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Pays nordiques

Asta, Jon Kalman Stefansson (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Vendredi, 27 Septembre 2019. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Asta, traduit de l'islandais par Eric Boury, 2019, 480 p. 8,40 € . Ecrivain(s): Jon Kalman Stefansson Edition: Folio (Gallimard)

 

En bon Islandais, Stefánsson m’a prise dans ses filets, et je ne sais pas bien pourquoi !

Parce qu’il y a toujours dans ses livres des âmes assoiffées de livres, de poèmes, de musique avec des paysages qui sont comme des symphonies ?

Parce qu’il cherche avant tout à forcer le regard vers l’envers de ce qui est donné à voir ?

Les deux certainement !

Ainsi, après Entre ciel et terre (ma première approche de l’écrivain), j’aborde Ásta avec gourmandise.

Gaeska, Eiríkur Örn Norðdahl (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Septembre 2019. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Gaeska, septembre 2019, trad. de l’Islandais, Éric Boury, 274 pages, 18 € . Ecrivain(s): Eiríkur Örn Norðdahl Edition: Métailié

 

Un livre inattendu, totalement déjanté dans sa forme, son style et son propos. Voilà de quoi animer cette rentrée littéraire. Les femmes tombent des immeubles et se fracassent sur les trottoirs, les députés se réunissent en session sous les cris des manifestants, les volcans d’Islande grondent et les tempêtes de sable s’abattent sur le pays. Il n’y a aucune limite à l’imagination de Eiríkur Örn Norðdahl, aucune limite à son humour, aucune limite à son insolence. Ce livre fait du bien.

A travers le Maelström délirant des phrases de l’auteur, se compose peu à peu un vaste tableau critique, virulent, de notre époque et de nos sociétés occidentales. De la classe politique à ses opposants, des conservateurs aux révolutionnaires, des vieux aux jeunes, des intellectuels aux prolétaires, personne n’échappe à la vindicte de Norddahl. Il épingle avec une égale jouissance le ridicule des acteurs sociaux, soulignant les comportements collectifs et individuels dans leur absurdité.

La Sorcière, Camilla Läckberg (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 19 Août 2019. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

La Sorcière, mai 2019, trad. suédois Rémi Cassaigne, 783 pages, 10 € Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Une petite fille de quatre ans, Nea, a disparu dans la région de Fjällbacka. Le commissariat de Tanumshede dans son intégralité est sur le pied de guerre. Par un mystérieux hasard, on retrouve l’enfant, assassinée exactement là, sous le même arbre, où gisait trente ans plus tôt, en 1985, le corps sans vie de Stella, une autre fillette qui habitait la même ferme. À l’époque, deux adolescentes, Marie et Helen, avaient avoué avoir commis le crime. Aujourd’hui, Helen habite toujours Fjällbacka, elle est mariée à un militaire au caractère peu amène et collectionneur d’armes. Quant à Marie, mère d’un enfant, elle est devenue vedette de cinéma et se trouve, pure coïncidence, dans la région pour tourner un film sur Ingrid Bergman qui, soit dit en passant, venait souvent se reposer à Fjällbacka. Pour continuer à planter le décor, il faut ajouter un camp de réfugiés syriens qui tente de s’intégrer à la population locale et ne recule devant aucun effort pour cela, jusqu’à s’entraîner à tirer des bouts pour pouvoir participer à une petite régate locale.

Musique d’un puits bleu, Torborg Nedreaas (par Nathalie de Courson)

Ecrit par Nathalie de Courson , le Mercredi, 19 Juin 2019. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Cambourakis

Musique d’un puits bleu, janvier 2019 trad. norvégien Régis Boyer, 415 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Torborg Nedreaas Edition: Cambourakis

 

Le roman s’ouvre sur l’image forte d’un « puits bleu » qui n’est pas bleu mais « noir, ou gris argent, ou vert bouteille, ou brun tourbe », et les vingt-huit chapitres qui suivent sont les vingt-huit mouvements d’une œuvre composée comme une partition musicale où les sons répondent aux couleurs.

Il y avait de la musique au fond de ce puits. Une fois, elle le dit à Esther et à Judith, mais elle eut le visage brûlant aussitôt. C’était trop difficile de dire ce qu’était cette musique-là. Et c’était pareil pour quantité de choses… Il était difficile d’en parler. Quand on se mettait à en parler, cela donnait un mensonge. Alors, on disait : Herdis ment (chapitre 1).

« Difficile de dire » la musique des choses. Avec la petite Norvégienne Herdis aux longues nattes rousses, le lecteur est transporté entre 1914 et 1917 dans la ville de Bergen, ou au bord d’une mer qui « pianotait entre les pierres », parsemée d’îlots appartenant au Roi des Trolls. Mais dès le troisième chapitre retentissent les mots « C’est la guerre ».

Le Narrateur, Bragi Ólafsson (par Christelle Brocard)

, le Jeudi, 23 Mai 2019. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Le Narrateur, avril 2019, trad. Robert Guillemette, 144 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Bragi Olafsson Edition: Actes Sud

 

Etant donné son titre, on conçoit aisément que ce roman accorde une place prépondérante au narrateur. Mais quel statut lui accorde-t-il ? Si les toutes premières pages sont déstabilisantes – on ne sait pas qui raconte quoi –, on devine rapidement que la forme narrative constitue l’ossature fondamentale du texte, à laquelle se rattachent les péripéties relatées. La structure est donc essentielle et s’exhibe sans complexe, au fil d’une narration ludique et insolite : du « je » traditionnel, le narrateur-roi passe sans vergogne au « il » lorsqu’il invente lui-même son personnage ; il n’hésite pas non plus à incorporer des réflexions métatextuelles à son propre discours et à prendre à partie le lecteur qui, de ce fait, se met à jouer, à son insu, un rôle actif dans l’histoire in progress. Une fois démasqué, ce petit jeu formel pourrait lasser le lecteur en mal d’aventures substantielles, or que nenni : l’intrigue n’est pas en reste, bien au contraire !