Contrairement à ce qui prévalait autrefois, quand, la majorité de la population vivant dans la ruralité, la maison était, sinon toujours le lieu de l’existence de plusieurs générations d’une même famille, pour le moins dans la plupart des cas celui, unique, de la vie entière d’un couple, du mariage à la mort en passant par les naissances successives et les départs des enfants, l’exigence moderne de mobilité professionnelle incite nos contemporains des classes moyennes à acquérir par anticipation la maison où ils n’iront vivre de façon permanente qu’une fois venue l’heure de la retraite.
Cette maison-là, cet asile aménagé et préparé tout au long de leur carrière respective d’inspecteur d’académie et d’institutrice, par Albert, le personnage central, et Fanny, son épouse, leur sert, en attendant le moment où ils émargeront au grand livre de la dette publique, d’épisodique résidence familiale de vacances.
Cette maison-là porte un nom prédestiné : La Ruinette.
En effet, les projets caressés sont ruinés par la disparition précoce de Fanny et par le peu d’intérêt que manifestent les enfants pour l’endroit qui était destiné, dans l’esprit de leurs parents, à devenir le centre privilégié de retrouvailles régulières.