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Les Livres

Le banquet de plafond, Jules Vipaldo

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 02 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Tinbad

Le banquet de plafond, février 2018, 140 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jules Vipaldo Edition: Tinbad

 

Quand les rats d’eau médusent

Il existe une araignée sur le plafond d’un tel livre. Mais pas seulement. Les rats rationnels y sourient et les souris dansent. Rats de villes comme ceux des champs de patates. Souris excitantes et excitées ne battent pas seulement la campagne. Ce sont parfois des belles de cas d’X si bien que les éléments factuels du réel sont exfoliés par un poète fort comme une armoire à glace et qui n’hésite pas à se mirer dedans.

Ayant beaucoup lu jusqu’à en devenir liseron, il crée son auto-épopée dégingandée jouant les forts en gueule pour épater des poupées. Et qu’importe si parfois elles sont empâtées. Avec de bonnes miches il y aura toujours du grain à moudre pour drôle de Jules qui ose tout mais auquel le Gaston Gallimard n’aurait sans doute pas offert de contrat de « marrage ».

Les Rêves et leur interprétation dans le Talmud, Alexander Kristianpoller

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 01 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Verdier

Les Rêves et leur interprétation dans le Talmud, septembre 2017, trad. allemand Léa Caussarieu, 278 pages, 21 € . Ecrivain(s): Alexander Kristianpoller Edition: Verdier

 

 

Texte immense, dépourvu de début, de centre et de fin véritables (on peut commencer la lecture à n’importe quel traité), Le Talmud (ou plutôt les Talmuds, car il en existe deux) est un ouvrage d’accès difficile, même pour des lecteurs de confession juive. Pour un non-Juif, la distance est encore plus grande, bien que, depuis des décennies, le professeur Adin Steinsaltz ait mené un admirable labeur afin de remettre ce livre, écrit en araméen et en hébreu ancien, à la disposition des lecteurs contemporains (sa version commentée, en hébreu moderne, a été déjà traduite en anglais et en français).

Les bords de la fiction, Jacques Rancière

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Jeudi, 01 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Seuil

Les bords de la fiction, septembre 2017, 208 p. 21 € . Ecrivain(s): Jacques Rancière Edition: Seuil

La fiction n’est pas pure invention et vagabondage de l’esprit. Il y a une raison fictionnelle, un système par lequel on nous dit comment les choses en général peuvent arriver. C’est la matrice d’Aristote qui nous montre comment on peut passer de la prospérité à l’infortune, de l’attente à l’inattendu, de l’ignorance au savoir, moyennant une péripétie ou une épreuve. Pour Jacques Rancière, cette matrice est aujourd’hui encore la base de tout savoir produit par nos sociétés. Mais certains changements sensibles sont advenus depuis l’époque d’Aristote.

Tout d’abord, le champ de la fiction s’est élargi. Il a dépassé la poésie pour englober toutes sortes de discours littéraires, historiques, sociologiques et politiques. Ensuite, c’est une transformation de l’objet de la fiction. Avec la prépondérance de la littérature en particulier, on cesse de se courber devant l’exceptionnel et l’héroïque pour se pencher sur le trivial et le commun. On trouve une poésie aussi dans ces choses jusque-là honnies et négligées, dans les activités nécessaires de la vie et l’écoulement des existences ordinaires. Ainsi, la littérature vient briser la dichotomie entre vies sans histoire et vies héroïques. C’est en partie grâce au développement des sciences sociales qui mettent en lumière cet obscur des activités quotidiennes.

Dernières nouvelles du spectacle (Ce que les médias font à la littérature), Vincent Kaufmann

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 31 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Seuil

Dernières nouvelles du spectacle (Ce que les médias font à la littérature), octobre 2017, 280 pages, 20 € . Ecrivain(s): Vincent Kaufmann Edition: Seuil

 

 

Et la littérature, dans tout ça ?

En 2001, Vincent Kaufmann, professeur de littérature et d’histoire des médias à l’Université de St. Gall en Suisse, publiait chez Fayard un ouvrage remarqué, consacré à l’auteur de La Société du spectacle (1967), intitulé Guy Debord. La révolution au service de la poésie. Seize ans plus tard, dans la lignée des travaux du situationniste, il s’intéresse à la « spectacularisation de l’auteur » contemporain et aux conséquences de ce phénomène sur la littérature elle-même. Le constat est sévère, les perspectives, dès les premières pages, alarmistes : « La spectacularisation de l’auteur telle qu’on l’envisage ici, c’est en somme une des modalités, qui n’en exclut pas d’autres, de la disparition de la littérature comme champ ou comme institution ».

Loups solitaires, Serge Quadruppani

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 31 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Métailié

Loups solitaires, octobre 2017, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Serge Quadruppani Edition: Métailié

 

Des régions désertiques du nord du Mali au Limousin, en passant par l’Italie, Serge Quadruppani nous invite dans un polar d’une brûlante actualité et sans doute pas si rocambolesque qu’il n’y paraît. L’auteur prend plaisir cependant à appuyer sur le grand guignolesque de la brutalité des comportements humains, qui font ressortir la sagesse de quelques personnages plus simples, plus droits, plus proches de la nature et des animaux : chat, poules, choucas, ânes, blaireaux, abeilles… qui eux aussi savent faire preuve d’une certaine noblesse.

Ce polar est à la fois cruel et drôle, cruel comme le sont les hommes et drôle comme ils peuvent l’être quand il n’y a plus de limite au ridicule de leur arrogance. Il y a une vraie morale qui sous-tend ce polar, entre farce et fable. L’humour avec lequel l’auteur s’empare du sujet ne rend pas moins efficace la critique sous-jacente et soulève des questionnements concernant les nouvelles technologies mises au service de soi-disant guerres menées contre le terrorisme et l’opacité des agissements de différents services à la solde de pouvoirs, mais aussi concernant notre rapport à la nature et notamment à la destruction méthodique d’animaux qualifiés de nuisibles. Et question méthode, des animaux à l’homme, le pas a déjà été franchi.