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Les Livres

Sexe, Mort et Pêche à la mouche, John Gierach

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, Gallmeister

Sexe, Mort et Pêche à la mouche (Sex, Death and Fly Fishing) traduction de l’américain Jacques Mailhos novembre 2014. 306 p. 23,80 € . Ecrivain(s): John Gierach Edition: Gallmeister

 

Qu’on ne s’y trompe pas : la pêche à la mouche oui. Le sexe et la mort point. Ou plutôt, là, il ne s’agit que de la reproduction et de la mort des espèces vivant dans ou au bord des rivières et des lacs. Si vous n’êtes pas trop décus par cette nouvelle, alors lisez ce délicieux recueil de récits !

Que les Américains soient friands de storytelling, tout le monde lettré le sait. Mais Gierach s’inscrit dans une tradition de raconteurs moins connue et pourtant fournie aux USA : les « fishing stories ». La pêche, au pays des chantres de la mère Nature, est une activité qui n’a que peu à voir avec la pêche en notre vieille France. C’est un sport à part entière, une passion dévorante, une sorte de religion pour certains. Rappelons-nous l’incipit inoubliable de « au milieu coule une rivière » de Norman McLean : « Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement le partage entre la religion et la pêche à la mouche».

Contes et légendes inachevés, Intégrale, J.R.R. Tolkien

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Fantastique, La rentrée littéraire, Contes, Pocket

Contes et légendes inachevés, Intégrale, mai 2014, traduction de l'anglais de Christopher Tolkien, 527 pages, 8,80 € . Ecrivain(s): J. R. R. Tolkien Edition: Pocket

 

Histoire vient du grec historia, le récit. Il s’agissait d’abord d’une narration fictive puis Hérodote décida au Ve siècle avant Jésus-Christ que l’histoire raconterait ce qui était arrivé réellement aux hommes pour que le souvenir ne s’en perde pas.

Qui mieux que Tolkien a joué sur cette marge étymologique ? Son lecteur sait pertinemment que tout ce qu’il raconte est né de son imagination mais l’imbrication complexe des événements et la foule de détails réalistes sont troublantes. Le titre Contes et légendes inachevés ne laisse pourtant planer aucun doute sur le degré de fiction des textes qui y sont rassemblés, même si en remontant au passé de la Terre du Milieu, bien connue par les amateurs de la trilogie Le Seigneur des anneaux, Tolkien feint d’être l’historien des trois Âges. Un doute serait pourtant presque permis quand sous le narrateur Tolkien sévissent le généalogiste, le cartographe et le philologue. N’est-il pas le premier auteur de fiction, et en cela un précurseur, à dresser un arbre généalogique, tracer à la main les cartes du lieu où se déroule l’action ou indiquer en note l’étymologie des mots qu’il a inventés ? Simbelmynë, fleurs égayant les tertres funéraires dans la langue des Rohirrim : le rêve commence.

L’Ecole et les Enfants de l’immigration, Abdelmalek Sayad

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Seuil

L’Ecole et les Enfants de l’immigration, septembre 2014, 240 pages, 19,50 e . Ecrivain(s): Abdelmalek Sayad Edition: Seuil

 

Seize années après le décès du sociologue Abdelmalek Sayad, les éditions du Seuil viennent de publier une série de textes inédits dans le champ de l’immigration qui traitent de l’école et des familles immigrées. A travers cet ouvrage dirigé par Smaïn Laacher, sociologue, et Benoît Falaise, historien de l’éducation, A. Sayad propose une réflexion critique sur la manière dont l’institution scolaire perçoit les enfants des familles immigrées apparus dans l’espace scolaire.

Ecrits entre 1977 et 1997, ces textes ont été trouvés sous forme manuscrite ou dactylographiée dans le « fonds Sayad », constitué à partir des archives du sociologue, confiées en 2006 à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) et conservées à la médiathèque de cette institution qui porte le nom du sociologue. Les textes publiés sont au nombre de dix. Ils ont été écrits lorsque A. Sayad était sollicité par des associations et par des instances gouvernementales pour réfléchir sur la question de l’école et des enfants des familles immigrées.

Le bourreau de Gaudí, Aro Sáinz de la Maza

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 10 Décembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Le bourreau de Gaudí (El asesino de la Pedrera), septembre 2014, traduit de l’espagnol par Serge Mestre, 672 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Aro Sáinz de la Maza Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

 

Ce qui est terrible avec un roman aussi magistralement mené que celui-ci, c'est qu'il vous attrape par le col et ne vous lâche plus avant la dernière ligne, vous amenant à devenir de plus en plus asocial au fur et à mesure que vous vous enfoncez dans le récit. Et même, le livre refermé, il vous faut encore du temps pour en sortir vraiment et reprendre pied dans votre propre monde.

C'est le premier roman de cet auteur barcelonais que nous découvrons. Si celui-ci est sa première incursion dans le monde du noir, l'auteur avait déjà publié une dizaine de titre auparavant. Depuis 1996, où il publie son premier roman (Nada es azul, chez Montesinos), il a aussi exploré le monde de la littérature pour la jeunesse (avec El jugador de frontón en 2001) et le monde des contes (avec deux anthologies, en 2004 et 2008).

Les nombres, Viktor Pelevine

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 09 Décembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman, Alma Editeur

Les nombres, traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain septembre 2014, 380 pages, 19 € . Ecrivain(s): Viktor Pelevine Edition: Alma Editeur

 

Qu’arrive-t-il à un homme quand il soumet sa vie et son destin tout entier au pouvoir d’un nombre ? C’est ce que fait Stopia, alias Pikachu pour les intimes, antihéros de ce roman amoral qui est avant tout une impitoyable satyre d’une ex-URSS décadente et libérale, qui n’a cependant pas lâché les bonnes vieilles méthodes de l’époque KGB.

« Je me demande bien Tchoubaïka, pourquoi on traite la bourgeoisie libérale de libérale. Elle est porteuse d’une idéologie totalitaire extrême. Si on l’y regarde de près, tout son libéralisme se réduit à la permission donnée aux travailleurs de s’enculer à volonté pendant leurs heures de repos » et Tchoubaïka répondait : « Excusez-moi Zouzia, mais c’est un grand pas en avant si on compare avec le régime qui percevait même cette activité comme sa prérogative ».

Ainsi, après quelques tâtonnements, c’est au numéro 34 que Stopia va confier la totalité de sa vie, de ses choix, décisions et orientations, privés ou professionnels, et le 43 deviendra donc par conséquent l’anti-nombre, le nombre d’entre tous dont il faudra le plus se méfier.