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Pays nordiques

La cigarette et le néant, Horace Engdahl

Ecrit par Michel Host , le Samedi, 15 Mars 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Récits, Serge Safran éditeur

La cigarette et le néant, traduit du suédois par un atelier de traducteurs, sous la direction d’Elena Balzamo (1), 158 pages, janvier 2014, 17 € . Ecrivain(s): Horace Engdahl Edition: Serge Safran éditeur

 

 

Mon précis, mon viatique

« Que me recommandez-vous ?, dis-je à la serveuse chinoise.

– Mais je ne vous connais pas, je ne peux rien vous recommander, me répond-elle. Sans le savoir, elle a, en un clin d’œil, réfuté toutes les utopies », Horace Engdahl

 

Une lecture est une aventure personnelle, sinon « à quoi bon ? »

Michel Host

Contrepoint, Anna Enquist

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 14 Février 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Contrepoint, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, janvier 2014, 226 pages, 7,70 € . Ecrivain(s): Anna Enquist Edition: Babel (Actes Sud)

 

La musique est une thérapie


Pour comprendre ce roman, le lecteur doit avant tout se référer à son titre car il révèle à lui seul le fil conducteur du récit. « Contrepoint » dans le vocabulaire de la musicologie insiste sur l’importance des règles et principes qui régissent une composition. Dans son article pour l’Association Rythmes et Harmonies de l’Ecole de Musique à Mulhouse, Alain Heim définit ce qu’il appelle le « contrepoint » de la façon suivante : « (le contrepoint) ne désigne pas une forme musicale elle-même, mais la manière de la concevoir, de la composer. Le contrepoint est un ensemble de règles et de principes garantissant à une composition une certaine valeur esthétique ».

Le sujet est posé et la trame romanesque peut se poursuivre. En effet, dès l’ouverture du roman, le lecteur assiste au travail du protagoniste féminin, appelé ici « la femme ». Elle essaie de comprendre et d’exécuter une œuvre particulièrement difficile, les variations Goldberg de Bach.

Sphinx, Christine Falkenland

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 18 Janvier 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Sphinx, trad. du suédois par Anne Karila, 8 janvier 2014, 228 pages, 21 € (et 15,99 € en version numérique) . Ecrivain(s): Christine Falkenland Edition: Actes Sud

 

Obsession

Une femme, quittée par son époux, un certain Félix, apprend par une connaissance que ce dernier a refait sa vie avec une femme riche nommée Claire avec qui il a un fils, Adam.

La femme, dépitée et profondément dépressive, décide de s’introduire dans la vie de ce couple. Elle entreprend alors d’écrire de longues lettres à Claire qu’elle appelle « la deuxième épouse » pour lui révéler la vraie nature abjecte de son mari. Cependant, au fil de la lecture, on perçoit de plus en plus les failles de cette femme. Artiste ratée, extrêmement possessive envers sa fille Ma, obsédée par le prix des choses et par l’argent, elle ne cesse de ressasser, de souligner maladivement ses échecs et ses manquements. Ses parents l’évitent bien qu’ils subviennent à ses besoins. Le père de Ma la fuit. Sa fille est elle aussi perturbée, sûrement contaminée par la folie de sa mère et sa relation fusionnelle avec elle. La femme sait que quelque chose a déraillé en elle. Elle verbalise d’ailleurs son mal avec une certaine lucidité : « Il s’est passé quelque chose qui me fait perdre l’équilibre ».

Souvenirs (et) Le chemin du serpent, Torgny Lindgren

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 16 Janvier 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Roman, Récits, Actes Sud

. Ecrivain(s): Torgny Lindgren Edition: Actes Sud

Souvenirs, récit traduit du suédois par Lena Grumbach, Actes Sud, novembre 2013, 235 pages

 

Le serpent, chemin faisant

Livre arraché à Torgny Lindgren par un éditeur, comme il l’explique dans une scène burlesque au seuil de ce volume, c’est à une drôle d’expérience de lecture que nous confrontent les mémoires de l’écrivain suédois, qui ne cesse d’insister sur son indifférence à la vérité tout en égrenant des scènes de son enfance puis de sa vie d’écrivain auxquelles nous ne pouvons nous empêcher de prêter foi. D’un côté, donc, l’ouvrage paraît éclairer le lecteur français sur les mœurs et l’atmosphère du Västerbotten, province natale de l’écrivain qui est notamment le cadre du Chemin du serpent et l’une des sources de son univers et de sa langue poétique. De l’autre, l’autobiographie, qui s’affirme irriguée de fiction, pourrait bien ne proposer là qu’un trompe-l’œil, en offrant au lecteur naïf en quête de sources et de clés le tableau d’une province toute romanesque et intime.

Lettres à Poséidon, Cees Nooteboom

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 09 Novembre 2013. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Actes Sud, Correspondance

Lettres à Poséidon, traduit du néerlandais par Philippe Noble, octobre 2013, 266 pages, 22 € . Ecrivain(s): Cees Nooteboom Edition: Actes Sud

 

Certains écrivent à leur femme ou à leur maîtresse. D’autres à leur père ou leur mère ou bien à des amis. Certains à un frère, à une sœur, d’autres à un mort ou à un descendant. Beaucoup de combinaisons sont possibles. Cees Nooteboom, lui, a décidé d’écrire des lettres à un dieu, et pas n’importe lequel, Poséidon, le dieu de la mer, que d’autres appellent Neptune.

L’idée lui vient alors qu’il est installé à la terrasse d’un restaurant appelé, justement, le « Poséidon », sur son lieu de vacances. Sur la serviette qu’un serveur lui apporte, il voit le nom du dieu au trident inscrit en bleu, bleu comme la mer au bord de laquelle il vit l’été. Pour lui, c’est un signe (« quelqu’un veut me dire quelque chose, et j’ai appris à obéir à ce genre de signes ») et il décide, une fois qu’il aura achevé le roman sur lequel il planche, de lui destiner des lettres. Ou plutôt, il lui dédie des « petites collections de mots » où il l’informera de sa vie. Il lui relate les petites choses qu’il lit ou qu’il voit, des événements de sa vie. Il lui fait part de ses pensées, d’images qu’il a vues à la télévision. Il s’interroge sur la vie et la mort, ou médite sur les philosophes.