Identification

Recensions

J'ai fait l'amour avec la femme de Dieu, Serge Gonat

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 10 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Récits, Québec, Myriapode

J’ai fait l’amour avec la femme de Dieu, octobre 2012, 204 p. 18 € . Ecrivain(s): Serge Gonat Edition: Myriapode

 

 

Récit fantastique ? Ecriture poétique délirante ? Conte de la folie peu ordinaire ?

Il y a un peu de tout cela dans cette histoire déroutante.

Bernardo, pieux puceau, vit à Quérouville, une société hors du temps où les règles du Bien et du Mal sont édictées par le mystérieux chef spirituel manichéen de l’Armée De Salut, un certain Lazard, qui s’évertue à détourner ses ouailles du péché de luxure.

Le Mal, le sexe en l’occurrence, est incarné, clame ce saint homme, par Madame Gilbert, la tentatrice, qui, en incitant Bernardo à lui faire la lecture des Onze mille verges d’Apollinaire, œuvre indexée comme satanique par Monseigneur Lazard, a pour dessein de le dévoyer et de l’amener à perdre avec elle son pucelage et davantage.

Tes yeux dans une ville grise, Martin Mucha

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, La rentrée littéraire, Asphalte éditions

Tes yeux dans une ville grise, 10 janvier 2013, 16 €, 192 p . Ecrivain(s): Martin Mucha Edition: Asphalte éditions

 

 

Martin Mucha offre avec ce roman singulier et attachant un panorama kaléidoscopique d’une époque et d’une ville. L’époque est la fin du vingtième siècle, la ville est Lima, une ville qu’il traverse chaque jour et qui lui donne l’occurrence d’une perception plurielle du monde urbain. Si Jeremias, le narrateur, nous fait voyager dans la capitale péruvienne de long en large, Lima est le personnage principal du texte. Deux moyens de transport sont privilégiés en raison de la modicité du coût, le bus et le combi. « A voir les gens derrière les vitres du bus, on dirait qu’ils sont attrapés dans un écran ». Vision du monde urbain qui n’offre aucun attrait, sauf à considérer les populations comme canalisées par une force qui les contraint. Jeremias n’aime pas sa ville, d’autant moins qu’elle sécrète des « prophètes », tel ce « cinglé qui monte dans le bus pour disserter sur la société et la folle religion qui est la sienne ».

Les quatre éborgnés, Alice Massat

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Joelle Losfeld

Les quatre éborgnés, sortie : 10 janvier 2013, 160 p. 16,90 € . Ecrivain(s): Alice Massat Edition: Joelle Losfeld

 

Bienvenue chez vous, « frères humains ». Jusqu’à quel degré ressemblons-nous aux personnages du livre. Sommes-nous Lune, Jefferson, Gaspard, Ugolin ou bien plus sûrement un peu tous à la fois au gré des circonstances de nos vies. Par choix ou par nécessité ? Car c’est le propos de ce livre : jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour satisfaire nos besoins ? Jusqu’à demander un sac rempli de billets de banque en échange d’une déclaration publique ? S’agit-il d’un « œil pour œil », d’individus en situation d’échanges permanents. Feutrée ou plus violente, la sollicitation des autres et l’ajustement de nos comportements est permanent.

Lune débute un stage dans un journal qui hésite pour sa une entre deux sujets et les traite parallèlement jusqu’au dernier moment. S’ensuivent des rencontres dans un univers beaucoup plus réduit qu’on ne le croit. La « une » la plus probable concerne un écrivain dont Lune est devenue la secrétaire par le hasard d’une rencontre et dont il est le protecteur. Elle n’a pas d’objectif précis, elle est en errance affective et professionnelle et sans les ressources qui lui offriraient une autonomie. Ses choix, comme ceux des autres, sont alors guidés par la nécessité. Elle n’y échappe pas, elle est une héroïne ordinaire.

L'éponge des mots, Saïd Mohamed

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

L’éponge des mots, Les Carnets du Dessert de Lune, 2012, 128 pages, 12 € . Ecrivain(s): Saïd Mohamed

L’éponge des mots est un livre sans commencement, ni fin, dans lequel on entre, puis on s’assoit et on écoute. On écoute un compagnon qui nous passerait la bouteille, on boirait à même le goulot, sans faire de manières, avant de la repasser à un autre, qui serait là aussi, quelque part au bord du monde, parce que toutes les routes ont déjà été arpentées, tout a été dit, et pourtant nul n’a encore trouvé le remède au mal de vivre.

L’éponge des mots éponge le trop plein.

 

Pas de gloire à se combler d’alcool

Pour s’inventer des cataplasmes.

Boire encore et tordre le cou aux sortilèges.

Capitaine au long cours veillant sur l’histoire du hasard.

Taillader son chemin dans l’aventure des rues lisses.

Un matin pour la vie et autres musiques de scène, Françoise Sagan

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 07 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Le Livre de Poche

Un matin pour la vie et autres musiques de scène, 2012, 240 p. 6,10 € . Ecrivain(s): Françoise Sagan Edition: Le Livre de Poche

Sagan donne de ses nouvelles

Françoise Sagan écrivait des textes courts. On le lui reprocha. Ses romans, souvent brefs, étaient soi-disant bâclés. Elle aurait pu approfondir la psychologie des personnages, creuser certaines situations, décrire plus longuement, disaient les critiques… Elle prouva avec La Femme fardée (1981) qu’elle était capable d’écrire ce long roman qu’ils attendaient.

Aujourd’hui, on apprécie à juste titre son art de la concision, de l’ellipse, cette fausse légèreté, cette façon d’effleurer, parfois, un sentiment, une impression, cet art de la touche qui prend la forme d’un adjectif bien senti. C’est là un de ses talents reconnus. Dire en peu de mots. Laisser parler les silences. Permettre au lecteur d’investir ses textes.

La preuve en est avec ce recueil, Un matin pour la vie et autres musiques de scènes qui reprend les treize nouvelles initialement publiées en 1981 auxquelles s’ajoutent quatre inédites en volume, parues dans des magazines (Elle, VSD, Playboy et La Revue de Paris) entre 1955 et 1985. L’art de la nouvelle, c’est celui de la concision, du choix restreint de personnages qui doivent rapidement acquérir une épaisseur suffisante, c’est l’esquisse d’un cadre, c’est la maîtrise de la chute… Autant d’éléments présents dans les romans de Sagan. Et déjà présents dans les romans, ils ne peuvent qu’être décuplés dans ses nouvelles.