Qu’est ce qui fonde la différence entre un texte théâtral fait pour être dit sur scène, face à un public, clamé, déclamé, et un texte poétique qui relève de la performance ?
Qu’est-ce qui distingue le théâtre du récit même poétique sinon la présence dans le texte-papier des didascalies et les marques de dispositions scéniques qui visuellement renvoient le lecteur à ce genre particulier. En lisant le dernier texte de Patrick Dubost, on pense alors poésie élégiaque et pourtant il semblerait que le performeur veuille plutôt dynamiter les cloisons des genres.
Ainsi Mélancolie douce avec ses 49 tableaux nous raconte une histoire dialoguée, polyphonique, sans que jamais aucune marque du dialogue rattachée au genre théâtral (didascalies) ou au récit soit présente. Bien sûr puisque ce genre appartient en premier lieu à la poésie.
Une poésie dont la force réside dans l’emploi des mots les plus simples, l’intervention de personnages les plus ordinaires (une boulangère, une enfant de sept ans…), un dispositif de mise en page qui fait couler la parole des uns aux autres, la fondant en une seule voix, celle du poète assurément, debout sur scène déclamant et absorbant toutes ces voix.