Catherine est depuis des années cadre supérieur d’une entreprise où elle est la spécialiste impitoyable de l’organisation des « plans sociaux », expression moderne du plus cruel cynisme pour désigner les mises à la porte massives, les licenciements collectifs, les charrettes remplies…
Très appréciée pour sa rigueur, son implication, sa motivation et son manque absolu d’humanité dans la mise en application froide et systématique de ces programmes d’épuration, elle vit seule et n’a d’autre passion que son travail, d’autre horizon que ses dossiers, d’autre famille que son collègue Gérard, son assistant, le frère de Paul, l’unique partenaire avec qui elle ait eu pendant quelque temps une vie de couple, Paul, qui a mis fin tout à coup à cette union en se suicidant.
Et voilà qu’un jour, rompant avec un quotidien professionnel très rigoureusement réglé, elle pète les plombs : au lieu de se rendre à son travail, sans savoir pourquoi, sans l’avoir prémédité, elle laisse sa voiture la conduire sur un chemin de hasard, toute volonté brusquement anéantie, tout contrôle de soi brutalement perdu, tout désir de vivre soudainement abandonné.