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Recensions

Le meilleur des jours, Yassaman Montazami

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 26 Octobre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Sabine Wespieser

Le Meilleur des Jours, août 2012, 144 p. 15 € . Ecrivain(s): Yassaman Montazami Edition: Sabine Wespieser

 

Ce livre, le premier de Yassaman Montazami, est un émouvant hommage au père, une manière de conjurer la perte et de faire vivre encore cette forte figure familiale au travers de l’écriture. Un père original, épris de justice, généreux et impertinent, doté d’un grand talent pour les pitreries, qui fut surnommé à sa naissance, en 1940, plusieurs semaines avant terme, Behrouz – en persan « le meilleur des jours ». Un enfant miraculé, premier né d’une famille aisée de Téhéran, et qui survécut grâce aux soins d’une mère, qui n’eut de cesse ensuite toute sa vie de veiller obsessionnellement à ce qu’il ne manque de rien. Behrouz est mort d’un cancer à Paris en 2006, et sa fille a alors pris le crayon pour l’immortaliser et nous plonger ainsi dans l’histoire de sa famille, avec un pied en France, l’autre en Iran.

Son père est envoyé faire des études à Paris vers la fin des années 60, il a d’ailleurs été éduqué en français, comme bon nombre d’enfants de la bourgeoisie téhéranaise de l’époque. Il se trouve alors « pris dans une ivresse sans limite devant la vastitude des connaissances qu’il pouvait acquérir à Paris » et comme ses parents lui assurent leur soutien pécuniaire, après avoir épousé Zahra, dans un élan romantique lors d’un retour à Téhéran, il restera un éternel étudiant.

Le dernier Lapon, Olivier Truc

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Octobre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Métailié

Le dernier Lapon. septembre 2012. 453 p. 22 € . Ecrivain(s): Olivier Truc Edition: Métailié

Pour le moins, on peut affirmer que ce livre propose au lecteur un dépaysement radical. Imaginez : nous sommes dans la nuit polaire, en Laponie, au cœur du pays des éleveurs de rennes, par des températures oscillant entre -20 et -30 degrés ! On est plus exactement au moment où le jour va faire sa réapparition, très attendue on l’imagine par les populations locales. Mais cette renaissance se fait chichement, par petites minutes quotidiennes de clarté.

C’est dans ce cadre hostile et fascinant qu’Olivier Truc situe son histoire policière. Car c’est bien d’un roman noir qu’il s’agit. Deux événements en sont à l’origine : la disparition dans un musée local d’un ancien tambour Sami (peuplade indigène de Laponie, Suède du nord) et l’assassinat d’un gardien de rennes, Mattis, également Sami. Dans une Suède du septentrion, encore sujette au mépris raciste de ses populations originelles – il existe même une sorte de parti d’extrême-droite raciste appelé « parti de progrès » - la question se pose d’entrée : forfaits raciaux ?

Deux policiers (un homme et une femme) mènent l’enquête. Lui, c’est Klemet, un indigène sami justement. Elle, c’est une jeune femme, policière de fraîche date, Nina. Ils forment un tandem attachant et sympathique. Klemet, vieillissant, désabusé par une vie médiocre, bougon mais au coeur d’or. Nina, jolie, intelligente et d’un sérieux à toute épreuve.

Qu'avons-nous fait de nos rêves ?, Jennifer Egan

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 24 Octobre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Stock

Qu’avons-nous fait de nos rêves ?, trad. de l’anglais (USA) par Sylvie Schneiter, 371 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jennifer Egan Edition: Stock

Tout d’abord, une envie de dire qu’on a déjà lu ça, que c’est de l’histoire ancienne : les années passées, la fuite du temps, la jeunesse un peu paumée, tatouée, « piercée », droguée, rock’n roll, beaucoup musicienne, les rassemblements de foule, la vie dans une cité sans âme, les rêves broyés, rendant à chacun son anonymat premier. Comment s’appelait-il (elle) déjà ? Refaire sa vie, la revivre à l’envers, avec des incrustations ici ou là, des arrêts sur image plus ou moins longs.

Lincoln, le fils adolescent de Sasha, l’a bien compris qui, fou de rock, apprécie la chanson à l’aune de ses pauses.

C’est l’histoire d’un petit groupe de musiciens adolescents, c’est l’histoire du monde du (show) business, des ratés de la vie, des loupés, des actes manqués, comme ces petits assemblages que fait Sasha, cleptomane, des objets dérobés, pour leur donner une autre vie, une autre chance, comme ces distorsions que fait subir à ses journées la petite fille de Sasha, décomposant et recomposant la vie de sa famille en bulles, en arbres généalogiques, en labyrinthes, en jeux fléchés où questions et réponses se mordent la queue, donnant à entendre qu’on peut tout refaire, une fois fixées les choses. Ou ces SMS dont la langue phonétique s’apprécie aussi en langage des signes : ouvrir les doigts ou les rapprocher, pour s’éloigner du texte ou de l’objet de l’échange, ou le faire venir à soi.

La ruinette, Philippe Tabary

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 23 Octobre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

La Ruinette, septembre 2012, 346 pages, 18 € . Ecrivain(s): Philippe Tabary Edition: Le Cherche-Midi

Contrairement à ce qui prévalait autrefois, quand, la majorité de la population vivant dans la ruralité, la maison était, sinon toujours le lieu de l’existence de plusieurs générations d’une même famille, pour le moins dans la plupart des cas celui, unique, de la vie entière d’un couple, du mariage à la mort en passant par les naissances successives et les départs des enfants, l’exigence moderne de mobilité professionnelle incite nos contemporains des classes moyennes à acquérir par anticipation la maison où ils n’iront vivre de façon permanente qu’une fois venue l’heure de la retraite.

Cette maison-là, cet asile aménagé et préparé tout au long de leur carrière respective d’inspecteur d’académie et d’institutrice, par Albert, le personnage central, et Fanny, son épouse, leur sert, en attendant le moment où ils émargeront au grand livre de la dette publique, d’épisodique résidence familiale de vacances.

Cette maison-là porte un nom prédestiné : La Ruinette.

En effet, les projets caressés sont ruinés par la disparition précoce de Fanny et par le peu d’intérêt que manifestent les enfants pour l’endroit qui était destiné, dans l’esprit de leurs parents, à devenir le centre privilégié de retrouvailles régulières.

L'échec, James Greer

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 22 Octobre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Joelle Losfeld

L’échec (The Failure), traduit de l’anglais (USA) par Guylaine Vivarat avec l’auteur, 4 octobre 2012, 212 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): James Greer Edition: Joelle Losfeld

 

Comme le titre l’indique, L’échec est l’histoire d’un échec. Dès la première page, James Greer fait plonger le lecteur au cœur d’une action très absurde. Ed Mémoir est au volant de sa voiture. Son téléphone sonne, mais il ne répond pas. Et c’est dommage pour lui car il aurait alors entendu que son père venait de rendre l’âme et qu’il lui léguait assez pour financer le développement de son prototype, le Pandémonium. S’il avait entendu le téléphone, il aurait sans doute levé le pied et évité la collision frontale avec un véhicule arrivé à contresens et il ne se serait pas retrouvé dans le coma.

Ed conduisait sa voiture juste après « le fiasco du comptoir coréen ». Il venait de braquer un bureau de change dans l’objectif de mettre la main sur 50.000 dollars qui lui permettraient de financer son projet, le Pandémonium.

Le Pandémonium est une technologie de placement de publicités subsensorielles sur le web. « C’est une manière indétectable d’interférer avec des sites Internet en plaçant des messages subsensoriels qui seraient vus à leur insu par ceux qui consultent le site. Par exemple, si tu détestais les Républicains, tu pourrais aller sur un site républicain pour placer un message disant : Votez démocrate ».