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Pays nordiques

L’ombre des chats, Arni Thorarinsson

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 13 Mai 2015. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Métailié

L’ombre des chats (Ár kattarins), octobre 2014, traduit de l’islandais par Eric Boury, 300 pages, 20 € . Ecrivain(s): Arni Thorarinsson Edition: Métailié

 

L’ombre des chats nous permet de retrouver le journaliste du « Journal du soir », Einar, qui va peut-être se trouver à un tournant de sa carrière. Cela commence par un mariage entre femmes au cours duquel une plaisanterie au goût pour le moins douteux sera déposée au milieu des cadeaux aux mariées. Mais est-ce bien une plaisanterie ? La question se pose d’autant plus lorsque quelques jours après l’une des mariées est retrouvée morte. Apparemment un suicide partagé avec son ex, mais un suicide assisté par ordinateur ! Dans le même temps, Einar reçoit d’étonnants SMS, ressemblant à de la drague. Des SMS en provenance du porte-parole du parti socialiste qui est sur le point de déclarer sa candidature à la présidence du Parti.

Bien des évènements se bousculent et Einar va devoir en plus gérer l’absence de collègues, dont celle du rédacteur en chef, son mentor et son modèle en matière de journalisme et de déontologie. Comme dans la vie, un événement en bouscule un autre, à peine un problème trouve-t-il une ébauche de réponse qu’un autre survient. Le privé et le professionnel s’emmêlent et le héros, tout comme le lecteur, ne sait plus où donner de la tête. On se dit que là, on n’est pas comme dans un roman ou un film, avec une relative unité de lieu, de temps et d’action, mais plutôt au cœur d’un journal en train de se fabriquer, d’enquêtes en train de piétiner, de vies en train de se chercher.

Marcher, Tomas Espedal

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 06 Mai 2015. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Récits, Actes Sud

. Ecrivain(s): Tomas Espedal Edition: Actes Sud

 

Qu’est-ce qui peut pousser un homme, un écrivain, un poète à décider de tout quitter et à se mettre en route, marcher vers l’inconnu ? Faut-il une raison particulière pour cela ?

Je suis heureux parce que je marche, le ton est donné ! Le premier chapitre s’ouvre sur une révélation, un lâcher-prise plutôt, alors que toute sa vie se délite, le narrateur reprend goût à la vie grâce à la marche. Comme il est bon de s’emplir d’oubli, de se perdre, de sombrer, il s’agit bien d’un abandon de l’ego. Enumérons les joies, boire pour oublier d’abord, ou boire et oublier dans cet ordre et ramper jusqu’à l’oubli. C’est comme un début de dépression, une sorte de mélancolie ou de lassitude de vivre toujours dans les mêmes journées de solitude dans l’écriture, mais le narrateur se reprend vite avec cette prise de conscience qu’il peut faire quelque chose pour sortir non de chez lui mais de lui-même, apprendre à vivre avec soi, car c’est la seule chose dont il ne pourra jamais se séparer, se débarrasser. Ça peut ressembler au début à un manuel de survie ou un guide de développement personnel mais c’est bien au-delà de cela, un manuel de survie poétique.

Le Silence de Saida, Leena Lander

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 25 Septembre 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Le Silence de Saida, traduit du finnois par Jean-Michel Kalmbach juin 2014, 416 p. 23 € . Ecrivain(s): Leena Lander Edition: Actes Sud

 

En cette période de centenaire (un peu rabâché) de la Grande Guerre, nous oublions encore plus qu’à l’accoutumée que d’autres pays européens ont connu des pages sombres durant ces années, pas toujours pour les mêmes raisons. Ainsi en est-il de la Finlande qui, à la faveur de la Révolution d’octobre, se libérera de la tutelle de la Russie pour prendre son indépendance et aussitôt entrer dans une guerre civile opposant rouges et blancs.

C’est autour de cette période troublée que Leena Lander plante son décor. Cela commence avec un compte-rendu du jugement de Joel Tammisto, considéré comme coupable de haute trahison et individu très dangereux. Pourquoi ?

Pour comprendre, nous allons remonter le temps jusqu’en 1903 où nous retrouverons le jeune homme, âgé de 19 ans, ainsi que la jeune Saida, alors âgée de 7 ans. A partir de cette époque nous allons suivre les destins de plusieurs villageois, de leurs histoires quotidiennes qui tissent la trame sur laquelle s’écrit la « grande histoire », celle que l’on peut lire dans les encyclopédies.

La sage-femme, Katja Kettu

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

La sage-femme, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, mars 2014, 432 pages, 23,50 € (disponible en format epub et pdf numérique, 17,99 €) . Ecrivain(s): Katja Kettu Edition: Actes Sud

 

Une femme dans la guerre


Le roman de Katja Kettu évoque une période méconnue de l’Histoire de la Finlande pendant la seconde guerre mondiale. En effet, l’intrigue se déroule durant la « guerre de Laponie ». C’est une appellation donnée par les historiens pour évoquer cette période singulière et dramatique. La préface du traducteur qui ouvre le roman mérite qu’on s’y attarde car elle trace les grandes lignes de cette guerre afin de permettre au lecteur de mieux suivre le récit et d’apprécier la trame romanesque ainsi que les motivations des personnages :

« Les Allemands refusant d’évacuer la région, les Finlandais doivent se lancer dans un troisième conflit, la “guerre de Laponie”, qui les oppose au IIIe Reich entre septembre 1944 et avril 1945. La Wehrmacht se rabat d’abord sur la Finlande du Nord dans le cadre de l’Opération Birke (“bouleau”), avec pour objectif principal de protéger les mines de nickel du Petsamo ».

Baby Jane, Sofi Oksanen

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 20 Août 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Stock

Baby Jane, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, mai 2014, 240 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Sofi Oksanen Edition: Stock

 

La nostalgie du désir


Au moment où la narratrice raconte son amour tragique avec Piki, jeune femme excentrique, libre mais malade, la rupture est bien consommée. Cependant, la narratrice revient sur les moments lumineux de leur histoire d’amour afin de goûter de nouveau à cette saveur suave d’un bonheur trop fugace.

En effet, les deux jeunes femmes ont partagé une vie commune durant quelques années jusqu’à ce que les failles psychologiques aient raison de leur histoire :

« Et il y avait autre chose, que la vie de Piki indiquait encore moins. Cette autre chose, dans la classification des maladies, porte le code F41.0 : trouble panique. J’avais lu cela dès le début dans ses papiers ; mais les troubles paniques avaient beau être monnaie courante dans mon entourage, je ne comprenais pas ce que cela signifiait dans la pratique. Ni ce que ça peut être de vivre avec ».