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Les Livres

La rage est mon énergie, John Lydon alias Johnny Rotten, Andrew Perry

Ecrit par Guy Donikian , le Samedi, 10 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Seuil

La rage est mon énergie, John Lydon alias Johnny Rotten, octobre 2014, traduit de l’anglais Marie-Mathilde Burdeau et Marc Saint-Upéry, 711 pages, 25 € . Ecrivain(s): Andrew Perry Edition: Seuil

 

Voila encore quelqu’un qui aura fait noircir des pages et des pages (ici plus de 700) à des fins pécuniaires ou pour affirmer de façon livresque une notoriété qui serait plutôt mal en point, diront certains. N’en déplaise aux grincheux, cet homme-là, malgré quelques carences qui lui font admirer le foot comme un supporter inconditionnel, a de quoi surprendre quand on le découvre aux antipodes de ce qu’une certaine presse laissait bêtement supposer : qu’on se le dise, le chanteur des Sex Pistols, groupe punk des années 70, ne fut pas cette bête hurlante, ornée d’épingles à nourrice comme seuls attributs distinctifs, outre les fameux tee-shirts à l’effigie de la reine quelque peu « chopperisée ».

Qu’on se souvienne, donc. Musicalement, le rock et la pop s’enlisent, à la fin des seventies, dans des discours qui traînent en longueur, donnant des plages interminables à l’instar de groupes comme Yes, qui ont cependant commis quelques titres emblématiques. Mais la tendance du moment favorisait les démonstrations techniques au détriment d’une efficacité dont se réclamaient les groupes-phare de l’époque.

Le clan du sorgho rouge, Mo Yan

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 09 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, Seuil

Le clan du sorgho rouge, septembre 2014, traduit du chinois par Sylvie Gentil, 444 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Mo Yan Edition: Seuil

 

Phénoménal roman de bruit et de fureur, Le clan du sorgho rouge entraîne le lecteur dans la Chine profonde, rurale, aux traditions ancestrales, du milieu du XXe siècle, à partir de l’occupation de la Chine par les armées japonaises, et le plonge dans une série d’événements chaotiques faits de guérilla contre l’envahisseur, de brigandage de grand chemin, et de guerre civile permanente entre de puissantes bandes de fripouilles, des partisans du Kuomintang, des clans villageois et des maquisards du Parti Communiste Chinois.

En toile de fond permanente, les champs de sorgho rouge.

Entre ces multiples bandes armées se font et se défont alliances et contre-alliances, défections et trahisons, au milieu de ces champs de sorgho qui constituent un élément fort, en quelque sorte un personnage immanquablement présent, doué de sentiment, dont la vie et les humeurs saisonnières accompagnent les épisodes guerriers et les entractes romantiques, ceux-ci étant d’ailleurs souvent aussi empreints de violence que ceux-là.

Amour de pierre, Grażyna Jagieska

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 09 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Amour de pierre, Éd. des Équateurs, août 2014, traduit du polonais par Anna Smolar, 234 pages, 20 € . Ecrivain(s): Grażyna Jagieska

 

« Certains n’arrivent pas à vivre avec ce qu’ils ont fait, d’autres avec ce qu’ils n’ont pas fait ». Eux, la guerre, ils ne l’ont pas faite. Ou pas exactement. Wojtek est grand reporter. Tchétchénie, Afghanistan, Inde, il sillonne le globe pour raconter les guerres des autres. Il ne la fait pas, la guerre, Wojtek. C’est la guerre qui le fait, lui. Et le défait tout à la fois, lorsqu’il faut se contenter, au milieu des gens qui meurent, des femmes qu’on viole, des enfants qu’on égorge, de raconter au monde entier pour témoigner des mille visages de l’horreur, et puis reprendre l’avion, rentrer chez soi, retrouver femme et enfants.

Il y a quelques mois, Sorj Chalandon racontait dans le très beau Quatrième mur l’histoire de celui qui part à Beyrouth, vers les combats. Mais il y a ceux qui restent aussi et que l’absence ronge, dévorés par l’angoisse, empêtrés dans un quotidien dérisoire auxquels ils ne parviennent plus à faire face. C’est ce que vit Grażyna à chaque fois que son Wojtek de mari refait sa valise et qu’elle reste là, seule, s’enfonçant inexorablement dans une profonde dépression post-traumatique, à l’instar des soldats qui reviennent du front. Car comment ne pas voir que c’est sa vie entière qui fiche le camp quand il monte dans l’avion sans qu’elle sache s’il en reviendra ?

Nous sommes CHARLIE

Ecrit par La Rédaction , le Jeudi, 08 Janvier 2015. , dans Les Livres, La Une Livres

 

 

 

 

 

Jour de recueillement et de silence.

Notre façon de dire notre peine, notre horreur, notre colère, notre révolte et notre fierté malgré tout de vivre et d'écrire dans un pays qui porte haut les libertés individuelles et qui produit des plumes et des crayons qui se nourrissent de la seule source de la Liberté ! Le monde libre est aujourd'hui avec Charlie, avec la France.

Notre cause n'a pas d'autre idéal.

Évariste, François-Henri Désérable

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Évariste, janvier 2015, 176 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): François-Henri Désérable Edition: Gallimard

 

« On a dit à tort qu’il fut victime d’un complot ; à raison qu’il fut aux mathématiques ce qu’à la poésie fut Arthur Rimbaud : (…) un Rimbaud qui n’aurait connu ni Harar ni Aden ni les dents d’éléphant ni la scie sur la jambe à Marseille : parce qu’en vérité c’est la fin du dormeur que ce Rimbaud a connue… »

Et si les romanciers étaient aussi de grands historiens ? Et si l’Histoire de France se mettait à résonner autrement, à vibrer d’une autre et belle manière lorsqu’un romancier s’en saisit ? François-Henri Désérable a pour lui la légèreté, la vitesse, la souplesse, l’agilité et la grâce d’un écrivain qui écrit comme l’on patine. Il s’élance sur la glace de l’Histoire de la Révolution – Tu monteras ma tête au peuple – et de la vie bouillonnante d’Évariste Galois Évariste – avec la même facilité, la même allégresse, face à l’échafaud de la Terreur, ou au cœur du volcan des années d’apprentissage de l’artiste des Nombres.

Évariste prolonge le rêve Girondin de Tu montreras ma tête au peuple, et François-Henri Désérable y met tout autant de désir et de plaisir que dans son premier « roman ». L’Histoire est toujours une affaire de style, et il en faut tout autant pour s’en saisir et la faire sienne.