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Les Livres

Le couvre-feu d'octobre, Lancelot Hamelin

Ecrit par Stéphane Bret , le Dimanche, 16 Septembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, L'Arpenteur (Gallimard)

Le couvre-feu d’octobre, 30 août 2012, 386 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Lancelot Hamelin Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

C’est un premier roman, et il faut signer ce prime aveu : c’est largement réussi.

Trois personnages, Octavio, son frère aîné, jamais nommé dans le texte du roman, et Judith, tous trois originaires d’Oran, occupent l’intrigue. Octavio, durant sa jeunesse oranaise, a nourri une profonde passion pour Judith, fasciné par les origines juives de cette dernière, l’assimilant, dans sa condition, aux indigènes, aux Algériens musulmans. Pourtant, c’est son frère aîné qui épouse Judith.

Octavio se rend en France en 1955 pour y poursuivre des études universitaires. Deux ans plus tard en 1957, le couple s’installe aussi en métropole.

Octavio rencontre alors, dans les milieux estudiantins parisiens, des sympathisants communistes. Il se lie avec Denis, proche de cette mouvance politique, mais s’en éloigne assez vite, rebuté par sa tiédeur et son incompréhension des aspirations du peuple algérien à l’indépendance. Ultérieurement, il est mis en contact, par l’intermédiaire d’un mystérieux Egyptien, avec une cellule du FLN.

Commence alors l’initiation : les techniques pour échapper aux filatures policières, les localisations de planques, les rendez-vous secrets. Après cette mise à l’épreuve, Octavio transporte des armes, des « valises », dont la dangerosité du contenu est évidente.

Blood Hollow, William Kent Krueger

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 14 Septembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Blood Hollow, 13 septembre 2012 trad. anglais (USA) Sophie Aslanides, 480 p. 20 € . Ecrivain(s): William Kent Krueger Edition: Le Cherche-Midi

 

Troisième volet de ce qui semble être une trilogie, après Aurora, Minnesota et Les neiges de la mort, les amateurs d’enquête policière ne pourront qu’adorer Blood Hollow, mais même ceux qui ne sont pas particulièrement attirés par le genre, auront du mal à ne pas se laisser happer par ce roman dense, riche et captivant. L’événement qui a secoué la petite et tranquille ville d’Aurora dans le Minnesota, va prendre rapidement l’allure d’un séisme. L’enquête est minutieusement menée par Corcoran « Cork » O’Connor, conjointement avec sa femme. Cork est un ex-flic de Chicago et l’ex-shérif de la petite ville. Mi-Irlandais, mi-Anishinaabeg, c’est un personnage très attachant, épris de vérité et de justice, reconverti un peu malgré lui dans la vente d’hamburgers, au bord du lac d’Iron Lake. Une sorte de retraite suite à un conflit dramatique. Sa femme Jo est l’avocate qui va prendre en charge la défense du présumé coupable. Coupable de meurtre, celui de la jeune Charlotte Kane, fille d’une des familles les plus riches de la ville. Le suspect est un ex-petit ami, Solemn Winter Moon, un Ojibwe vivant sur la réserve, déjà connu des services de la police pour diverses infractions et son impulsivité notoire. Cork et Jo O’Connor le connaissent bien et sont tous deux quasi persuadés de son innocence, malgré les preuves qui l’accablent.

Les désarçonnés, Pascal Quignard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 12 Septembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Récits, Grasset, La rentrée littéraire

Les désarçonnés, 12 septembre 2012. 20 € . Ecrivain(s): Pascal Quignard Edition: Grasset

 

Comme d’habitude, la dernière œuvre en date de Pascal Quignard, Les Désarçonnés, va en désarçonner plus d’un. Et tant pis pour ceux qui tomberont de la monture ! Il s’agit de l’opus VII du cycle Dernier Royaume, ouvert en 2002 par « les Ombres errantes » couronné alors du Goncourt.

Quignard poursuit sa quête du sens possible – des sens possibles – de l’invraisemblable monde des hommes. A la manière des Anciens. Une manière inimitable qui mêle à la pure réflexion philosophique une culture classique impressionnante et surtout une écriture impeccable, ordonnée comme un langage en soi, comme un à-part-la-langue. C’est cette tresse énonciative qui élabore, livre après livre, une musique unique, fascinante, celle de Quignard dont on connaît la passion pour la Folia et ses phrases éternellement les mêmes, éternellement autres. Opus VII dit-on, très justement. Variations sur les thèmes de la guerre, de la violence, de la faim, du pouvoir, de la décomposition morbide et du sexe bien sûr, de la différence sexuelle et de sa syntaxe, qui est au fond la grande affaire de Quignard.

Le coursier de Valenciennes, Clélia Anfray

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 12 Septembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Le coursier de Valenciennes, août 2012, 148 p. 14,90 € . Ecrivain(s): Clélia Anfray Edition: Gallimard

 

C’est une histoire originale que cette courte tranche de vie de Simon, juif rescapé des camps nazis, qui, six ans après la guerre, quitte l’Auvergne et traverse une partie de la France pour « monter » à Valenciennes remplir une mission qu’il considère comme sacrée : retrouver la famille de Pierre, un camarade mort en déportation, pour lui remettre un paquet au contenu mystérieux que lui a confié son ami avant d’être envoyé à l’abattoir d’Auschwitz.

Il est accueilli dans une maison bourgeoise de l’Athènes du Nord par Suzanne et par Renée, la belle-sœur et la fille de Pierre, et fait la connaissance, le lendemain, dans un autre quartier valenciennois, du fils de son compagnon de déportation.

L’une des marques fortes de ce roman est l’omniprésence de la ville wallonne, imposée par la grande précision de la description et l’usage systématique de la toponymie réelle pour situer les lieux où se succèdent les événements qui marquent son séjour, à Valenciennes intra muros d’abord puis de Valenciennes à la frontière belge. Tout Valenciennois y sera chez soi et ressentira vivement les sensations qu’éprouve le personnage, y adhérera, s’en amusera, ou s’en offusquera.

Le voyage de Nietzsche à Sorrente, Paolo D'Iorio

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 10 Septembre 2012. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Italie

Le voyage de Nietzsche à Sorrente, Genèse de la philosophie de l’esprit libre, CNRS Éditions 2012, 246 p. 20 € . Ecrivain(s): Paolo D'Iorio

 

Nietzsche est alors un jeune professeur de philosophie à Bâle, un poste qui commence à lui peser lorsque, à l’invitation de son amie Malwida von Meysenbug, il part à Sorrente, où il retrouve d’autres amis. Dans cette petite ville du golfe de Naples on y croise des habitués, comme Wagner, dont Nietzsche est alors un fervent propagandiste. Mais ce voyage va tout changer. Car si la première raison du séjour à Sorrente est la santé du philosophe, ce qui va se passer en réalité est d’une importance capitale pour Nietzsche – et du coup pour la philosophie.

« Cheminer par des allées de douce pénombre à l’abri des souffles, tandis que sur nos têtes, agités par des vents violents, les arbres mugissent, dans une lumière plus claire ».

A Sorrente, Nietzsche jouit « de l’état d’âme particulier du voyageur, de celui qui ne cherche pas à être chez soi mais veut être ailleurs, qui apprécie le voyage, le paysage, les beautés de la nature et de l’art avec des yeux de touristes ». Des dispositions bienvenues pour qui veut s’ouvrir au monde. Et pas n’importe quel monde ! « Du balcon de la Villa Rubinacci, Nietzsche voit tous les jours dans le lointain, au milieu de la mer entre le Vésuve et Capri, la silhouette escarpée de l’île d’Ischia ». Il y a pire… Et il y a sans aucun doute un rapport avec les îles bienheureuses de Zarathoustra.