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Roman

Sur ce chemin, Gisèle Prevoteau

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 10 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Sur ce chemin, iPagination Editions, mai 2014, 290 pages, 15,10 € . Ecrivain(s): Gisèle Prevoteau

 

Catherine est depuis des années cadre supérieur d’une entreprise où elle est la spécialiste impitoyable de l’organisation des « plans sociaux », expression moderne du plus cruel cynisme pour désigner les mises à la porte massives, les licenciements collectifs, les charrettes remplies…

Très appréciée pour sa rigueur, son implication, sa motivation et son manque absolu d’humanité dans la mise en application froide et systématique de ces programmes d’épuration, elle vit seule et n’a d’autre passion que son travail, d’autre horizon que ses dossiers, d’autre famille que son collègue Gérard, son assistant, le frère de Paul, l’unique partenaire avec qui elle ait eu pendant quelque temps une vie de couple, Paul, qui a mis fin tout à coup à cette union en se suicidant.

Et voilà qu’un jour, rompant avec un quotidien professionnel très rigoureusement réglé, elle pète les plombs : au lieu de se rendre à son travail, sans savoir pourquoi, sans l’avoir prémédité, elle laisse sa voiture la conduire sur un chemin de hasard, toute volonté brusquement anéantie, tout contrôle de soi brutalement perdu, tout désir de vivre soudainement abandonné.

Le roi disait que j’étais diable, Clara Dupont-Monod

, le Mardi, 07 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset, La rentrée littéraire

Le roi disait que j’étais diable, août 2014, 240 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Clara Dupont-Monod Edition: Grasset

 

Aliénor mon cœur t’adore

Clara Dupond-Monod a choisi un bel octosyllabe, Le roi disait que j’étais diable, comme titre de son dernier roman. Elle montre une nouvelle fois sa prédilection pour le Moyen-âge.

En effet, cette diablesse, c’est Aliénor d’Aquitaine, une femme de caractère qui fut reine de France au XIIe siècle (puis devint reine d’Angleterre par son second mariage).

Aliénor possède quelques points communs avec dame Dupont-Monod, par exemple une fascination partagée pour l’histoire de Tristan et Yseult. N’est-ce pas Clara Dupont-Monod qui, voici quelques années, avait utilisé sa belle plume pour raconter l’histoire de Tristan et Yseut vue par le roi Marc (1) ? C’était déjà une fameuse idée !

Aliénor ne s’en laisse guère conter : « Mon prénom est un monde et personne n’y laisse son empreinte. Ni Dieu, ni roi ».

Mansfield Park, Jane Austen

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 04 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Folio (Gallimard)

Mansfield Park, traduit de l’Anglais par Pierre Goubert, juin 2014, 720 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): Jane Austen Edition: Folio (Gallimard)

 

Les années d’apprentissages de Miss Price

Les éditions Gallimard, comme toujours, ne cessent de nous surprendre. En automne 2013, elle offre aux lecteurs le deuxième volume des Œuvres romanesques complètes de Jane Austen. Celui-ci apparaît dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque de la Pléiade comprenant entre autres récits le non moins célèbre Mansfield Park.

Juin 2014, les éditions Gallimard récidivent et font paraître dans la collection Folio/Classique l’œuvre magistrale de Jane Austen, écrite dans la maturité : Mansfield Park. Cette publication permet aux publics avertis ou néophytes, étudiants ou curieux, de (re)découvrir un classique de la littérature anglaise.

Mansfield Park est publié en 1814, un an après le célèbre Orgueil et Préjugés. Jane Austen relate l’histoire de Fanny Price issue d’une famille pauvre et recueillie à Mansfield Park, la splendide demeure de son oncle et de sa tante, les Bertram. Le roman fleuve de 660 pages relate le parcours de la jeune fille méprisée et mal-aimée de tous à son arrivée à Mansfield Park :

L’incendie, Tarjei Vesaas

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 04 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

L’incendie (Brannen) traduit du norvégien par Régis Boyer (1ère édition Flammarion, 1979), Ed. La Barque, 2014 . Ecrivain(s): Tarjei Vesaas

 

Alors que se poursuit l’engouement éditorial pour les polars du nord, deux éditeurs s’associent, « La Barque » et « L’œil d’or », pour rééditer un des chefs-d’œuvre du norvégien Tarjei Vesaas : L’Incendie. Il est toujours un peu délicat de parler de chef-d’œuvre, car l’on fait plus état d’une opinion que d’une réalité franchement objective, ou même objectivable, pourtant avec L’incendie et Tarjei Vesaas, le lecteur que je suis ne trouve pas d’autres mots pour résumer ou qualifier cette œuvre.

L’écriture de Vesaas peut paraître austère, âpre et rugueuse, mais elle est aussi profondément lyrique, imprégnée d’un imaginaire et d’images qui peuvent hanter le lecteur pendant des années. Les écrits de l’auteur norvégien sont en effet de ceux qui ne font que commencer lorsqu’on les referme après s’être immergé dans leur monde.

Jon est nouveau venu. Où ? Dans un embryon de ville au bord d’un cours d’eau. Dans sa chambre, un téléphone noir, rassurant et inquiétant. Une voix dans le téléphone : Ça vient de chez moi ! Puis le silence. Il descend l’escalier, sort et se laisse emmener par un gamin dans la forêt où le père scie sans cesse, jour et nuit, débitant d’énormes arbres en rondelles lumineuses et odorantes.

Résister ne sert à rien, Walter Siti

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 04 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Métailié, Italie

Résister ne sert à rien (Resistere non serve a niente), traduit de l’italien par Serge Quadruppani, février 2014, 298 p. 21 € . Ecrivain(s): Walter Siti Edition: Métailié

 

L’auteur annonce d’entrée, en préambule, son parti-pris littéraire, en citant Graham Greene :

Le genre narratif est plus sûr : beaucoup d’éditeurs auraient peur de publier des essais sur ces thèmes.

Il a raison : ces thèmes, le lecteur s’en aperçoit très vite, sont explosifs, et la réalité à laquelle ils réfèrent est de la nature de la bombe à fragmentation.

Walter Siti, connaisseur averti des rouages occultes de la haute finance, aurait pu, c’est évident, tant paraît étendue sa science des mécanismes spéculatifs, choisir d’y consacrer un essai, voire une thèse, volumineuse, qui serait apparue comme un brûlot susceptible de réduire son auteur en cendres.

Il en a fait un roman incendiaire, dont l’acteur principal est Tommaso, le fils unique d’un mafioso italien minable, d’un fusible de l’Organisation qui passe une grande part du temps du récit en prison.