Identification

Roman

Bye Bye Elvis, Caroline De Mulder

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire

Bye Bye Elvis, août 2014, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Caroline De Mulder Edition: Actes Sud

« L’amour cette fois encore lui échappe. Toujours Ginger file, lui à peine endormi, elle file comme la jeunesse et la beauté d’Elvis filent chaque jour un peu plus, elle est un reflet de son passé disparu ».

« Chez lui c’était parfois comme si entre la jeunesse et la grande vieillesse, il n’y avait rien eu, comme s’il y avait de moins en moins. John White était une chandelle brûlée par les deux bouts, et vierge au milieu ».

Ce livre pourrait s’appeler Reflets dans l’œil de l’écrivain. Reflets de l’idole mondiale du glamour et du rock and roll dont la légende se fissure, reflets d’un autre américain à Paris qui n’en finit pas de tomber sous le regard d’Yvonne entrée par hasard à son service. Les hommes chutent sous les yeux de Caroline De Mulder, Elvis et John que le destin aimante vers le plan final, comme un dernier carton qui sert de point final à leur histoire, à leur film, où une main maladroite griffonne The End. Les héros du livre chancellent, se relèvent, ne sont dupes de rien, et surtout pas de ce qu’il leur arrive, l’un accepte tout, les concerts et les films les plus farfelus sous l’œil de vautour du Colonel, l’hystérie générale qui lui colle à la peau, l’autre s’invente les richesses qu’il n’a plus, joue son va tout, alors qu’il sait que son corps n’en peut mais, mais il y a Yvonne, cet ange gardien, qui ressemble tant à sa mère fauchée en pleine fleur.

Toute la Terre qui nous possède, Rick Bass

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

Toute la Terre qui nous possède (All the Land to hold us). Traduction de l’américain Aurélie Tronchet. août 2014, 441 p. 22 € . Ecrivain(s): Rick Bass Edition: Christian Bourgois


Toute la puissance de Rick Bass est concentrée en cette grande œuvre. Et il ne s’agit pas seulement de style – ou de l’écriture particulière du grand Rick. Il s’agit de la puissance qui coule au long des pages de ce roman et dont la source est la littérature américaine même, à laquelle Rick Bass se nourrit, se baigne, s’immerge tout entier. Des premiers écrits, ceux de la littérature coloniale du XVIIIème siècle déjà, les américains sont happés par l’espace, les espaces, ceux de la conquête jamais achevée, ceux des premiers colons, ceux des grandes plaines, des chaînes montagneuses, des fleuves immenses, des gorges vertigineuses. Happés par la Terre qui sera le ferment premier d’une littérature prodigieuse de force, de poésie, d’aventures.

Happés par la Terre renvoie au titre de ce roman, dont la version originale est « All the Land to hold us ». Aurélie Tronchet – l’excellente traductrice de ce livre – et probablement l’éditeur, ont choisi la traduction qui dit cela clairement : Toute la terre qui nous possède (nous tient, nous happe, nous capte). Une autre piste était possible et la lecture du roman la rend aussi séduisante : Toute la terre qui nous tient debout (droit, sur nos jambes).

Les Ongles, Mikhaïl Elizarov

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 17 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, La rentrée littéraire, Serge Safran éditeur

Les Ongles (Nogti), août 2014, traduit du russe par Stéphane A. Dudoignon, 170 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Mikhaïl Elizarov Edition: Serge Safran éditeur

 

Dans un orphelinat de l’Ukraine post-soviétique en plein délitement politique et social, où sont entassés des enfants nés difformes et atteints de troubles mentaux, grandissent vaille que vaille un bossu, de père et mère inconnus, à qui les nurses ont donné comme état civil le nom de Gloucester, et son étrange ami Bakatov, dont l’essentielle raison de vivre est de se laisser pousser les ongles des mains et des pieds jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille suffisante pour être rongés à l’occasion d’un cérémonial occulte très précis qui pourvoit pendant toute sa durée leur propriétaire de puissants et dangereux pouvoirs.

Le narrateur est Gloucester lui-même, la narration se faisant à la première personne, ce qui permet à Elizarov de décrire le monde tel que le voit le bossu, avec sa subjectivité d’innocent, à la manière des personnages de Faulkner.

Parle-moi du sous-sol, Clotilde Coquet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 17 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard, La rentrée littéraire

Parle-moi du sous-sol, août 2014, 216 pages, 17 € . Ecrivain(s): Clotilde Coquet Edition: Fayard

 

Avec citation d’un extrait de Cycle de Mickaël Bonneau, parution in La Cause Littéraire, Août 2014 création poétique.

(…)

à l’épicerie le pain est sec les fruits sont blets le tiroir-

caisse est vide

derrière le comptoir l’employé soutient

la classification des fonctions

l’harmonisation des statuts

en cas de problème contactez le service des primes

(…)

Mickaël Bonneau, Cycle

Dialogue d’été, Anne Serre

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 15 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Mercure de France, La rentrée littéraire

Dialogue d’été, septembre 2014, 151 pages, 15 € . Ecrivain(s): Anne Serre Edition: Mercure de France

 

Jeux de miroirs, dialogue avec soi-même, passage du seuil entre présent et passé, réalité et imaginaire…, ce n’est pas tant l’imaginaire de l’écrivain que sa remise en place sur les lieux du passé, ses petites scènes de crime intimes, confidentielles et révélées, à l’image de ces bains révélateurs, où décante le souvenir :

« – N’as-tu jamais honte de raconter tant de secrets ?

– Si, d’une certaine manière. Mais dès que c’est passé de l’autre côté, dès que c’est dans le livre, ceci ne me concerne plus, n’a plus à voir que de très loin avec ma vie. Je raconte quelque chose qui passe en moi et n’est jamais fixé » (p.23).

Dialogue d’été, c’est avant tout la quête de la mère, mais aussi du personnage qu’elle aurait dû incarner pour l’auteur, sa fille, et dont elle a démissionné par sa mort prématurée, lorsque l’enfant avait dix ans.