de l’histoire. Signe distinctif : au comptoir, boit à côté de Jean Nochez, l’homme le plus insignifiant au monde.

Nochez vit heureux avec sa femme, ses enfants et sa vie ordinaire. Jusqu’au jour où il décide de disparaître, et sans rien dire, il s’installe dans l’appartement en face. Comme James Stewart dans Fenêtre sur cour, il observe le monde, il guette la vie qui continue sans lui. Ferdinand est fasciné. Pourquoi cet homme veut-il tout à coup disparaître ? Pourquoi s’exiler de sa propre vie ? Le narrateur invente alors une histoire à celui qui n’en n’a pas.